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colloques d’historiens en Algérie

A l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance, plusieurs colloques vont se tenir en Algérie. Le premier, axé sur le problème de la reconnaissance par l'État français des crimes de la colonisation, se déroulera à Alger du 1er au 3 juillet 2012.Un article de ce site lui est consacré. Quelques jours plus tard, un colloque organisé par El Watan se déroulera à Alger du 5 au 7 juillet. Puis une rencontre-débat se tiendra les 12 et 13 juillet 2012 à Ouzellaguen, lieu du Congrès de la Soummam en août 1956 ; elle sera consacrée à cet “acte fondateur” de l'État algérien. Ci-dessous des informations sur ces trois événements.
[Mis en ligne le 26 juin 2012, mis à jour le 30]

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Colloque La Tribune

Algérie 50 ans après : libérer l’Histoire

Alger, 1er-3 juillet 2012

A l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, une rencontre internationale sera organisée conjointement par le quotidien La Tribune et le CNRPAH (Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire) à la Bibliothèque nationale du 1er au 3 juillet à Alger.

Parmi les intervenants : Mohamed El Korso donnera une communication sur le thème : «Libérer l’histoire : une question de méthode», et Gilles Manceron parlera de «La nécessaire reconnaissance par la France des crimes de la colonisation et la remise en cause des histoires officielles. L’intervention de Abdelmadjid Merdaci sera axée sur la «La question du départ des Pieds-Noirs en 1962» et Claire Mauss-Copeaux abordera le thème : «Au delà des représentations partisanes et des dénis actuels, comment construire un récit historique ? L’exemple du 20 août 1955 et de ses suites.»

Le programme de la rencontre : http://www.cnrpah.org/data/50/col01/prog.pdf

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Colloque international El Watan

Cinquante ans après l’indépendance :

Quel destin pour quelle Algérie ?

Salle Cosmos de riadh El Feth, Alger les 5, 6 et 7 juillet 2012

[El Watan, le 27 juin 2012]

Le programme du colloque

  • Jeudi 5 juillet 9h00 – 9h15 – Allocution d’ouverture prononcée par Omar Belhouchet, Directeur de la publication du journal El Watan.
  • jeudi 9h15 – 13h00 – Panel 1 : De quoi la conquête coloniale fut-elle le nom ?, présidée par Tayeb Chentouf, Historien, Professeur à l’Université d’Oran.

– Gilbert Meynier, Historien, Professeur émérite à l’Université Nancy 2, L’Algérie dans la longue durée.
– El Hadi Ben Mansour, Historien, Enseignant-Chercheur à l’Université Paris 1, Un projet d’occupation de l’Algérie en 1622.
– Benjamin Brower, Historien, Associate Professor, University of Texas at Austin, La guerre juste et le jihad dans la conquête française de l’Algérie.
– Fatima Zohra Guechi, Historienne, Professeure à l’Université de Constantine, La résistance d’Ahmed Bey.
– Osama Abi Mershed, Historien, Associate Professor, Georgetown University, Colonialisme en douceur ? Les saint-simoniens en Algérie entre l’idéologie et la pratique.

  • jeudi 14h30 – 17h30 – Panel 2 : Naissances d’une nation,
    Séance présidée par Osama Abi Mershed, Associate Professor, Georgetown University.

– Mouloud Haddad, Historien, Enseignant à l’Université Paris 8, Chercheur associé au CNRS, Des imsebbelen kabyles au FLN. Islam, nationalisme et résistance en Algérie (XIXe-XXe siècles).
– René Gallissot, Historien, Professeur émérite à l’Université Paris 8, Mouvement ouvrier en Algérie.
– Malika Rahal, Historienne, Chargée de recherche à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP), Le militantisme nationaliste : une expérience politique pour l’indépendance ?
– Omar Carlier, Historien, Professeur à l’Université Paris 7 Denis Diderot, Sentiment national, idée nationale et mouvement national dans l’Algérie du premier XXe siècle.

  • Vendredi 9h00 – 13h00 – Panel 3 : Repenser la guerre de Libération,, séance présidée par Gilbert Meynier, Professeur émérite à l’Université de Nancy 2.

