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Édition du 1er au 15 décembre 2024

Le meurtre de Farhat Hached et autres crimes coloniaux, par Gilles Manceron

L’assassinat de Chokri Belaïd le 6 février a ravivé en Tunisie la mémoire douloureuse de celui, il y a 60 ans, de Fahrat Hached, leader du syndicat et du mouvement national tunisien tué par le service français du SDECE. Un crime qui semble avoir été oublié par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, dans les commentaires qu’il a jugé bon de faire. À la suite d'un colloque qui s'est tenu en janvier 2013, l'historien Gilles Manceron, délégué du groupe de travail Mémoire, histoire, archives de la Ligue des droits de l’Homme, revient sur ce crime comme sur d’autres commis contre des personnalités anticolonialistes. Il rappelle l'exigence que la vérité sur ces assassinats soit dite et reconnue par les autorités françaises.

Le 12 janvier à l’Assemblée nationale s’est tenu un colloque à l’occasion du triste anniversaire de l’assassinat, le 5 décembre 1952, du secrétaire général de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Fahrat Hached. Cet assassinat a eu des échos importants dans l’ensemble du Maghreb, en particulier au Maroc où il a suscité de grandes manifestations. Sa revendication par une organisation terroriste baptisée « la Main rouge » n’était qu’une couverture, un écran de fumée. Hached a été tué par le Service action du SDECE, un service officiel français, qui, depuis sa création en 1946, dépendait directement du président du Conseil, celui-ci étant alors, depuis le 6 mars 1952, Antoine Pinay, c’est lui qui était chargé de valider ses actions homicides.

Héritier du BCRA, le service de renseignement et d’action militaire de la France Libre, le SDECE avait été créé en janvier 1946, juste avant la démission, le 20 janvier, du général de Gaulle de la présidence du Conseil et il s’est mis en place après son départ du gouvernement. En janvier 1951, à sa tête avait succédé à l’ancien résistant socialiste Henri Ribière, qui l’avait dirigé depuis 1946, Pierre Boursicot, qui restera son directeur jusqu’en septembre 1957, pendant ces années si importantes pour les mouvements nationaux du Maghreb, marquées par l’accession de la Tunisie et du Maroc à l’indépendance et l’essor de la lutte nationale des Algériens. Avant l’assassinat de Chokri Belaïd, l’attention avait déjà été attirée de nouveau sur ce crime, en décembre 2009, par les déclarations à la chaîne de télévision Al Jazira d’un Français, Antoine Méléro, qui revendiquait avoir appartenu à ce service, a dit qu’il trouvait l’assassinat de Farhat Hached « légitime » et déclaré « si c’était à refaire, je referais ». Dans un livre intitulé La Main rouge, l’armée secrète de la République1, en 1997, il se présentait, par le truchement d’un pseudonyme, comme le chef du Service action du SDECE à Tunis à ce moment, tout en faisant un récit très précis du déroulement de l’attentat. Une plainte a été déposée en 2010 par la famille Hached, la LDH et la FIDH, pour apologie de crime de guerre, elle n’a malheureusement pas pu aboutir à l’ouverture d’une procédure. Ces déclarations à Al Jazira ont suscité une vague d’indignation en Tunisie et dans le monde, mais, même si sa participation personnelle au crime était démontrée, des poursuites pour crimes de guerre sont impossibles en France pour des faits remontant à cette date.

Une décision d’Antoine Pinay et de Jean de Hauteclocque

L’identité des exécutants n’est d’ailleurs pas la question essentielle. A partir de 1951, le poste du SDECE à Tunis était commandé par le capitaine puis lieutenant-colonel Jean Germain, de son vrai nom Jean Allemand, ancien professeur d’histoire venant d’Algérie, qui recrutait des militaires français et des activistes partisans du maintien du statut colonial. Il était assisté de Paul Conty, et tout indique que ce sont eux qui ont été chargés d’organiser l’assassinat de Farhat Hached. Une fois la Tunisie devenue indépendante, des membres du Service action du SDECE impliqués dans un mitraillage d’un siège du parti Néo-Destour dans la banlieue de Tunis, Gilbert Rouffignac, Ruisi et Aouizerat, ont été mis en cause par la justice tunisienne, et, bien que Roger Seydoux, le premier ambassadeur de France en Tunisie indépendante, a écrit que « les agissements reprochés aux intéressés constituent des séquelles de méthodes détestables utilisées dans le passé » et qu’il n’avait pas l’intention de couvrir leurs activités, ils ont été libérés sans qu’on sache s’ils avaient fait aussi partie des tueurs de Farhat Hached. Ce service local du SDECE était aux mains d’activistes hostiles à toute recherche d’une solution négociée et à tout contact politique avec des nationalistes tunisiens qui réclamaient alors l’indépendance, mais si les autorités françaises doivent aujourd’hui reconnaître ce crime, c’est parce que la décision a été prise par le président du Conseil de l’époque avec l’approbation du résident général de France en Tunisie qui y représentait le gouvernement français.

