L’idée de faire appel massivement à des soldats indigènes afin d’avoir davantage d’hommes pour une guerre prochaine contre l’Allemagne a été lancée en 1910 par des officiers qui avaient servi aux colonies. Parmi eux, le colonel Mangin, un ancien de la colonne Marchand, arrêtée par les Britanniques à Fachoda en 1898, grand partisan de la constitution d’une « Force noire ». Elle fut mise en œuvre.
Dans toutes les colonies françaises, on a recruté des tirailleurs. De Dakar à Brazzaville, en 1914, on a recruté 26 000 « tirailleurs sénégalais », dont 8 000 ont participé aux premiers combats, puis 50 000 en 1915-1916. En 1917, les pertes considérables de l’armée française depuis 1914 ont accéléré l’appel aux hommes des colonies, leur nombre a fait plus que décupler : 183 000 recrues en 1917, 77 000 en 1918, tous n’ayant pas rejoint le front.
On estime que, de 1914 à 1918, 250 000 soldats d’Afrique subsaharienne ont combattu en France. La même ponction a été opérée sur toute une génération d’hommes jeunes dans tout le Maghreb, avec l’enrôlement des tirailleurs algériens; à Madagascar, avec celui des tirailleurs malgaches; au Viêt-Nam avec celui des tirailleurs indochinois; à Djibouti et dans le Pacifique. Ce sont, au total, près de 700 000 hommes des colonies qui ont été mobilisés dans l’empire. Parmi eux, il y a eu plus de 80 000 morts ou disparus, dont 48 000 parmi les tirailleurs d’Algérie et du Maghreb et 27 000 parmi les ceux d’Afrique subsaharienne, et un nombre encore plus grand de blessés, souvent, comme les Français, gazés, amputés ou défigurés.
La décision d’un tel recours avait suscité des débats dans les années précédant la guerre. Jaurès, par exemple, s’est opposé à cette idée, à la Chambre, le 21 février 1910 : « Je la considère comme déplorable, d’abord pour les Noirs eux-mêmes ». Après « les épreuves et les ravages » que « la prétendue civilisation européenne » a infligé pendant des siècles à ces populations, après la « longue continuité de ces attentats et de ces crimes », Jaurès était choqué par cette idée d’incorporer à l’armée française un grand nombre d’hommes des colonies, « de les jeter d’emblée, par grandes masses, au premier rang de vos troupes européennes ». D’autant que, comme il le dit l’année suivante à propos des Marocains, « ce qui pour nous est la France, pour eux est l’étranger », car, s’ils ont un sentiment patriotique, c’est pour défendre leur propre pays contre ceux qui l’envahissent et non la France, qu’ils perçoivent, comme l’Europe d’ailleurs, comme « une grande chose lointaine ».
Jaurès affirmait : « Mes amis et moi n’avons contre ces hommes aucun préjugé de race. Nous voulons la justice et nous croyons à l’égalité possible de tous les hommes ». Par conséquent, compte tenu de « l’attachement du Noir à sa femme et à ses enfants », il estimait que, si on voulait les recruter comme soldats, il faudrait transporter leurs familles, organiser « quelque chose d’analogue à ce qui existe dans vos casernes de gendarmerie où la famille du gendarme loge avec lui ». Et il craignait qu’on saisisse « le moindre prétexte de séparer le soldat de sa femme et de ses enfants » en mettant un terme à un tel casernement coûteux et compliqué, ce qui serait, pour eux, « un germe regrettable de démoralisation ».
