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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Décès de Jean-François Gavoury,
inlassable pourfendeur des nostalgiques de l’OAS

Jean-François Gavoury, le président de l'ANPROMEVO, l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, inlassable pourfendeur des nostalgiques de cette organisation terroriste, est décédé le 3 août 2023 à l'âge de 73 ans. Son père, commissaire central d’Alger, avait été assassiné par l'OAS le 31 mai 1961. Ci-dessous, le film de la cérémonie de dévoilement le 6 octobre 2011 de la stèle à toutes les victimes de l’OAS au cimetière du Père-Lachaise à laquelle il est intervenu après le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Nous y joignons un rappel de « l’affaire Gavoury », tiré du livre d'Alain Ruscio, « Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS », ainsi que l'interview qu'il a donné en 2022 au site « Place Audin ».

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« L’affaire Gavoury », extrait du livre d’Alain Ruscio, Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS (La Découverte, 2015)



Le 31 mai 1961, le commissaire principal Roger Gavoury, chef de la sûreté urbaine d’Alger fut assassiné à son domicile à coups de poignard[1]. Homme probe, républicain, légaliste, il avait été nommé un mois plus tôt pour mettre de l’ordre dans la police algéroise, notoirement noyautée par l’OAS. Cet assassinat, « cruel hommage rendu à l’efficacité »[2], se voulut avertissement à tous ceux qui s’opposaient à l’action de l’Organisation. Le 4 juin 1961, un tract ronéotypé, signé OAS, sous-secteur Alger-ouest, fut distribué dans diverses boîtes aux lettres d’Alger : « Le Commissaire Divisionnaire Gavoury, chargé du Commissariat Central d’Alger, a été exécuté le 31 mai 1961. L’Organisation armée secrète l’avait jugé pour crime de haute trahison, pour arrestations et sévices sur la personne et les biens des patriotes, pour complicité dans la liquidation de la présence française au Maroc, pour complicité avec le régime, notamment en procédant à l’épuration des patriotes dans la police algéroise. Le Commissaire Divisionnaire Gavoury avait été informé de son jugement. Il lui avait été demandé de cesser ses activités. Un premier avertissement “14 avril dernier – bombe au plastic“ n’ayant donné aucun résultat, il a été décidé de procéder à son exécution[3]. »

Le remplaçant de Roger Gavoury, le commissaire Alexy (ou Alexis) Goldenberg, sera à son tour assassiné (20 septembre). »

[1] Jean-François Gavoury, « Mort pour la France, 31 mai 1961, Alger », in Jean-Philippe Ould-Aoudia, La bataille de Marignane, 6 juillet 2005. La République aujourd’hui face à l’OAS, Paris, Éd. Tirésias/Michel Reynaud, Coll. Ces oubliés de l’Histoire, 2006.
[2] Anne-Marie Duranton-Crabol, Le temps de l’OAS, Bruxelles, Éd. Complexe, Coll. Questions au XX è siècle, 1995.
[3] Jean-François Gavoury, loc. cit.


La cérémonie de dévoilement de la stèle à toutes les victimes de l’OAS au cimetière du Père-Lachaise le 6 octobre 2011



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**« Paris aujourd’hui relève la tête en disant que l’OAS était une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare. »

Bertrand Delanoë, maire de Paris, le 6 octobre 2011.


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Jean-François Gavoury à propos de l’assassinat de son père, commissaire de police à Alger, par l’OAS
Interview au site « Place Audin »


publié le 29 octobre 2022.

Alors que, dans le sud de la France, l’extrême droite rend hommage aux assassins de l’OAS, Jean-François Gavoury raconte l’assassinat de son père Roger en 1961 par un commando de l’OAS impliquant Roger Degueldre, Albert Dovecar et Claude Piegts. Il s’insurge contre ces hommages et raconte l’affaire de Marignane, où il a combattu avec succès la réalisation d’une stèle commanditée par le maire Front national. A Perpignan, l’histoire se répète…


Un combat qui continue



Malgré son état de santé, Jean-François Gavoury qui, à l’âge de 11 ans, a appris l’assassinat de son père, commissaire central à Alger, par un commando de l’OAS en 1961, n’a cessé de militer sans relâche pour la mémoire des victimes de cette organisation terroriste d’extrême droite.