Ce dernier, Jean de Hauteclocque, nommé le 24 décembre 1951, était un partisan de la manière forte. Il était à Paris au moment du meurtre, mais, lors de son voyage de retour à Tunis, il a déclaré à l’envoyé spécial du Figaro, Eric Ollivier, qu’il était au courant de l’assassinat en préparation2. L’historien Charles-André Julien a précisé, sur la base du témoignage de Roger Seydoux qui a assisté, aussitôt après l’assassinat, à une réunion au Quai d’Orsay à laquelle participait Jean de Hauteclocque, que « non seulement il était au courant, mais qu’“il avait donné sa bénédiction” »3. Le président de la République lui-même, Vincent Auriol, a écrit dans son Journal avoir appris aussitôt d’Antoine Pinay l’assassinat4. Il semble que Hautecloque et Pinay lui aient fait croire à la fable de l’existence de l’organisation terroriste la « Main rouge ». Auriol a écrit le lendemain, 6 décembre, une lettre à Pinay : « On sait donc, en haut lieu, en Tunisie, qui est à la tête de ces commandos »
5 ; « Il y aurait lieu de faire procéder à une enquête sur cette organisation et sur les membres qui la composent. J’ai l’impression que la police la connaît. » Et il demande de les rechercher et de les punir avec rigueur6.

Soixante ans après ce crime, il faut que les autorités françaises reconnaissent les faits et qu’elles ouvrent les archives. Les auteurs de l’Histoire politique des Services secrets français de la Seconde guerre mondiale à nos jours (La Découverte), Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer, écrivent qu’un membre de la famille du directeur du SDECE de l’époque, Pierre Boursicot (nommé préfet hors cadre, puis président du conseil d’administration des Aéroports de Paris, de 1960 à sa retraite en 1964, et mort à Paris en 1986), leur a déclaré qu’il n’avait pas gardé d’archives concernant le SDECE. Mais là n’est pas la question : des archives officielles de l’époque conservent forcément des traces de cet événement et de la chaîne de décision. Soixante ans plus tard, la France doit reconnaître les faits, que le président du Conseil et le résident général de France à l’époque ont été les responsables d’un meurtre qui a nuit gravement à l’avenir national de la Tunisie en la privant d’un leader qui aurait pu jouer un rôle important dans son histoire. La lettre du 6 décembre 1952 du président de la République Vincent Auriol au président du Conseil Antoine Pinay doit être rendue publique. On doit déclassifier les archives concernant cet assassinat qui fait partie de l’histoire des deux pays. Et les plus hautes autorités françaises doivent reconnaître le tort qui a été fait par la France à l’UGTT et au pays.

Une exigence de vérité

A l’occasion de ce colloque, ont été abordés trois autres assassinats politiques dont ont été victimes aussi des militants anticolonialistes et qui ont impliqué ce même service du SDECE, bien qu’il ait continué à brouiller les pistes en rejetant la responsabilité sur des truands ou des agents corrompus ou en lançant de fausses revendications, « la Main rouge » encore, puis « l’organisation Delta ».

Que les choses soient claires : ce n’est pas le droit d’un Etat démocratique à disposer de services secrets que nous voulons ici mettre en cause ; un Etat démocratique peut disposer de services de contre-espionnage, de renseignements, voire d’« action » pour mener des opérations sur son territoire, et même hors de son territoire, lorsque ses instances politiques décident qu’il en va de la survie de sa démocratie. On peut certes souhaiter un monde où de tels services et de telles actions n’existeraient pas, comme on peut souhaiter un monde où il n’y aurait plus d’armées, mais on en est loin, on peut seulement souhaiter que cela existe un jour et encourager tout ce qui peut nous permettre de nous diriger vers cela ; mais dans le monde tel qu’il est, ce n’est pas l’existence de tels services que nous voulons mettre en cause.

Ce à quoi nous appelons, c’est à une exigence de vérité sur une page de l’histoire contemporaine de la France : la page concernant l’histoire coloniale, et, en l’occurrence, sur un certain nombre de crimes qui en font partie. Pour que soit reconnu le droit des citoyens de France et des autres pays en cause à connaître cette partie de leur histoire ; pour que la France en finisse avec ce que ce passé lègue dans notre présent, avec les traces que ce passé laisse quotidiennement dans notre actualité. Et aussi, dans la mesure où ces services existent encore aujourd’hui, sans compromettre leur sécurité ni leur efficacité, pour que les ordres qui leur sont donnés soient l’objet d’une réflexion sur les processus qui en décident.