Dans le contexte colonial du début du XXe siècle où l’idée d’égalité universelle que défendait Jaurès était loin de présider aux politiques coloniales, le transport des familles, dont Jaurès redoutait qu’il soit interrompu au moindre prétexte, n’a pas eu à l’être, puisqu’il n’a jamais été seulement envisagé… Dans les armées de la République, le principe des permissions était de règle, mais les indigènes n’étant pas considérés comme vraiment des hommes, le fait de séparer d’autorité et durablement les soldats coloniaux de leur famille n’a posé aucun problème aux gouvernants. Par cette séparation de leur pays et de leur famille, ils ont demandé à ces hommes qui ne combattaient pas pour leur propre patrie un sacrifice plus grand qu’aux soldats de France qui défendaient la leur. Qui, en 2014, rappelle ces objections formulées par Jaurès contre le principe même de cet enrôlement, qui nous apparaissent aujourd’hui conformes à un sentiment élémentaire d’humanité ?
L’enrôlement d’hommes dont l’activité économique faisait vivre leur famille au profit d’une guerre étrangère à leur horizon a provoqué d’importantes révoltes. En Algérie – où l’application de la conscription, décidée en 1911, a suscité de nombreux incidents depuis le début de la guerre – a éclaté dans les Aurès, en novembre 1916, une révolte qui a entraîné une violente répression, marquée par des bombardements et des exécutions sommaires. En Afrique noire, le recrutement s’est souvent fait au prix de fausses promesses et accompagné d’opérations militaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines d’incendies de villages. Dans l’ouest de la Haute-Volta, l’actuel Burkina Faso, autour du gros village de Bouna, a éclaté en novembre 1915 ce que les historiens considèrent comme la plus grande révolte anticoloniale de l’Afrique noire française, qui a duré près de neuf mois et soulevé plus de 160 000 habitants dans plus de 500 villages. Une autre s’est produite au nord du Dahomey, de novembre 1916 au printemps 1917.
Le cas des Tunisiens mérite qu’on s’y arrête. Leur pays ayant le statut de protectorat, ils n’étaient pas soumis, comme les Algériens, à la conscription, et, quand on a voulu les faire embarquer à Bizerte pour faire la guerre en France, ils ont manifesté leur refus et ont été l’objet d’une première répression. Incorporés dans le 8e régiment de tirailleurs de la 38e division d’infanterie, transportés en novembre 1914 sur le front des Flandres, pour une guerre de tranchées en plein hiver qui n’était pas la leur, cela n’a fait que renforcer leur état d’esprit. Un rapport les décrit comme des « réservistes qui se sont mutinés avant le départ, incorporés dans les tranchées dès leur arrivée et épuisés de fatigue », qui sont « incapables de tout effort offensif ». Un autre dit qu’ils « n’ont jamais tiré un coup de fusil avant d’arriver sur le front. Ils ne savent rien du métier militaire. La fatigue, le froid et l’humidité aidant, ils sont démoralisés » ; et ils « souffrent plus de l’humidité que les troupes métropolitaines ». Dans le journal de marche, on lit que « le régiment a eu 300 évacués pour pieds gelés en un mois ».
Le 14 décembre, la 15e compagnie reçoit l’ordre d’attaquer, mais « il fut impossible de faire lever cette compagnie dont les hommes opposèrent la force d’inertie la plus absolue ». Le commandant la 38e division d’infanterie, le général de Bazelaire, écrit : « Il faut un exemple immédiat. C’est en effet un acte de trahison ». L’affaire remonte jusqu’au général Foch, commandant le groupe d’armée du nord, qui décide « qu’on prenne immédiatement des sanctions : les meneurs ou 10 hommes tirés au sort dans la compagnie qui a refusé de se lever et qu’on les passe par les armes, dans un autre corps ».