Il ne pouvait accepter la réhabilitation insidieuse de l’OAS par le président de la République, Emmanuel Macron, dans le cadre de sa politique algérienne de « réconciliation de toutes les mémoires ».

Il avait été particulièrement choqué par la désignation de Patricia Mirallès, fille d’un ex-responsable de l’OAS et surtout longtemps membre du Cercle algérianiste de Montpellier, association pro-Algérie française et pro-OAS, comme secrétaire d’état aux Anciens combattants et à la mémoire.



Communiqué de l’Association Josette et Maurice Audin

A propos de Jean-François Gavoury



[/le 16 août 2023/]

Le 3 août est décédé Jean-François Gavoury.

Il était le fils de Roger Gavoury, qui fut commissaire de police à Alger en 1961, l’une des périodes les plus tendues et violentes de la guerre d’Algérie. Jamais armé, Roger allait à la rencontre des protagonistes lors des manifestations (population, membres du FLN, ultras ou militaires français préposés au maintien de l’ordre). Il a sans doute ainsi évité des massacres et des bains de sang. Mais cette vision profondément républicaine et pacifiste du métier de gardien de la paix ne plaisait évidemment pas aux membres de l’OAS, adeptes de la terreur. Après diverses menaces et tentatives d’assassinat, dont l’explosion de son appartement, qui faillit entraîner la mort de ses voisins, un commando de la sinistre organisation assassina Roger Gavoury, le 31 mai 1961. Les auteurs, Roger Degueldre, Albert Dovecar et Claude Piegts furent condamnés à mort et exécutés. Claude Tenne, qui donna les coups de poignard, fut condamné mais réussit à s’évader. Il bénéficia d’une mesure d’amnistie en 1968.

Jean-François avait 11 ans à la mort de son père et suivit toute sa vie son exemple.

Il fit une brillante carrière dans la police nationale et mena une lutte opiniâtre contre les tentatives de réhabilitation de l’OAS.

A Béziers, Nice, Perpignan, Théoule-sur-Mer, Toulon ou Versailles, tous les ans des hommages sont rendus par des nostalgéristes proches de l’extrême droite aux assassins de Roger Gavoury. Des hommages aux assassins d’un agent de la République, rendus dans l’indifférence des élus et le plus souvent avec leur soutien. Jean-François s’est opposé à ces hommages nauséabonds et a réussi, en 2005, à bloquer l’érection d’une stèle à Marignane. Cette action difficile et bénéficiant de peu de soutiens officiels a fait l’objet d’un livre, « La bataille de Marignane (6 juillet 2005 – La république aujourd’hui face à l’OAS) » écrit par Jean-Philippe Ould Aoudia et auquel il contribua. Jean-Philippe Ould Aoudia est lui aussi le fils d’une victime de l’OAS, Salah Henri Ould Aoudia, membre des Centres Sociaux créés par Germaine Tillion, tué à la mitraillette le 15 mars 1962, trois jours avant les accords d’Evian, avec d’autres dirigeants du centre et enseignants, Marcel Basset, Robert Eymard, l’écrivain Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène et Max Marchand.

Jean-François, comme son père, incarna les plus hautes valeurs d’une police nationale et républicaine chargée de faire respecter la loi et de protéger tous les citoyens de l’arbitraire et de la violence, susceptibles d’altérer leur liberté, leur intégrité physique ou leurs droits.

Des valeurs hélas toujours menacées

Il s’est battu contre la falsification de l’histoire visant à justifier les discours haineux tenus aujourd’hui par l’extrême droite. Il a créé pour cela l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS.

L’Association Josette et Maurice Audin salue son engagement constant malgré les épreuves et s’attriste de sa disparition.

Jean-François Gavoury s’est éteint mais la poursuite de son combat reste plus que jamais nécessaire.

Il se raconte ici

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