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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024
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il n’y aura bientôt plus un seul Rom à Aix-en-Provence

Après le camp des Trois Sautets et celui de Luynes, c'est le camp Vasarely qui a été évacué et détruit par la force publique le 26 juin 2012. Il ne reste plus sur le territoire de la commune d'Aix-en-Provence que le bidonville de l'Arbois où vivent plus de 300 Roms – provisoirement, la justice ayant ordonné, le 19 juin, son expulsion qui devrait être effective autour du 23 juillet. Dans cette décision, le tribunal reconnaît l'injustice faite à ces populations, mais estime que le trouble à l'ordre public l'emporte sur toute autre considération : «L'urgence n'est pas une condition nécessaire de l'appréciation du trouble manifestement illicite. Les références aux dispositions sur le droit au logement garanti par la constitution, aux conventions internationales ratifiées par la France, à la considération de l'atteinte à l'intérêt supérieur de l'enfant, à la discrimination envers les minorités, fondent une crainte légitime que l'expulsion du campement aggrave une situation de précarité qui relève de la responsabilité générale de l'Etat, mais ne remet pas en cause le droit à faire cesser le trouble manifestement illicite.» En l'occurrence, le “trouble à l'ordre public” est bien discutable (l'Arbois est situé à 15 km du centre ville et à 2 km des premières habitations ...), mais il s'agit de la mise en œuvre d'une décision de Maryse Joissains : «Je ne veux plus un seul Rom sur ma commune», a-t-elle déclaré. Les familles ont dû rassembler leurs affaires et quitter le site, comme la justice l'avait ordonné, sans qu'aucun lieu n'ait été prévu pour les accueillir. Le Collectif Aixois pour les Droits et la Dignité des Roms, des Immigrés et des Sans-Papiers (CADDRIS) refuse d'accepter la logique de répression dans laquelle s’enferment les pouvoirs locaux1.

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Communiqué du CADDRIS

Les Roms du bidonville de Vasarely ont été expulsés par la force publique ce 26 juin au matin

26 juin 2012 – Le recours à la force pour expulsion, rendu possible par la décision du juge des référés, a été mis en place ce jour. Même si la police a traité les populations présentes avec humanité le CADDRIS condamne, très fermement, cette opération.

Personne n’avait de solution pour les populations présentes qui demandaient désespérément un endroit pour se réfugier. Personne ne savait quoi répondre à ses mères qui réclamaient un abri pour leurs enfants et leurs bébés. Rien n’a été prévu pour la centaine de personnes qui depuis ce matin, sept heures, déambulent désespérées à quelques mètres de leur campement que des pelleteuses ont mécaniquement détruit. Le CADDRIS a tout fait pour éviter une telle impasse.

Il lance maintenant un appel pour que le même scénario soit évité sur l’Arbois. Le campement de l’Arbois est au moins trois fois plus important que celui de Vasarely, 300 personnes, environ, sont concernées. Les conditions d’évacuation à proximité d’une voie rapide, pour un nombre si conséquent d’individus, sont tout particulièrement périlleuses.

Avec une intervention policière, dans la droite ligne d’un discours de Grenoble que l’on avait cru révolu, et un soutien, de fait, aux errances politiques de la municipalité JOISSAINS « qui ne veut plus un seul Rom sur sa commune » le nouveau pouvoir ne sort pas grandi. Le CADDRIS demande néanmoins à l’État et au Conseil Général des Bouches-du-Rhône (en partie propriétaire des terrains de l’Arbois), de créer une solution d’accueil digne avec de l’eau, de l’électricité et des sanitaires.

A un mois de l’échéance d’expulsion de l’Arbois, prévue autour du 23 Juillet, il est temps de retrouver le sens commun. Plus que jamais les pouvoirs publics (ville, conseils général et régional, État, Europe) doivent coopérer et arrêter des solutions durables.

En matière de solidarité, il est vraiment urgent de changer. Ce matin nous avons vu ces mêmes pelleteuses qui en Août 2010 ont détruit, une première fois et pour rien, le campement de Vasarely. Nous ne voulons plus jamais les revoir !

Collectif Aixois pour les Droits et la Dignité des Roms, des Immigrés et des Sans-Papiers (CADDRIS).