Le 15 décembre, le général commandant la 8e armée, d’Urbal, s’exécute : « Mes ordres portent qu’il soit tiré au sort un tirailleur sur 10 de la compagnie qui a refusé de marcher, sans préjudice des instigateurs de ce refus d’obéissance, s’ils venaient par la suite à être connus, que les tirailleurs désignés par le sort soient promenés devant le front avec un écriteau portant en français et en arabe le mot “lâche”, qu’ils soient fusillés aussitôt après ». Son chef, Bazelaire s’impatiente : « Prenez des dispositions de suite, en utilisant les unités sous vos ordres, de préférence des zouaves. »
Les unités de zouaves étaient formées de citoyens français d’Algérie et couplées avec celles des tirailleurs. Cette pratique de décimation, du tirage au sort suivi d’exécutions immédiates, n’a été appliquée, semble-t-il, en 14-18, qu’à l’encontre de soldats indigènes ou étrangers. Le 16 décembre au matin, le lieutenant-colonel Vallet rapporte : « Un ordre en arabe a été lu aux tirailleurs pour leur expliquer les motifs de la décision du général ». Bazelaire écrit qu’il ne lui « semble pas que l’exemple ait porté ses fruits », car « plusieurs d’entre eux ont été blessés aux mains. Ils passent demain devant un conseil de guerre spécial ».
Le 18 décembre, six hommes accusés de mutilations volontaires – Mohamed Salah, Belkacem, El Korech, Messaoud, Djemel et Saïd – sont condamnés pour « abandon de poste sur un territoire en état de guerre », non pas à être fusillés car on doute de la valeur d’exemple, mais à des peines de prison aussitôt suspendues pour les renvoyer au front, probablement pour être utilisés dans des missions mortelles. Le cas de ces tirailleurs tunisiens est spécifique, mais il renseigne aussi sur la manière dont étaient perçus les soldats coloniaux. Et il nous invite à regarder différemment les nombreuses tombes de militaires maghrébins de nos cimetières militaires.
Après la guerre, le souvenir de ces morts a été comme effacé des commémorations et des lieux de mémoire officiels. Construit en 1932, l’Ossuaire de Douaumont rassemble les restes anonymes d’un certain nombre des quelque 500 000 soldats tombés au cours de l’infernale Bataille de Verdun. Parmi eux, les os de milliers de soldats indigènes, tirailleurs sénégalais, tirailleurs algériens, tombés sous l’uniforme français, notamment en 1916, alors que leurs régiments jouaient un rôle important dans la reprise du fort de Douaumont. Pourtant, sous la voûte de l’Ossuaire dont les pierres portent chacune le nom d’un soldat de l’armée française mort au combat, on ne trouve comme prénoms que des Pierre, des Paul ou des Jacques, mais aucun Mohamed, aucun Abdou ni Boubakar. Le président Chirac a inauguré, près de là, en 2006, un monument aux morts musulmans à Verdun, mais pourquoi cette désignation religieuse ? Les soldats coloniaux avaient toutes sortes de croyances et ce qui caractérisait leur statut dans cette guerre était d’appartenir à des troupes coloniales et non leur religion. En février 2014, c’est le président Hollande qui a inauguré à la Grande Mosquée de Paris une plaque aux musulmans de la Grande Guerre morts pour la France. Autant de symptômes de cette singulière difficulté française à penser en tant que tel le fait colonial.
On cherchera en vain les lieux de mémoire voués après la guerre aux soldats des colonies. En 1924, un monument avait été édifié à Reims, où de nombreux tirailleurs sénégalais avaient péri en défendant la ville assiégée, « à la gloire des héros de l’Armée noire », dont un autre exemplaire était installé à Bamako, puis fondu par les nazis pendant l’Occupation. Une initiative importante a été prise avec l’annonce en 2008 de sa reconstruction. Le 3 novembre, pour le 90e anniversaire de l’armistice, Adeline Hazan, maire de Reims, a initié un hommage solennel et spectaculaire à ces soldats, lors d’une cérémonie sur la place de l’Hôtel de ville, présidée par le secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants, Jean-Marie Bockel, celle aux affaires étrangères et aux droits de l’homme, Rama Yade, en présence du ministre de la défense et des anciens combattants du Mali et de plusieurs autres représentants de pays africains.