– Ouanassa Siari Tengour, Historienne, Chercheure au CRASC, Mobilisation politique et lutte armée dans l’Aurès.
– Nedjib Sidi Moussa, Politologue, Doctorant à l’Université Paris 1, Comment les messalistes font la révolution ou le basculement de l’année 1956.
– Raphaëlle Branche, Historienne, Maître de conférences, Université Paris I, L ’usage de la torture par l’armée française durant la guerre d’Algérie.
– Matthew Connelly, Historien, Professeur à la Columbia University, L’arme diplomatique du FLN.

  • Vendredi 14h30 – 17h30 – Panel 4 : Les sorties de guerre, séance présidée par Matthew Connelly, Professeur à la Columbia University.

– Amar Mohand-Amer, Historien, Maître de recherche au CRASC, Les institutions politiques et militaires du FLN en 1962.
– Laetitia Bucaille, Maître de conférences, Université Victor Segalen/Bordeaux, Les mémoires guerrières.
– Todd Shepard, Historien, Associate Professor, Johns Hopkins University, Comment la guerre d’Algérie a transformé la France.
– Gilles Manceron, Historien, Ligue des droits de l’Homme, Le passé colonial de la France : lever des derniers obstacles à l’indispensable reconnaissance.

  • Samedi 9h00 – 10h30 – Panel 5 : Sur quoi repose l’endurance du régime politique en Algérie ?, séance présidée par Jean Leca, Politologue, ancien Directeur de l’IEP d’Alger, Professeur émérite à Sciences Po Paris.

– Mohammed Hachemaoui, Politologue, Enseignant-Chercheur, Université Paris 8/IREMAM (CNRS), La corruption politique en Algérie : la dernière ligne de défense du régime autoritaire ?.
– Madjid Benchikh, Juriste, ancien Doyen de la Faculté de Droit d’Alger, Droits de l’Homme et système politique.

  • Samedi 11h00 – 13h00 – Panel 6 : Aux sources des contre-performances de l’économie algérienne, Séance présidée par Omar Belhouchet, Directeur de publication d’El Watan.

– Smaïl Goumeziane, Economiste, ancien Ministre du Commerce (1989/1991), Indépendance : les rendez-vous manqués du développement.
– Ahmed Bouyacoub, Economiste, Professeur à l’Université d’Oran, Investissements massifs pour quelle croissance ?.
– Fatiha Talahite, Economiste, Chercheure au CNRS, La participation des femmes à l’activité économique : un état des lieux.

  • Samedi 14h30 – 16h30 – Panel 7 : De quoi la société algérienne est-elle le nom ?, séance présidée par Ouanassa Siari Tengour, Chercheure au CRASC.

– Feriel Lalami, Sociologue, Chercheure au GRESCO (Université de Poitiers), Les luttes des Algériennes pour l’égalité.
– Mohamed Ghalamallah, Sociologue, Professeur à l’Université Alger 2, Reconstruire une institution universitaire détournée de sa vocation.
Khaoula Taleb Ibrahimi, Spécialiste des sciences du langage, Professeure à l’Université d’Alger 2, Y a-t-il encore une question des langues en Algérie en 2012 ?.
– Farid Chaoui, Professeur de médecine, Evolution des politiques de santé en 50 ans d’indépendance.

  • Samedi 16h30 – 18h00 – Panel 8 : Prémices de la révolte ?, séance présidée par René Gallissot, Professeur émérite à l’Université Paris 8.

– H’mida Ayachi, Journaliste, Les mouvements islamistes algériens de l’indépendance à nos jours.
– Brahim Salhi, Sociologue, Professeur à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, « Printemps 2001 en Kabylie : la tradition au secours de la citoyenneté ?.
– Aïssa Kadri, Sociologue, Professeur à l’Université Paris 8, Mouvements sociaux, intellectuels et intelligentsias. Perspectives générationnelles.

  • Samedi 18h00 – 18h30 – Conférence de clôture : Mohammed Harbi, Historien, Bilan de la colonisation et de l’indépendance.

LE PUBLIC EST CORDIALEMENT INVITÉ

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Le congrès de la Soummam 56 ans après,

quelle histoire pour 50 ans d’Indépendance ?