Si la question de savoir si ces faits peuvent relever de la justice ne doit pas être éludée, ce n’est pas la question principale. C’est la vérité historique, la connaissance et la reconnaissance des faits et la réflexion de la société française sur la page coloniale de son histoire qui sont essentielles. Aussi bien dans le cas de Fahrat Hached que dans celui des autres assassinats emblématiques de la violence de la répression contre les militants anticolonialistes, dans lesquels a été impliqué le Service action du SDECE. Cela fait partie de la réflexion nécessaire sur notre histoire contemporaine que de se pencher sur le fait que de telles décisions d’opérations homicides ont été prises contre eux et n’ont pas été prises dans d’autres cas où la démocratie et des millions de vies humaines étaient pourtant en péril.

Quand la France a décidé d’épargner Hitler…

A l’été 1937, en effet, nous apprennent Faligot, Guisnel et Kauffer dans leur livre déjà cité, le chef de la section du contre-espionnage français en Allemagne, Paul Paillole (via son chef le colonel Louis Rivet), a rencontré le ministre de la Guerre du Front populaire, Edouard Daladier, pour lui demander l’autorisation de mener une action visant à tuer Adolf Hitler. Un agent avait repéré sa venue régulière dans une caserne où il pouvait l’abattre avec un fusil à lunette. Toutes les conditions étaient rassemblées pour qu’une enquête allemande ne puisse aboutir (l’agent, condamné par une maladie grave, acceptait d’y perdre la vie). La réponse de Daladier a été négative, en des termes qui méritent d’être cités : « On n’assassine pas le chef d’Etat d’un pays voisin ! »7.

Or, les mêmes auteurs nous confirment que les autorités politiques françaises n’ont pas eu les mêmes réticences dans les années 1954-1956 lorsqu’elles ont donné l’ordre d’assassiner le chef d’Etat d’un pays devenu indépendant, le président égyptien Gamal Abdel Nasser. En 1954, en effet, le « feu vert » d’un président du Conseil de la IVe République a été donné au service action du SDECE pour organiser ce que celui-ci a appelé la « mission Torpedo » consistant à préparer, avec l’agent Marcel Pellay, un attentat contre le président Nasser. De la même façon, en 1956, ce même service a été chargé d’autres tentatives de l’assassiner, au Caire et à Chypre, qui échouèrent toutes. Il est vrai que l’Egypte n’était pas un « Etat voisin », une formule qu’il faut probablement traduire par un « Etat européen » et qui renvoie directement à cette division radicale de l’humanité, qui est l’essence même du fait colonial, entre les « hommes » (blancs, européens) dont on respecte les droits et les « indigènes » (des colonies) qui en sont dépourvus.

…et d’assassiner des anticolonialistes

De même, c’est sans réticence que l’ordre a été donné par les autorités politiques françaises de la IVe République d’assassiner les responsables du FLN algérien qui luttaient pour obtenir l’indépendance de leur pays. Le 11 mai 1955, sous l’égide du président du Conseil d’alors, Edgar Faure, une décision interministérielle a donné l’ordre au SDECE de tenter de les assassiner. Ainsi, d’après ce même ouvrage, quatre tentatives d’assassinat contre Ahmed Ben Bella, trois au Caire et une à Tripoli, ont été organisées8. C’est Jean Allemand alias Germain, le maître d’œuvre de l’assassinat de Farhat Hached, qui a été nommé en 1955 délégué du SDECE pour toute l’Afrique du Nord, puis, au printemps 1956, à la direction du poste du Caire, et c’est lui qui a été chargé de les préparer. C’est aussi, le 22 octobre 1956, le chef du SDECE, Pierre Boursicot, qui, grâce à ses agents au Maroc indépendant depuis mars – en liaison avec le secrétaire d’État aux Forces armées du gouvernement Guy Mollet, Max Lejeune, qui s’est bien gardé de demander l’aval du président du Conseil ou du ministre des Affaires étrangères Christian Pineau –, a organisé le détournement, dans l’espace international, de l’avion qui transportait les responsables du FLN de Casablanca à Tunis pour les arrêter à Alger, un acte de piraterie internationale qui a été néanmoins « couvert » a posteriori par le président du conseil, Guy Mollet (et suivi de la démission d’un seul ministre, Alain Savary).