Adeline Hazan a reconnu le tort fait alors aux Africains : « Notre pays a commis des erreurs historiques. Il lui est arrivé de négliger, par delà ses frontières, les principes fondamentaux de liberté, d’égalité, de fraternité, qui font sa force et sa fierté. En rappelant le rôle de l’Armée noire dans la défense de la République pendant la Grande Guerre, nous soulignons haut et fort combien le traitement que cette République a réservé aux peuples africains était indigne de notre histoire commune. » Et, puisque, pour les survivants, « l’espoir de devenir des citoyens comme les autres a été ensuite déçu par le retour des vieux démons coloniaux », elle a rendu hommage à l’« ambition d’égalité civique, qui aboutit aux luttes d’indépendance ».
Rama Yade est allée dans le même sens en déclarant que la « Force noire » chère au général Mangin « constituait la face ultime d’un “pacte colonial” fondé sur l’égoïsme des intérêts et l’inégalité des conditions » et regretté que « l’hommage de la France aux tirailleurs sénégalais a été en deçà de leur sacrifice ». Parlant de « honte d’un côté, mais dignité de l’autre », elle a évoqué les tirailleurs survivants qui ont « payé le prix du sang sans en être remerciés ». Mais l’inauguration en grande pompe du monument reconstruit, initialement prévue le 11 novembre 2010, a été reportée, puis, alors qu’elle avait été fixée au 11 novembre 2013, le monument a été installé dans la discrétion, le 8 novembre 2013, dans le parc de Champagne, à quelques centaines de mètres de son emplacement originel, et il attend toujours son inauguration officielle.
Dans l’Aisne, jusqu’en septembre 2008, pas la moindre stèle n’a commémoré le sacrifice des troupes indigènes dans les combats du Chemin des Dames d’avril 1917. Pourtant, le général Nivelle, qui avait remplacé Joffre en décembre 1916, les a envoyés massivement à la mort lors de l’offensive où il leur avait assigné une place décisive. Une note du 21 janvier 1917, signée et surchargée de sa main, demandait de « ne pas ménager le sang noir pour conserver un peu de blanc »… Au matin du 16 avril 1917, plus de 15 000 tirailleurs sénégalais ont été lancés à l’assaut des crêtes du Chemin des Dames.
Nivelle avait confié la 6e Armée à Mangin, devenu général, qui espérait trouver là l’occasion de faire triompher ses idées sur la « Force noire ». Il avait placé « ses » Sénégalais aux deux ailes, 20 bataillons, soit environ 15 000 hommes, qui avaient passé le début de l’hiver dans des camps du Midi et trouvé le froid et la neige en arrivant sur le front de l’Aisne. Paralysés par le froid, ils sont fauchés par les mitrailleuses allemandes. Dans la seule journée du 16 avril, plus de 1 400 de ces tirailleurs meurent dans les combats pour la conquête du Mont des Singes, des fermes de Moisy et d’Hurtebise ou sur les pentes d’Ailles. Lors des deux premiers jours de l’offensive, les 16 et 17 avril, les tirailleurs sénégalais perdent de l’ordre des trois quarts de leurs effectifs. En trois jours, plus de 6 000 tirailleurs sont morts au Chemin des Dames. Ce qui reste de leurs unités doit être relevé le 18 avril. Mangin a gagné la sinistre réputation de « broyeur de Noirs » qui amène Nivelle à lui retirer, le 29 avril, le commandement de la 6e Armée. Le 22 septembre 2008, grâce au département de l’Aisne, a été inaugurée une sculpture monumentale intitulée « Constellation de la Douleur », de Christian Lapie, composée de neuf statues en bois brut calciné, toutes en longueur, dressées vers le ciel. Cette œuvre pérennise désormais le souvenir du sacrifice des combattants noirs de 1914-1918. Il était question que le président de la République vienne à son inauguration, mais rien de tel n’a eu lieu.