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Vasarely : les Roms expulsés à Aix

par Séverine Pardini, La Provence, le 27 juin 2012

Les forces de l’ordre ont fait appliquer la décision du juge des référés. Le campement est détruit.

« Mais on va où, maintenant ? Hein, on va où ? » Hier, la question restait entière après l’opération conduite à partir de 7 heures du matin par les forces de l’ordre, en contrebas du musée Vasarely, entre la voie ferrée et l’autoroute. Sous le contrôle d’un huissier, Me Duplaa, des effectifs du commissariat d’Aix et des escadrons de gendarmes mobiles venus de Grasse et de Digne ont fait évacuer les familles dans le calme, soit environ 70 personnes. Certaines sont établies là depuis six ans.

« On partira pas, on n’a pas d’autre endroit où aller », protestait Albert, un jeune père de famille, son nourrisson accroché contre sa hanche, un pied dans sa caravane. Alors, avec patience, et en arpentant ce qui est presque devenu une ruelle improvisée entre les caravanes, le commissaire central Jean-François Jaffuel répétait : « On exécute une décision de justice (le juge des référés, saisi par la mairie, a prononcé l’expulsion du campement de Roms de Vasarely, ndlr), exécutoire depuis le 23 juin. Nous sommes venus la semaine dernière à deux reprises pour avertir ces familles de l’évacuation programmée. Et nous leur avons laissé le week-end pour s’organiser… Nous sommes là pour faire appliquer une décision de justice. »

Hier matin, parce que ces familles refusaient peut-être d’y croire vraiment, et « parce qu’on ne sait pas où aller, nous », il a fallu expliquer ce référé, encore et encore. On a écouté. La colère le disputant à la tristesse, on a écouté. Et puis dans un soupir, on a jeté à la va-vite dans un caddie et des poussettes qui ne servaient plus depuis que les petits derniers ont grandi, ses maigres affaires.

On a lancé quelques ballots de linge depuis les caravanes sur le sol souillé et aride, en ramassant précipitamment les vêtements qui volaient au vent sur un fil tendu entre deux caravanes. Des matelas, des vélos, des tapis, des ordinateurs, des casseroles et une vieille télé, quelques jouets pour les enfants et des oreillers, des bidons d’eau… tout ça entassé dans des chariots. On a pris sous le bras les chats et les enfants. Parce qu’à l’entrée du campement, sous un soleil de plomb, patientaient deux énormes tractopelles. Elles passeront à l’action à 8h23.

Deux puissantes mâchoires chargées de détruire les caravanes et abris de fortune où vivotaient, tant bien que mal, ces familles originaires de Roumanie. Toute la matinée, ces amas insalubres faits de bric et de broc ont été écrasés.

« Intransigeance municipale »

« On n’a pas le choix, on n’a nulle part où aller, nous », grondait un quinquagénaire, assis par terre. Un désarroi relayé par les associations, bénévoles, élus, venus dénoncer l’« intransigeance municipale qui ne veut pas voir qu’on peut pas faire que de la répression ! », peste Hervé Guerrara, élu municipal et régional, du Partit occitan. Ajoutant : « À Aix, on a des refuges pour les chiens mais pas pour les gens ! La répression émiette les populations, alors comment travailler sur l’hygiène et la santé dans ces conditions ? Il faut absolument une table ronde. »

Même tonalité pour Marc Durand, de la Ligue des droits de l’Homme et du Collectif aixois pour les droits et la dignité des Roms, qui soupirait en regardant se disperser les gens du campement : « Le problème va être de les retrouver pour continuer le travail… On avait des rendez-vous avec le Conseil général. Mais ça, cette opération, ça casse tout ce qu’on fait avec eux. Il nous faut tout recommencer de zéro ». Des femmes de l’association Notre route étaient là, aussi, sans décolérer, « impuissantes comme tout le monde », debout près d’un groupe de Roms qui s’étaient assis au milieu de la route pour protester contre l’opération de la police : « On ne part pas ! On n’a qu’à aller devant la mairie ».