Pendant la guerre d’Algérie également, au début de la Ve République, en plein Paris, le 21 mai 1959, avec l’aval du Premier ministre Michel Debré (à ce poste depuis janvier), a aussi été ordonné l’assassinat d’un avocat inscrit au Barreau de Paris, Me Amokrane Ould Aoudia, qui défendait les indépendantistes algériens9. Le crime a été commis lorsqu’il sortait de son cabinet, au 10 de la rue Saint-Marc, dans le IIe arrondissement, par des agents du Service action du SDECE. Le commandant Raymond Muelle, un ancien d’Indochine et d’Algérie qui appartenait à ce service, installé au Fort de Noisy-le-Sec et ayant à sa tête le colonel Robert Roussillat, a rapporté que leurs équipes agissaient en toute illégalité et dans un secret total, couvertes par le préfet de police, le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre, le SDECE ayant alors pour chef, depuis septembre 1957, le général Paul Grossin10. Elles ont commis notamment, entre septembre 1960 et mars 1961, en liaison avec la Force de police auxiliaire (FPA) créée par Michel Debré et confiée à Maurice Papon11, des attentats dans le XIIIe arrondissement de Paris, aussitôt attribués au FLN12. Constantin Melnik, alors conseiller du Premier ministre pour les questions de sécurité, a confirmé l’existence de ces méthodes, notamment le meurtre d’un policier auxiliaire algérien soupçonné de vouloir quitter la FPA, meurtre lui aussi faussement attribué au FLN13. Répondant aux questions de Patrick Rotman dans l’émission Les Brûlures de l’histoire, Raymond Muelle a raconté : « On nous a […] donné l’ordre de participer, nous, en tant que “service action”, à certaines actions que ne pouvait pas assumer la police. Par exemple, faire disparaître certains chefs FLN ou certains FLN de deuxième niveau. » A la question « l’ordre venait d’où ? », il répond sans hésiter : « Du premier ministre personnellement. Ça allait du premier ministre au général commandant du SDECE, le général Grossin à l’époque. Mais la plupart du temps […], les contacts étaient directs entre le chef du “service action”, M. Foccart, et le premier ministre »14. Melnik rapporte que, le 5 juillet 1959, à Rome, un enfant italien de 10 ans a été tué lors d’un attentat du SDECE qui visait le représentant du FLN, Taïeb Boularouf, et qu’au cours de l’année 1960, cent trente-cinq personnes ont été tuées lors des opérations « homo » du SDECE, qui, avec son importante base d’entraînement à Cercottes, dans le Loiret, et un total que quelque mille cinq cents agents, constituait « l’une des plus puissantes machines à tuer du monde contemporain »15. Dans le cas de l’assassinat de Me Amokrane Ould Aoudia, Raymond Muelle a déclaré qu’il a été commis par l’un de ses « camarades » du service action du SDECE, un de ses « bons amis », toujours vivant à la date de cette émission et qui tenait à garder l’anonymat.

Le rôle du SDECE dans l’enlèvement de Ben Barka

Dans le cas de l’enlèvement en plein Paris, le 29 octobre 1965, boulevard Saint-Germain, de l’homme politique marocain et leader tiers-mondiste Mehdi Ben Barka, suivi de son probable assassinat, ce sont encore des agents français du SDECE qui l’ont organisé avec les services marocains, si on en croit ce qu’écrivent les Britanniques dans des messages reproduits dans le livre de François Malye et Kathryn Hadley, Dans le secret des archives britanniques. L’histoire de France vue par les Anglais, 1940-198116. Le premier secrétaire à l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Cynlais Morgan Jones, écrit, le 3 décembre 1965, au premier secrétaire aux Affaires étrangères à Londres, Mlle Gilllian Gerda Brown : « On sait de source sûre que le complot pour l’enlèvement de Ben Barka a été élaboré à l’origine à Rabat par le service de sécurité marocain et des représentants régionaux du SDECE » […] « Prétendument corrompu, véreux, dépourvu d’une bonne direction ou d’un vrai contrôle, le SDECE va prendre une dérouillée très sévère. » […] « …toutes les preuves semblent indiquer une plus grande complicité dans l’affaire du côté français. Les deux côtés semblent maintenant être responsables à parts égales. »

Le 17 janvier 1966, l’ambassadeur britannique à Paris, Sir Patrick Reilly, écrit : « …il semble maintenant évident que beaucoup de personnalités de rangs plus élevés étaient depuis longtemps au courant des circonstances de l’enlèvement et de l’assassinat, presque certain, de Ben Barka. Les confessions faites peu après l’enlèvement par les deux officiers de police concernés semblent avoir été temporairement étouffées par leurs supérieurs. […] La police a, par la suite, travaillé si lentement que beaucoup de gens supposent qu’elle a tacitement protégé ceux qui étaient impliqués. […] M. Frey, le ministre de l’Intérieur, a été accusé de complicité, et M. Aubert, son directeur de cabinet, d’avoir couvert l’enlèvement. » Et le même ambassadeur, deux jours plus tard : « Après le Conseil des ministres aujourd’hui, M. Bourges, le secrétaire d’Etat à l’Information, a annoncé que le général Jacquier, le chef du SDECE […], avait été remplacé par le général Guibaud. […] D’après le ton des remarques de M. Bourges, le gouvernement essaiera maintenant de mettre une partie des responsabilités sur le dos des Marocains. M. Bourges a dit que l’affaire était une entreprise criminelle organisée depuis l’étranger, dans laquelle des agents des services spéciaux et de la police française avaient été impliqués. »