Quand le programme du Centenaire de 14-18 a été annoncé, la question des troupes coloniales était cruellement absente, aussi quand l’opération « Frères d’armes » a été proposée par le réalisateur Rachid Bouchareb et l’historien Pascal Blanchard au ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, et que celui-ci l’a reprise et soutenue, elle est venue opportunément combler cette lacune. A l’heure où certains cherchent à fustiger l’étranger, elle rappelle que des étrangers, européens ou coloniaux, ont participé à la défense de la France. Par une série de cinquante films de deux minutes, réalisés par Rachid Bouchareb et diffusés par France télévisions, France 3 et France Ô, et une exposition itinérante à destination des ambassades et instituts français dans le monde et des établissements scolaires de France, elle veut « sensibiliser un large public à des combattants venus du bout du monde pour défendre les valeurs de la République et les idéaux de la Liberté ». Le sujet qu’elle traite est important : montrer ce que la participation à ce combat d’hommes venus de loin a provoqué comme rencontres, comme découvertes, comme échanges avec les Français. Et a permis, pour les soldats indigènes, de connaître, au sein de l’armée, malgré le contexte colonial générateur de discriminations, un univers où existait, indépendamment de l’origine et de la couleur de peau, une certaine reconnaissance du courage et de la valeur personnelle, une possibilité de promotion en grade, finalement un univers souvent plus égalitaire que ne l’étaient les sociétés coloniales d’où ils provenaient.
Mais elle suscite de nombreuses questions. Le choix d’une période large qui englobe à la fois la Première Guerre mondiale et la Seconde amène à mêler non seulement deux conflits différents, mais aussi les tirailleurs de 14-18, dont on a vu que beaucoup étaient enrôlés de force ou sur des promesses fallacieuses, avec des combattants de 40-45 dont la plupart se sont incontestablement engagés volontairement pour défendre la France et combattre le nazisme. Cela comporte le risque d’éluder le fait colonial, d’autant que les indigènes des colonies et les étrangers européens ne relevaient pas des mêmes traitements ni du même regard. Mettre en avant, par exemple, l’émir Khaled, « père de la nation algérienne », est une belle idée, mais encore faudrait-il ne pas oublier qu’un autre ancien tirailleur algérien, Messali Hadj, s’est engagé encore plus résolument dans le combat anticolonial. Faire le portrait de Mohamed Ben Daoud, premier Saint-Cyrien maghrébin, est tout aussi pertinent, mais son nom est surtout resté dans les mémoires en Algérie, quand, refusé à l’entrée d’une réception en Algérie, il s’était entendu dire une phrase qui est devenue un slogan des nationalistes algériens au XXe siècle : « Un indigène est un indigène, même quand il s’appelle le colonel Ben Daoud ».
Dans son souci de donner une image d’intégration irénique au sein des armées de tous les « frères d’armes » venus de loin, on a parfois tendance à glisser vers une approche, au demeurant sympathique, mais partielle en ce qu’elle évite le sujet du déracinement forcé et de l’instrumentalisation souvent brutale des soldats indigènes de 14-18 dans un contexte colonial. C’est dans le film Poilus d’ailleurs de Mehdi Lallaoui qu’on pourra découvrir la manière dont les anciens combattants coloniaux ont été oubliés par l’armée et la République, un oubli significatif du trou de mémoire colonial qui continue à menacer la réalité de la citoyenneté en France.
Aujourd’hui, les enfants de nos écoles sont de toutes les couleurs. Chaque commune de France possède son monument aux morts qui porte le nom des jeunes hommes qui l’ont quittée pour mourir dans les guerres, dont la liste la plus importante renvoie à 14-18. Aucun ne porte le nom – c’est normal, nous dira-t-on, puisqu’ils n’étaient pas nés ici – de leurs compagnons de combat originaires des colonies. Si bien que le 11 novembre, quand on fait lire aux élèves prénommés Hassan ou Aminata les noms des morts pour le pays, ils voient des Pierre, des Paul et des Jacques, mais aucun des Mohamed, des Ali ou des Abdou qui ont partagé leur sort et sont tombés à leurs côtés. Doit-on s’en satisfaire ?
Le 10 novembre 2014