Ouzellaguen, 12-13 juillet

Programme du colloque

Jeudi 12 Juillet 2012

Maison des jeunes d’Ouzellaguen

– 9h00 – Accueil des participants –visite exposition photos, philatélie
– 9h15 – Introduction
– 9h30 – Jean-Charles Jauffret, Professeur à l’IEP d’Aix-en-Provence : L’année 1956 et les réactions des hommes du contingent français face à la guerre
– 10h00 – Amar Mohand-Amer, Crasc d’Oran : Le Congrès de la Soummam, une étape décisive dans la consolidation du FLN
– 10h45 – Témoignage d’anciens combattants de l’ALN
– 11h00 – Table ronde entre les participants et débat avec les auditeurs

– 14h00 – Ali Guenoun, doctorant à Paris I Sorbonne, Le Congrès de la Soummam et la suprématie de la Wilaya III dans la direction de la guerre
-14h30 – Ouarda Siari Tengour, Professeur à l’Université de Constantine : La réception du Congrès de la Soummam dans la wilaya 1 (Aures-Nemencha)
– 15h15 – Daho Djerbal, Université d’Alger : Le congrès de la Soummam vu par le colonel Ouamranne (sous réserve)
– 15h45 – Table ronde entre les participants et débat avec les auditeurs
– 17h00 – Visite du cimetière des Martyrs d’Ouzellaguen
– 18h00 – Projections de films

– 19h00 – Soirée à la maison des Jeunes d’Ouzellaguen :
Pièce de théâtre intitulée Ikks-i zznad Ckal sur la Révolution présentée par la troupe de l’association Horizons
– 20h00 – Soirée Musicale avec le groupe « Zawan Fusion » de l’association Horizons

Vendredi 13 juillet 2012

À Ifri, lieu du congrès de la Soummam

– 09h00 – commémoration gerbe de fleurs et au musée,
– 9h45 – Fouad Soufi, Crasc d’Oran : Les mémoires de la Soummam aujourd’hui
– 10h15 – Fatima Guenchi, Professeur à l’Université de Constantine : L’approche historique et l’approche mémorielle du Congrès de la Soummam, la transmission à travers l’enseignement. Echanges avec les élèves et étudiants
– 11h00 – Table ronde entre les participants et débat avec les auditeurs

– 14h30 – Dalila Aït-El-Djoudi, Chercheuse associée IEP d’Aix-en-Provence : Abbane Ramdane héros du passé dans les débats du présent
– 15h00 – Témoignage d’anciens combattants de l’A.L.N
– 15h30 – Table ronde entre les participants et débat avec les auditeurs
– 16h 30 – Conclusion des travaux des deux journées d’étude et synthèse

– 17h00 – Visite commentée de l’exposition du musée d’Ifri
– 17h15 – Visite guidée des villages et de postes militaires autour du Musée de Soummam

– 19h00 – Soirée à la maison des Jeunes d’Ouzellaguen :
Pièce de théâtre intitulée Abrid Netlleli sur la Révolution présentée par la troupe de l’AAJ d’Ath Bouadou de Tizi-Ouzou.
– 20h00 – Soirée Musicale avec le groupe « Zawan Fusion » de l’association Horizons

Projection de films

Modératrice principale : Dalila Aït-El-Djoudi, Docteure en histoire militaire et études de défenses de l’Université de Montpellier 3.

Le congrès de la Soummam : les ralliements au FLN

par Benjamin Stora1

En 1955 et 1956, le FLN multiplie les contacts et les discussions avec les autres composantes algériennes. Toutefois, conscient de la « faillite » des anciens partis, il n’attend d’eux que leur dissolution et une adhésion purement individuelle de leurs membres. Après les « centralistes » (Benyoucef Ben Khedda, Saad Dhalab, M’Hamed Yazid, Hocine Lahouel), l’UDMA de Ferhat Abbas se rallie au FLN à la fin de l’année 1955.