De Gaulle avait reçu personnellement à deux reprises Mehdi Ben Barka, lors de précédents séjours, et il a été furieux en découvrant que d’importantes complicités françaises avaient permis son enlèvement. D’autant que, selon le témoignage de proches d’Henri Curiel appartenant à son réseau tiers-mondiste, Solidarité, Ben Barka avait reçu l’assurance d’être reçu à l’Elysée le 30 octobre
17. Lors des conseils des ministres, de Gaulle a fustigé l’implication des services de la Préfecture de police et du SDECE dans l’enlèvement et pris à partie le ministre de l’Intérieur Roger Frey18. C’est un inspecteur principal de la Préfecture de police de Paris et son adjoint qui ont fait monter Ben Barka dans une voiture de la Préfecture 19 tandis que des agents marocains et du SDECE étaient présents à proximité. Si de Gaulle a choisi de déclarer publiquement que, côté français, les complicités avaient été « vulgaires » et « subalternes »20, il savait cette affirmation erronée, et, aussitôt passée l’élection présidentielle des 5 et 19 décembre 1965, il a non seulement mis fin en janvier 1966 aux fonctions du général Jacquier à la tête du SDECE, remplacé par le général Guibaud, mais retiré au Premier ministre, Georges Pompidou, la responsabilité de ce service – « Vous ne tenez pas en main vos services ! », lui aurait-il lancé en conseil des ministres21 – et, afin de mieux le contrôler personnellement, placé le SDECE sous la tutelle du ministre des Armées, Pierre Mesmer (décret n°66-66 du 22 janvier 1966). Tout en mettant fin à l’autonomie de la Préfecture de police à la tête de laquelle se trouvait Maurice Papon, qu’il a remplacé en janvier 1967 par Maurice Grimaud, en la fusionnant avec la Sûreté nationale par la loi de réforme de la police nationale du 9 juillet 1966. Il a fait dépendre désormais le Préfet de police de Paris du ministère de l’Intérieur, dont il a retiré la responsabilité, le 1er avril 1967, à Roger Frey (qui devient ministre des Relations avec le Parlement). Celui-ci n’avait pas tenu informé Maurice Grimaud, alors directeur général de la police nationale, de la présence à Paris du ministre de l’Intérieur marocain, ni de ses actes22. En même temps, en janvier 1966, un mandat d’arrêt international est lancé contre Oufkir. De Gaulle demande qu’il soit démis et jugé, et, comme Hassan II refuse de le désavouer, va jusqu’à rappeler l’ambassadeur de France au Maroc, en subordonnant la normalisation des relations diplomatiques à la démission et au jugement du ministre de l’Intérieur marocain. Oufkir est condamné par contumace à Paris le 5 juin 1967, la crise diplomatique durant aussi longtemps que le général de Gaulle sera au pouvoir. C’est Georges Pompidou qui, après son départ, y mettra fin en décembre 1969. Plus grave encore, l’ouvrage récent de Faligot, Guisnel et Kauffer révèle qu’en février et octobre 1966, deux agents du SDECE envoyés par le nouveau chef de ce service enquêter au Maroc sur l’enlèvement de Ben Barka y ont été assassinés, le commandant Borel, le 6 février 1966, et Yves Allain, en mission pour le SDECE sous couverture ORTF, le 15 octobre 1966, à Kenitra23.

Quelles qu’aient été les complicités françaises, c’est Oufkir qui a joué, sur ordre du roi, le rôle central dans le montage de l’opération. Ancien officier de l’armée française, aide de camp des deux derniers résidents généraux français au Maroc, le général Duval et André-Louis Dubois, avant de devenir, après l’indépendance du Maroc en mars 1956, officier de l’armée royale marocaine, il était aussi un agent du SDECE. Durant la guerre d’Algérie, il a informé ce service sur les mouvements de l’ALN algérienne au Maroc24. Et, en octobre 1956, ses liens avec le SDECE avaient très probablement joué un rôle important dans le détournement de l’avion où avaient pris place à Casablanca les quatre dirigeants du FLN algérien, dont Ben Bella, alors que son équipage était entièrement contrôlé par ce même service et qu’Oufkir et le futur Hassan II avaient fait en sorte qu’aucun responsable politique marocain ne les accompagnent. Avant l’enlèvement de Ben Barka, Oufkir avait rencontré à Paris son homologue Roger Frey, avec lequel il semble avoir noué des relations personnelles et l’avoir même reçu dans l’une de ses résidences au Maroc25. Mehdi Ben Barka refusait catégoriquement de se rendre au Maroc sans la publication par le roi d’un décret d’amnistie. Il y avait échappé par miracle à une tentative d’assassinat puis été condamné à mort par contumace. Un piège lui a été tendu pour le faire venir à Paris en lui faisant croire que sa sécurité y étaient garantie. Et le ministre de l’Intérieur marocain, aussitôt prévenu de l’enlèvement, y est arrivé dès le lendemain avec ses agents, en parfaite connaissance des services français et n’en est reparti que cinq jours plus tard. Est-il vrai que Roger Frey avait donné des assurances à Ben Barka sur sa sécurité à Paris, alors qu’il s’inquiétait sur sa sécurité avant de s’y rendre ? Est-il vrai que son cabinet, dont le directeur était Jacques Aubert, a téléphoné, peu avant, à l’inspecteur principal de la Préfecture de police de Paris qui l’a arrêté pour lui confirmer de le faire ? Est-il vrai que le SDECE qui relevait du Premier ministre, ainsi que les services policiers aux ordres de Roger Frey et de Maurice Papon ont laissé au ministre de l’Intérieur marocain, le général Oufkir, au chef de la sûreté marocaine le colonel Dlimi, ainsi qu’à tous les agents marocains qui les accompagnaient, tout le temps pour quitter tranquillement le territoire français, soit six jours après l’enlèvement, après avoir torturé et tué Mehdi Ben Barka ? Comment se fait-il que, bien que ces responsables français aient eu aussitôt connaissance de leur présence en France et de leurs actes, ils n’en ont pas, pendant plusieurs jours, jusqu’au départ d’Oufkir pour le Maroc le 4 novembre, tenu informée la Présidence de la République ? Roger Frey a dû reconnaître à l’Assemblée nationale avoir rencontré Oufkir le 3 novembrei26. Les autorités françaises qui ont permis l’arrestation de Ben Barka et sa « livraison » à ces hauts responsables marocains dont ils savaient la présence en France et qu’ils ont laissé agir et repartir, étaient-elles vraiment « subalternes » ?

