Il est des scènes de la vie ordinaire à Toulon qui vous laissent pantois.
Comme en ce jeudi d’Ascension 2006, fin d’après-midi sur les plages du Mourillon. A première vue du classique : au soleil et en vacances, les Toulonnais ont envahi leur parc balnéaire.
Certains se risquent à tremper un doigt de pied dans l’eau (encore glaciale…), la grande majorité de la troupe bronze, on a sorti les ballons et les raquettes, on sirote les bières fraîches aux terrasses des cafés. Enfin quoi, le farniente autochtone en attendant l’arrivée des touristes.
Sauf qu’il y a un truc qui fait tache, au bout de l’anse Mistral.
Un attroupement bizarroïde, en costume-cravate et robes à fleurs, en crânes rasés et en autocollants du MNR.
Une manif tout ce qu’il y a d’incongru en temps et lieux,
comme l’est tout autant la stèle posée sur la digue, commémorant le départ des troupes de Charles X, en 1830, pour la conquête de l’Algérie. Cela ne s’invente pas !
Il y a même une dame qui distribue un tabloïd épatant,
« l’Action française 2000 », où l’on apprend que « tout ce
qui est national est nôtre », que les « évêques perdent la
tête », chez nous, qui font rien que penser aux immigrés, mais qui « ne se soucient pas un instant des Français qui sont notre prochain ».
Entre un toast pour Jeanne d’Arc et une pensée émue pour le prince Charles-Philippe d’Orléans, qu’il serait temps de reloger à Versailles, on papote dans le vent marin, visiblement content de se retrouver sous les fleurs de lys.
Bref.
Que l’extrême droite sous toutes ses formes (jeudi sur le sable, on avait droit à toutes les marques et à tous les modèles) se porte bien dans notre département n’est pas vraiment un scoop.
On a même payé cher pour le savoir à Toulon.
Claude Gauthier, La Marseillaise, 28 mai 2006 [extraits]
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Lors d’une conférence de presse au Grand café de la Rade, lundi 22 mai à 17 h, Maître Sylvain Naviaux, porte-parole du Collectif pour la commémoration de la fin de l’esclavage barbaresque1, avait présenté le rassemblement organisé par le collectif, le 25 mai à 17 heures, devant la stèle commémorant le départ de l’expédition d’Alger (anse Mistral – plage du Mourillon)2.
de cette rade
le 25 mai 1830
sur ordre du Roi Charles X
une flotte commandée par l’Amiral Duperré comportant 103 bâtiments de guerre
et 500 navires de commerce armés par 20.000 marins,
transportant un corps expéditionnaire de 35.000 hommes
aux ordres du Général de Bourmont, Ministre de la Guerre,
appareilla vers Alger afin de rendre la Liberté à la Mer et de faire de l’Algérie
une terre de progrès que plus d’un siècle de travaux et de combats en commun
devait unir à la France par des liens de fraternité.
Le collectif
Association pour la Mémoire de l’Empire Français, ADIMAD3, Cercle Algérianiste-Hyères, Chrétienté-Solidarité, SOS-Ecole, Cercle National des Rapatriés, la Sépia, AGRIF, Cercle Algérianiste-Draguignan, Collectif Aixois des Rapatriés (regroupant 20 associations), le Prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme4, Cercle National des Combattants, Véritas, Rassemblement des Copains de Maison Carrée, Joseph Attab Pacha5.
Le Cercle algérianiste avait plus précisément appelé à rendre hommage au Corps expéditionnaire envoyé par Charles X pour « libérer la Méditerranée et les esclaves chrétiens blancs détenus dans la province turque de l’Afrique du Nord et qui appareilla victorieusement le 25 mai 1830. »Parler de libérer la Méditerranée, n’est-ce pas une façon soft de désigner l’enjeu économique véritable, à savoir la maîtrise du commerce en Méditerranée ? Quant à l’évocation de l’esclavage, nous savons tous qu’il n’a été aboli en France qu’en 1848 …
- A notre connaissance, cette commémoration est une première. Faut-il y voir l’amorce d’une nouvelle revendication mémorielle, qui verra les quarante députés irrédentistes demander que la commémoration du départ de l’expédition d’Alger se substitue à celle de la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l’humanité (le 10 mai) ?
- Voir la page présentant 747, sur ce site.
- Descendant de Charles X.
- Descendant du dernier dey d’Alger.