L’ADIMAD
L’histoire de l’Adimad commence en 1967 avec la bénédiction du général Salan1. Depuis une dizaine d’années, l’association est gouvernée par Jean-François Collin, les statuts actuels2 ne datant que de quelques années ; le siège social est fixé à Hyères, au domicile du président3 actuel.
Les buts de l’ « Association amicale pour la Défense des Intérêts Moraux et matériels des Anciens Détenus politiques et exilés de l’Algérie française », dite « ADIMAD », sont définis à l’article 2 de ses statuts :
«L’Association a pour but de défendre, par tous les moyens légaux, la mémoire de tous les martyrs et de toutes les victimes des ennemis de l’Algérie française. Elle organisera des cérémonies du souvenir, fera dire des messes, interpellera les autorités civiles et militaires et saisira les media chaque fois qu’elle le jugera bon afin de rétablir la vérité sur ce juste combat.
«L’Association œuvrera de toutes ses forces pour que tous les combattants de l’Algérie française morts au combat ou assassinés à la suite des jugements d’exception stalino-gaullistes soient reconnus comme “Morts pour la France” ».
Le “mot du Président”4 qui apparaît sur le site internet de l’association est plus précis :
«Bienvenue sur le nouveau site de l’ADIMAD, vitrine du juste combat de l’Algérie française. L’ADIMAD c’est 2.200 adhérents dont 600 anciens détenus, membres de l’Organisation, dont 200 anciens de l’Organisation ayant échappé aux alliés gaullo-FLN, dont 1.400 membres sympathisants et 100 Associations de Français d’Algérie ou d’Anciens Combattants[…]
«L’ADIMAD c’est aussi un instrument de combat contre la désinformation, le mensonge érigé en dogme. L’ADIMAD est absolument apolitique mais lutte de toutes ses forces contre les gaullistes, les communistes, les porteurs de valises, les gens de SAC et de corde et leurs épigones.»
On aura remarqué que l’OAS est encore pudiquement désignée par le terme d’“Organisation”…
Le président Jean-François Collin
Jean-François Collin, ancien conseiller municipal FN de la ville de Hyères, est né à Alger, le 26 juin 1939. Appelé en novembre 1959, il a servi chez les paras avant de déserter et de suivre les généraux putschistes.
D’après l’ouvrage de Georges Fleury, Histoire secrète de l’OAS (Grasset, 2002, pages 566 et 567), Jean-François Collin a été l’instigateur de la tentative d’assassinat sur son lit d’hôpital à Paris le 18 février 1962 du gaulliste Yves Le Tac, président du Mouvement pour la communauté, alors hospitalisé au Val-de-Grâce après avoir été grièvement blessé par l’OAS lors de trois tentatives d’assassinat à Alger les 3, 10 et 17 octobre 19615.
Jean-François Collin déploie une activité inlassable en faveur de l’association qu’il préside, inaugurant plaques et stèles commémoratives en l’honneur et à la gloire des quatre fusillés de l’OAS – Marignane, Perpignan … – organisant des événements plus ou moins médiatiques, comme à Darney en hommage au colonel Argoud.
« Nous étions tous des résistants», aime-t-il à répéter, ajoutant parfois « je suis désolé pour certaines des familles de victimes mais nous avions affaire à des traîtres. »
Des promesses de Nicolas Sarkozy …
Il en a fait des promesses, pendant la campagne présidentielle de 2007 ! En avril, raconte Agathe Logeart, «devant une soixantaine de représentants d’associations de pieds-noirs réunis dans son QG de campagne, rue d’Enghien, à Paris. Il y avait là des modérés, qui se laissaient volontiers séduire, mais aussi, bien plus coriaces, des ultras et des anciens de l’OAS, comme Jean-François Collin.6» La délégation comprenait deux représentants de l’ADIMAD : Jean-François Collin et Philippe de Massey.
Et elle poursuit : «Déjà peu enclin à se laisser amadouer par un héritier de ces gaullistes toujours perçus comme les fossoyeurs de l’Algérie française, Collin garde un souvenir exaspéré de ce rendez-vous. Il raconte que, à un représentant d’association qui s’étonnait d’avoir reçu une réponse très sèche à un courrier adressé à Nicolas Sarkozy, le candidat avait répondu : « Vous ne croyez tout de même pas que je lis toutes les lettres que l’on m’envoie, ni que j’y réponds moi-même ? » Après, raconte toujours Collin, « Sarkozy a enlevé ses chaussures, et s’est gratté les mollets avec ses doigts de pied. A quelques-uns, on s’est regardés, et on s’est dit qu’on n’avait pas grand-chose à attendre d’un type pareil.7 »
… à l’attribution de la Légion d’honneur
Rien à attendre de Nicolas Sarkozy ? Pas si sûr, si l’on se réfère au Journal officiel du 6 mai 2011 :
où l’on apprend que le président de l’ADIMAD venait d’être nommé
Jean-François Collin n’avait-il vraiment rien à attendre ? ou bien l’attente avait-elle été trop longue à son goût ? Toujours est-il qu’en juillet 2010 il déclarait à Agathe Logeart son intention de voter pour Marine Le Pen lors de la présidentielle de 20128.
- Voir cette page.
- Réf http://www.adimad.fr/about/statuts/.
- Voir les déclarations au Journal officiel des associations : http://www.journal-officiel.gouv.fr/association/index.php?ctx=eJyLz2FIK2KIL8tjSCwuzk9miC9kSEzJzE1MUUjOLyrIL0osSdUvKUpNtVIKyS9QYojPyCxxK83JYTAyZQAAUH4TTQ__&cref=%2B14174588382750857048&ACTION=refine&WHAT=adimad.
- Le mot du président : http://www.adimad.fr/about/le-mot-du-president/
Le site de l’ADIMAD : http://www.adimad.fr/.Pendant plusieurs années le site internet de l’Adimad a possédé deux adresses internet www.adimad.com et www.adimad-oas.com.
- Gilles Manceron, Passé colonial : les propos inquiétants de Nicolas Sarkozy :
http://cvuh.free.fr/spip.php?article84 sur le site du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire. - Agathe Logeart, «Comment Sarkozy drague les rapatriés», Nouvel Observateur, n°2398.