Pourquoi la justice française, qui a été saisie dès cette époque, n’a-t-elle cessé, jusqu’à aujourd’hui, de rencontrer des obstacles, non seulement du côté marocain mais aussi du côté français ? Le 23 octobre 2007, le juge Patrick Ramaël a signé cinq mandats d’arrêt internationaux, visant le général Hosni Benslimane, actuel chef de la gendarmerie royale marocaine ; Abdelhak Kadiri, inspecteur général des armées longtemps à la tête du principal service de renseignement marocain, la DGED ; Boubker Hassouni et Abdelhak Achaachi, agents du Cab 1, le service secret du roi, et Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, autre agent marocain présent lors des faits. Le parquet de Paris a tardé à les transmettre, puis demandé, le 2 octobre 2009, de les suspendre en attente de « précisions » de la part du juge, et, quand les commissions rogatoires lancées par ce même juge ont été refusées par les autorités marocaines au prétexte qu’elles ne connaissent pas l’adresse des personnes à interroger (dont le chef de la gendarmerie royale…), cela n’a pas suscité la moindre protestation des autorités françaises. Cela relève-t-il seulement d’une volonté de ménager de bonnes relations avec ce pays ? Ou cela s’explique-t-il aussi par des efforts pour éviter que la manifestation de la vérité ne mette à jour des complicités françaises qui n’étaient pas subalternes ?

L’assassinat d’Henri Curiel

Henri Curiel avait animé un réseau français de soutien à la lutte d’indépendance algérienne puis soutenu l’action de Ben Barka, dont il avait cherché à encourager les contacts avec le général de Gaulle au moment où il prenait ses distances avec les Etats-Unis et était sur le point d’annoncer la sortie de la France de l’OTAN. Mais sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, c’est aussi le Service action du SDECE qui, le 4 mai 1978, d’après un ensemble d’enquêtes et de témoignages récents et concordants, a assassiné Henri Curiel, à son domicile parisien, rue Rollin, dans le Ve arrondissement. Dans ce cas, l’homicide a été commis avec l’aval du Président de la République (Yvon Bourges étant ministre de la Défense). Cette fois, la revendication destinée à faire écran était celle d’une organisation « Delta », reprenant le nom des commandos OAS de l’Algérois. La police française qui a enquêté sur l’assassinat a aussitôt soupçonné le SDECE, elle a établi que l’arme qui l’avait tué était la même que celle qui avait été utilisée lors d’un autre crime politique, l’assassinat de l’Algérien Laïd Sebaï, le 2 décembre 1977 (dans un attentat qui visait probablement le président de l’Amicale des Algériens en France et en a tué un employé). Le documentaire Henri Curiel : un crime politique, de Jean-Charles Deniau et Khaled Melhaa (dans le magazine de Stéphane Haumant et Emilie Raffoul), diffusé le 26 septembre 2008 sur Canal +, donne le témoignage d’un ancien agent du SDECE, qui a voulu conserver l’anonymat à l’écran, et dont les propos confirment cette hypothèse. L’un des avocats de la famille, Me Benoît Domenach, déclare dans ce film que les juges d’instruction ont constamment freiné l’enquête.