Même les sapeurs-pompiers seront appelés pour porter assistance à une vieille femme, victime d’un coup de chaleur. Des membres du CCAS se présenteront également pour évaluer s’il faut prendre en charge des personnes majeures isolées. Un homme leur lancera, excédé : « Si vous n’êtes pas de la mairie, dégagez ! On veut voir la mairie ! » En début d’après-midi, la majorité des Roms avaient plié bagage et quitté les lieux. Le camp, lui, était détruit.

Début mai, déjà, le campement des Trois Sautets avait été démoli, faisant suite à une décision similaire prononcée par le juge des référés. Et la semaine dernière, celui-ci a pris une décision d’expulsion contre les Roms de l’immense camp de l’Arbois, au Réaltor. Avec un délai d’un mois. Ce sont quelque 350 Roms qui vivraient là-bas.

Séverine Pardini

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Communiqué du CADDRIS

Campements Roms de l’Arbois et de Vasarely : mêmes sanctions, mêmes combats !

20 juin 2012 – Le jugement dans l’affaire du référé d’expulsion des Roms présents sur les campements de l’Arbois vient de tomber. Le juge, comme il l’a fait pour Vasarely, ordonne l’expulsion dans un délai d’un mois et ouvre le recours à la force publique.

Le jugement note pourtant explicitement un certain nombre de points qui laissent à penser que la situation est parfaitement bien comprise. Ainsi il est reconnu que les expulsions risquent d’aggraver une situation de précarité, que le droit au logement garanti, prévu par la loi, n’est pas respecté. Ou plus loin il est fait état des questions de discriminations envers les minorités, de non respect des conventions internationales signées par la France, d’atteintes à l’intérêt supérieur de l’enfant.

Mais tous ces arguments, ces très graves manquements aux obligations légales, françaises et européennes, ne pèsent pas lourds face au trouble à l’ordre public invoqué par la Mairie.

Et même s’il n’existe aucun dispositif d’hébergement d’urgence et que l’occupation des lieux est ancienne, ce que reconnaît aussi explicitement le jugement, l’expulsion est prononcée.

Peu importe ce que deviendront ces gens, y compris les enfants scolarisés ce n’est visiblement pas le souci de la justice qui dit, sans doute, le droit mais se révèle d’une grande inhumanité et s’exonère de tout un contexte. Notamment des déclarations d’une ex-députée qui, dans une logique désormais sanctionnée de rapprochement avec l’extrême droite, ne voulait plus voir un seul ROM sur SA commune et a multiplié les procédures pour atteindre ce but.

Au delà de ce jugement, qui ne règle rien au fond, nous ne pouvons accepter la seule logique de répression dans laquelle s’enferment les pouvoirs locaux.

D’ores et déjà le CADDRIS s’organise pour faire face à une éventuelle intervention policière sur Vasarely.

Nous en appelons à l’Etat, dont la responsabilité est explicitement relevée, afin qu’il refuse le recours à la force publique. La table ronde, qu’il annonce au niveau départemental doit permettre de mettre rapidement en œuvre – avec le soutien des associations, des collectivités, des travailleurs sociaux et des populations concernées – des solutions d’accueil et d’insertion dignes et durables.

En matière de solidarité aussi il est urgent de changer !


Le Collectif Aixois pour les Droits et la Dignité des Roms, des Immigrés et des Sans-Papiers (CADDRIS) :

Aix écologie, Aix-Solidarité, Alternatifs 13, Amnesty groupe 133 d’Aix en Provence, Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés, Association des Travailleurs, Maghrébins de France, ATTAC Pays d’Aix, CFDT du Pays d’Aix, EMMAUS Cabriès, Europe Ecologie Les Verts Pays d’Aix, Féminin(s) Pluriel(s) en Pays d’Aix, Jeunesse Communiste d’Aix-en-Provence, Les Jeunes Ecologistes Aix-Marseille, Ligue des Droits de l’Homme, MAIS International, MRAP Aix, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français – Aix, Parti de Gauche, Partit Occitan, Parti Socialiste, Rencontres Tsiganes, Réseau Education Sans Frontières 13, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, Tous Ensemble Pour Aix, Union des Étudiants Communistes, Union Pour Aix, Union locale de la Confédération Nationale du Logement du Pays d’Aix, Unis pour un Monde Solidaire…

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