Les monuments d’hommage à l’OAS
On éprouve quelque difficulté à percevoir la légitimité des hommages rendus à l’OAS, même si les monuments célébrant ses quatre fusillés – Bastien-Thiry, Degueldre, Dovecar et Piegts – ont tendance à se multiplier dans le midi méditerranéen.
Nice est sans doute pionnière en la matière, avec son mémorial des rapatriés, inauguré en 1973, qui célèbre en réalité la tendance activiste de l’Algérie française.
Quelques années plus tard, en juin 1980, Toulon se voyait gratifié d’un monument aux martyrs de l’Algérie française. Il représentait initialement Roger Degueldre, officier déserteur, créateur et chef des “commandos delta” de l’OAS, ces équipes de tueurs qui semèrent le sang et la terreur à partir de l’été 1961. Plastiqué avant d’être inauguré par le général Jouhaud, ancien chef de l’OAS en Oranie, le monument, que Hubert Falco, maire de Toulon, a cru bon de doter d’un éclairage nocturne bleu-blanc-rouge, est un des lieux où Jean-Marie Le Pen aime à venir parader.
En 2003, une stèle en hommage aux quatre fusillés de l’OAS était inaugurée à Perpignan. Mais l’autorisation donnée en 2005 par Daniel Simonpieri, maire d’extrême droite de Marignane, d’ériger un monument analogue dans un cimetière municipal, a soulevé des protestations jusque dans les rangs de l’UMP. Le tribunal administratif de Marseille en a ordonné le retrait en 2008.
Une cérémonie significative s’est déroulée le 22 octobre 2010, dans l’enceinte de l’Ecole des troupes aéroportées de Pau. Un buste à l’effigie du colonel Pierre Château-Jobert, l’un des organisateurs du putsch, y a été inauguré en présence du commandant de l’école et de représentants de diverses autorités militaires, à l’occasion d’une cérémonie d’hommage à cet ancien chef de l’OAS dans le Constantinois.
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Cinquante ans après ces événements, les nostalgiques de l’Algérie française veulent un hommage national !
50 ans du putsch d’Alger : ils veulent un hommage national…
Des anciens combattants et des Rapatriés organisent en avril une cérémonie à Nice en l’honneur des officiers « qui n’ont pas voulu qu’on abandonne l’Algérie ».
En rouvrant une page controversée de notre histoire, cette commémoration ne laissera personne indifférent, elle devrait même susciter des réactions passionnées. Le 23 avril prochain, des associations d’anciens combattants et de pieds-noirs comptent célébrer à Nice avec tous les honneurs le cinquantième anniversaire du putsch des généraux à Alger. « Ce sera national », annonce André Loré, le président du Comité d’action patriotique des Alpes-Maritimes à l’origine de cette initiative.
Mais comment peut-on fêter un événement vécu comme un attentat contre la République ? Un coup d’État militaire conduit par un « quarteron de généraux en retraite » selon les propres mots de Charles de Gaulle ?
« Acte de résistance… »
Les participants à cette commémoration n’ont pourtant pas de doute sur sa « légitimité ». Pour eux, ce putsch ne fut qu’un acte de « résistance » et les officiers supérieurs en révolte n’ont fait qu’accomplir leur devoir. « Qui a dit : « Quelle hécatombe connaîtrait l’Algérie si nous étions assez stupides et assez lâches pour l’abandonner » ? De Gaulle en octobre 1958. Qui a dit : « Oui, oui, oui, la France est ici pour toujours » ? Le même à Oran. »
Face à la « trahison » de cette promesse et à « l’abandon de l’Algérie », la révolte était fondée pour Michèle Soler, présidente du Cercle algérianiste des Alpes-Maritimes, ancienne conseillère municipale de Nice, Jean Lorenzo, président de la section niçoise de l’Union nationale des combattants et Jean-Yves Casalonga, ancien journaliste à l’Echo d’Alger. « Les militaires ont fait ce que la conscience leur commandait. Au nom de la parole donnée, ils ont sacrifié leur carrière. C’est un geste honorable. »
D’anciens membres de l’OAS se mettent à table
Raphaël Pastor, pied-noir, membre du Cercle algérianiste, ose une comparaison : « Le 1er mai, on commémore bien la Commune de Paris de 1971, révolte de la population contre un gouvernement qui avait bradé l’Alsace-Lorraine. Le putsch d’Alger est un remake de cet événement…» La Commune d’Alger après celle de Paris, voilà qui ne manquera pas d’attiser le débat !
Cet hommage rendu aux auteurs du putsch prendra la forme d’ une cérémonie à Nice, le samedi 23 avril prochain, avec dépôt de gerbes devant la stèle des Rapatriés, au jardin Alsace-Lorraine.
La table ronde annoncée pour l’après-midi1 réunira des acteurs de cette « rébellion » et d’anciens membres de l’OAS, parmi lesquels Gaby Anglade, ancien membre des commandos Delta et actuel adjoint aux Rapatriés à Cagnes-sur-Mer2, Pierre Descaves, à l’origine de la naissance de l’OAS en métropole, Roger Holeindre, écrivain, le Dr Jean-Claude Pérez, adjoint de Raoul Salan.
En revanche, ces mêmes nostalgiques tolèrent mal les commémorations du cessez-le-feu de 1962, le 19 mars – les incidents de Claviers en 2010 en témoignent –. Ils ont d’ailleurs prévu pour cette année de nouvelles opérations “Non au 19 mars” à Bayonne, Istres, Toulouse …
- De 14 heures à 18 heures à la Maison du Séminaire, 29, bd Franck-Pilatte.
- [Note de LDH-Toulon] – Après l’échec du putsch, Gabriel Anglade avait rejoint l’OAS. Le 15 mars 1962, il a participé avec Degueldre et Joseph Rizza, à l’assassinat de six fonctionnaires de l’éducation nationale, responsables des Centre sociaux éducatifs fondés par Germaine Tillon. Anglade ne renie pas ce passé : les deltas, explique-t-il, étaient des « citoyens ordinaires prêts à mourir pour une cause, le maintien de l’Algérie française ».