La journaliste Sylvie Braibant, dont le père, Guy Braibant, était un ami d’Henri Curiel et qui a enquêté sur cette affaire pour le livre de Gilles Perrault Un homme à part (Fayard, réédition 2008), a apporté des précisions importantes à l’occasion du colloque du 12 janvier à l’Assemblée nationale. Elle a fait état d’un entretien filmé pour ce documentaire où un officier ayant travaillé pour le SDECE connu pour ses aveux de la pratique de la torture durant la guerre d’Algérie a confirmé qu’un ordre a été donné du plus haut de l’Etat d’assassiner Henri Curiel, entretien qui n’a pas été inclus dans le film car l’intéressé s’est rétracté et a interdit sa diffusion. Une instruction judiciaire étant alors en cours, l’avocat de la famille, Me William Bourdon, demanda, sans obtenir satisfaction, que l’entretien non diffusé soit versé au dossier. En 2009, la prescription a éteint le dossier judiciaire.

L’ouverture indispensable des archives

Si des décisions de justice n’ont pu intervenir, il est temps que la vérité soit dite sur ces crimes. Il est temps que les citoyens disposent des éléments pour réfléchir sur leur sens et sur les décisions politiques qui les ont rendus possibles. Plus encore que de connaître les hommes qui les ont commis ou ceux qui les ont décidés, il est important de connaître les mentalités et les mécanismes qui les ont permis. Ne font-ils pas partie de notre histoire contemporaine, dont certains épisodes ne peuvent être analysés sérieusement sans un accès aux archives de l’Etat français et de ses services ? Au-delà des quatre cas évoqués ici, comment analyser, par exemple, l’enchaînement des événements qu’on a appelés la « bataille d’Alger », en 1957, sans savoir si l’épisode qui les a en grande partie déclenchés, les bombes posées dans la nuit du 10 août 1956 dans la Casbah d’Alger, rue de Thèbes, qui ont fait soixante-treize victimes27, l’ont été (ou non) par le service action du SDECE ? Comme le suggérait Me Pierre Stibbe lors d’un meeting, en mai 1959, suite à l’assassinat de Me Ould-Aoudia, en évoquant ces bombes « à l’origine du terrible engrenage de représailles, de répressions » qui a suivi28.

Dans l’ouverture de ce type d’archives, la France est en retard sur beaucoup d’autres Etats démocratiques. Les déclassifications d’archives du SDECE sur les affaires Ben Barka et Curiel décidées par le gouvernement de Pierre Mauroy en 1983, puis par celui de Lionel Jospin en 1999, n’ont été que des leurres dans la mesure où, en amont, un tri des dossiers communiqués à la justice a été fait pour en retirer les éléments essentiels. La France n’aurait-elle pas tout à gagner à faire sur ces questions un réel effort de vérité ? C’est à la Commission Vérité et Réconciliation d’Afrique du Sud que le colonel Eugene de Kock de la police secrète de l’apartheid a dit qu’un des assassins pour son service, en 1988, de la représentante de l’ANC à Paris, Dulcie September, était Jean-Paul Guerrier, ancien tueur des commandos Delta de l’OAS, au sujet duquel on a appris ensuite qu’en 1978, il était arrivé à Paris à la veille de l’assassinat d’Henri Curiel et en était reparti le lendemain (l’autre tueur étant très probablement l’indicateur et agent, lui aussi ancien Delta, Jean-Pierre Maïone-Libaude29). Faudra-t-il attendre que des procédures judiciaires ou des ouvertures d’archives dans d’autres pays nous permettent de comprendre des épisodes importants de l’histoire contemporaine de la France ? La Belgique a levé en 2001 le secret sur les circonstances de l’assassinat de Patrice Lumumba en janvier 1961 et elle a reconnu l’implication de ses services.

Le conseiller d’Etat Guy Braibant avait conclu son intervention lors du colloque de 1998 consacré, à la Sorbonne, à la vie et la mort d’Henri Curiel par des réflexions qui méritent d’être reproduites : « Je ne crois pas à la réouverture du procès. J’imagine que les assassins, ou bien courent très loin d’ici, ou bien sont morts eux-mêmes. Ce qui est possible. J’imagine que même ceux qui les ont couverts ont disparu de la circulation. Mais ce qu’il faudrait savoir, c’est la vérité. On ne peut pas rester sur cette loi du silence. Sur cette espèce de complicité générale, par impuissance, par indifférence, ou par mauvaise volonté des pouvoirs publics français. Je pense que maintenant la parole n’est plus tellement aux avocats et aux juges. La parole est aux historiens. »

La question est d’autant plus importante qu’elle dépasse celle de la connaissance de certains épisodes de l’histoire et du devoir de vérité vis-à-vis des familles des victimes. Elle concerne le contrôle des services secrets dans un Etat démocratique, donc son présent et son avenir.

