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Édition du 1er au 15 octobre 2024

l’UAVJ condamne l’exigence d’Israël d’être reconnu comme “État-nation du peuple juif”

Dans une lettre ouverte adressée à l'Ambassadeur des Etats-Unis en France l'association Une autre voix juive condamne l'exigence israélienne de voir l'État d'Israël reconnu comme “Etat-Nation du Peuple Juif ”. L'UAVJ rejoint ainsi la position exprimée par Uri Avnery, en considérant que cette définition d'Israël comme “État juif” donnerait une base légale aux discriminations envers les citoyen-ne-s de l’État d'Israël qui ne se reconnaissent pas comme juifs. L'association remarque d'autre part que cela poserait des problèmes aux citoyen-ne-s d’autres pays qui se reconnaissent comme juifs.

Lettre ouverte à l’Ambassadeur des États-Unis

Paris le 22/02/2014

Excellence,

Depuis sa fondation, Une Autre Voix Juive (UAVJ) milite activement pour une Paix juste et négociée au Proche Orient fondée sur la reconnaissance complète des droits fondamentaux du peuple palestinien et la sécurité des deux peuples israélien et palestinien. Aussi UAVJ suit-elle avec la plus grande attention le déroulement de la Mission Kerry au Proche–Orient.

Nous acceptons le fait que la Mission Kerry se doit de prendre en compte les points de vue des deux parties. Mais nous nous inquiétons d’apprendre que le Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique appuierait l’exigence israélienne de voir reconnu L’Etat d’Israël comme « Etat-Nation du peuple juif ».

Si cette exigence était suivie d’effet, il en résulterait, selon nous, de graves problèmes dont nous tenons à vous faire part.

Une telle définition internationale d’Israël comme « Etat juif » établirait sur une base légale permanente les discriminations envers les citoyen-ne-s de l’État d’Israël qui ne se reconnaissent pas comme juifs. Une telle définition ferait perdurer les aspects les plus nocifs de la politique actuelle de discrimination conduite par les dirigeants israéliens. Ce n’est pas jeter les fondements d’une Paix juste et durable, ce n’est pas créer les fondements de la sécurité pour les deux peuples, palestinien et israélien, que de souscrire à cette exigence.

Mais au-delà du théâtre du Proche-Orient, une telle définition poserait des problèmes considérables aux citoyen-ne-s d’autres pays qui se reconnaissent comme juifs ou qui sont identifiés comme tels.

Pour elles et eux cette définition leur attribuerait sans et parfois contre leur volonté explicite une nationalité qu’elles et ils n’ont pas demandée et dont elles et ils ne veulent peut-être pas. Il existe par exemple en France, un courant important d’opinion de citoyens qui se reconnaissent une identité juive, et qui dénient à Israël le droit de parler en leur nom.

Cette définition contient des implications ethnicistes ou/et religieuses que nombre de citoyennes et citoyens d’autre pays rejettent.

Cette définition d’Israël comme « Etat du peuple juif » aurait en outre pour conséquence de nourrir à l’infini les ressorts de l’antisémitisme; les citoyen-ne-s qui se reconnaissent une identité juive, ou qui sont identifiés comme juifs, pourraient à tout moment être suspects dans leur adhésion aux fondements de leur citoyenneté actuelle. Elles et ils s’exposeraient ainsi à la vindicte de leurs concitoyen-ne-s et, plus grave, de pouvoirs publics qui utiliseraient de pareils réflexes. Monsieur l’Ambassadeur, votre connaissance de l’histoire récente ne peut vous permettre de considérer ces dangers avec légèreté. En France, les personnes d’origine ou de sensibilité juive sont des citoyens français, et seul le régime de Vichy, sous l’occupation allemande, a prétendu les identifier comme relevant d’un peuple juif, distinct de la nation française !

L’exigence actuelle des dirigeants de l’Etat d’Israël rompt avec la Déclaration d’Indépendance qui seule a permis l’établissement d’Israël dans le concert des nations et sa reconnaissance comme membre de l’ONU, aux résolutions de laquelle, Israël, à sa création, s’est déclaré lié.

Pour toutes ces raisons UAVJ demande solennellement au Gouvernement des Etats Unis d’Amérique de revoir sa position sur ce point. Il constitue en apparence une concession bénigne mais comporte de graves risques pour l’avenir, et qui plus est ne permet en rien le règlement pacifique sur une base juste du conflit du Proche Orient.

Nous vous prions, Excellence, d’agréer l’expression de notre haute considération

Une Autre Voix Juive

http://uavj.free.fr

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