Gilles Manceron

  1. Antoine Méléro, La Main rouge, l’armée secrète de la République, préface de Jacques Derogy, éditions du Rocher, 1997. L’auteur s’y met en scène sous le pseudonyme de « Jean-Pierre ».
  2. Georgette Elgey, Histoire de la IVe République (1951-1954). La République des Contradictions, Fayard, 1968, édition augmentée 1993, p. 431-432.
  3. Charles-André Julien, Et la Tunisie devint indépendante… (1951-1957), éd. Jeune Afrique, 1985, p. 89.
  4. Vincent Auriol, Mon septennat 1947-1954, Notes de journal présentées par Pierre Nora et Jacques Ozouf, coll. Témoins/Gallimard, Gallimard, 1970, p. 481.
  5. Vincent Auriol, Journal du septennat, 1947-1954, 7 tomes, Armand Colin, 1970-1971, tome VI, p. 776-777.
  6. Vincent Auriol, Mon septennat…, op. cit., p. 483.
  7. Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer, Histoire politique des Services secrets français de la Seconde guerre mondiale à nos jours, La Découverte, 2012, p. 28.
  8. Ibid., p. 170.
  9. Le Monde, 24-25 mai 1959.
  10. Raymond Muelle, Sept ans de guerre en France. Quand le FLN frappait en métropole, Éditions du Patrimoine, Monaco, 2001, p. 179.
  11. « Par décision du Premier ministre, il est créé une force de police auxiliaire […]. Les personnels qui seront recrutés à cet effet seront mis à la disposition du Préfet de Police ». Décision portant statut de la FPA, 30 novembre 1959. Archives de la Préfecture de police.
  12. Raymond Muelle, op. cit., p. 188-189.
  13. Constantin Melnik, La Mort était leur mission. Le Service Action pendant la guerre d’Algérie, Plon, 1996, p. 181. Le meurtre du policier auxiliaire Rachid Khilou relaté par Raymond Muelle, La Guerre d’Algérie en France, 1954-1962, Presses de la Cité, 1994, p. 192-194, est confirmé par Rémy Valat sur la base des archives de la préfecture de police (Les Calots bleus et la bataille de Paris. Une force de police auxiliaire pendant la guerre d’Algérie, Michalon, 2008, p. 126-129).
  14. Le Second Front : la guerre d’Algérie en France 1954-1962, « Les Brûlures de l’Histoire », France 3, émission diffusée le samedi 27 janvier 1996 à 22h30, propos reproduits dans Le Monde daté de ce jour, p. 27.
  15. Constantin Melnik, op. cit.
  16. François Malye et Kathryn Hadley, Dans le secret des archives britanniques. L’histoire de France vue par les Anglais, 1940-1981, Calmann-Lévy, 2012, p. 250-253.
  17. Gilles Perrault, Un homme à part, éd. Bernard Barrault, 1984, p. 387.
  18. Francis Zamponi, op. cit., p. 131.
  19. Francis Zamponi, « Le “coup de main” des services français au roi du Maroc : l’affaire Ben Barka », in Roger Faligot, Jean Guisnel (dir.), Histoire secrète de la Ve République, La Découverte, 2006, p. 130-132.
  20. Lors de sa conférence de presse du 21 février 1966.
  21. Philippe Alexandre, Le Duel de Gaulle-Pompidou, Grasset, 1970, p. 186, cité par Jean Lacouture, De Gaulle, 3. Le Souverain, p. 651.
  22. Maurice Buttin, Hassan II, De Gaulle, Ben Barka, ce que je sais d’eux, Karthala, Paris, 2010, p. 256.
  23. Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer, Histoire politique des Services secrets…, op. cit., p. 673.
  24. Marice Buttin, « Les responsabilités marocaines et françaises », in Bachir Ben Barka (coord.), Mehdi Ben Barka en héritage, de la Tricontinentale à l’altermondialisme, préface de Jean Ziegler, Syllepse, 2007, p. 34.
  25. Zakya Daoud, Maâti Monjib, Ben Barka, éd. Michalon, 1996, p. 329 et 351.
  26. Déclaration à l’Assemblée nationale le 6 mai 1966, Journal officiel, p. 1140, cité par Maurice Buttin, Hassan II, De Gaulle, Ben Barka…, op. cit., p. 257.
  27. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française, La Découverte, 2004, p. 86/87.
  28. Déclaration et allocutions lors du meeting organisé le 29 mai 1959, salle des Horticulteurs, à Paris. Témoignages et documents, numéro spécial publié par le Comité Audin et le Centre du Landy, n°13, juin 1959, p. 1.
  29. Gilles Perrault, postface de Un homme à part, nouvelle édition, Fayard, 2006, p. 627-628. Jean-Pierre Maïone-Libaude est celui que l’ancien commissionnaire divisionnaire Lucien-Aimé-Blanc appelle « l’indic » dans son livre L’indic et le commissaire (Plon, 2006), il avait connu pendant la guerre d’Algérie le général Georges Grillot, qui deviendrait chef du Service action du SDECE en 1979. Il a été tué le 13 juin 1982, à la suite d’une tentative d’infiltration des milieux indépendantistes corses (Gilles Perrault, op. cit., p. 629-631).
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