Ce ralliement en bloc, tant espéré, des « élites anciennes », le FLN va l’obtenir de la part d’une autre association, les oulémas (mouvement réformiste religieux qui prône la renaissance de l’identité islamique de l’Algérie). Inquiète de son manque d’emprise sur les événements l’association religieuse bascule dans le camp du FLN, lors de ses assises du 7 janvier 1956, et magnifie la « résistance au colonialisme ». Reste le cas du Parti communiste algérien (PCA). En mai-juin 1956, Ben Khedda et Abbane Ramdane, pour le FLN, Bachir Hadj AH et Sadek Hadjeres, pour le PCA, engagent de longues discussions. Le 1er juillet 1956, les communistes algériens sont intégrés à l’ALN.

Le congrès de la Soummam, qui se tient le 20 août 1956, consacre « la faillite des anciennes formations politiques… des vieux partis » et fait état du ralliement au FLN de « militants de base », de la dissolution de l’UDMA et des oulémas. Avec ce congrès tenu dans la vallée de la Soummam en Kabylie, la « révolution algérienne » va changer de visage. Les longs débats (vingt jours) vont déboucher sur la définition d’un programme, la structuration de FLN-ALN et l’affirmation de la primauté du politique sur le militaire, de l’intérieur sur l’extérieur [Teguia, 1984].

Initialement prévu le 31 juillet dans la région des Bibans, le congrès ne s’ouvre que le 20 août dans une maison cantonnière proche du village d’Igbal, sur le versant occidental de la Soummam. Seize délégués y participent, très inégalement représentatifs des différentes régions de l’Algérie. Outre l’absence de la délégation extérieure, il n’y a pas de représentant des Aurès — le responsable, Mohammed Ben Bou- laid, a été tué et son frère Omar ne peut venir, compte tenu des déplacements incessants de l’armée française. L’Oranais n’est représenté que par le seul Larbi Ben M’Hidi. Six délégués viennent de la zone II (Nord-Constantinois) : Youcef Zighoud, Lakhdar Ben Tobbal, Mostefa Benaouda, Brahim Mezhoudi, Ali Kafi et Rouibah ; quatre de la zone III (Kabylie) : Belkacem Krim, Mohammedi Caïd, Amirouche, Kaci ; trois de la zone IV (Algérois): Amar Ouamrane, Slimane Dehilès, Ahmed Bouguerra ; un de la zone VI (Sud) : Ali Mellah. Ces quinze hommes sont des représentants de combattants. Le seizième, seul secrétaire politique, c’est Abbane Ramdane.

Des délibérations de ce congrès, trois préoccupations majeures émergent :

  • une évaluation des forces matérielles de la révolution jugées par les délégués comme modérément satisfaisantes : on critique la faiblesse d’approvisionnement en armes, et on fait valoir les déséquilibres d’implantation politique (bonnes pour la Kabylie, malgré l’existence de quelques fiefs messalistes, et le Constantinois, convenables pour l’Algérois, nettement en retard pour l’Oranais) ;
  • la rédaction d’une plate-forme politique, en partie rédigée par Amar Ouzegane, mais portant fondamentalement la marque d’Abbane, s’articulant autour des principes de collégialité pour la direction, de primauté du politique sur le militaire, de l’intérieur sur l’extérieur ;
  • une réorganisation des structures de l’ALN, désormais calquées sur le modèle d’une armée régulière : le territoire algérien est redécoupé en six wilayas, elles-mêmes subdivisées en mintaka (zones), nahia (régions) et karma (secteurs); Alger est érigée en zone autonome. Une stricte hiérarchie d’unités combattantes et de grades est instituée, qui va donner naissance à l’armée, véritable pivot du futur État algérien.

Ce « contre-État » en gestation était justifié par la force étouffante de l’État colonial. La poursuite de traditions pluralistes du nationalisme algérien d’avant 1954 apparaissait, dans cette argumentation, comme un moyen trop faible pour se dégager de la pesante tutelle française [Slimane Chikh, 1981].

Si le congrès de la Soummam, unique dans l’histoire du FLN, fait date en raison de l’oeuvre « législative » qu’il accomplit, il ouvre en même temps la lutte pour le leadership de l’organisation nationaliste dans ses sommets dirigeants. Le 23 septembre 1956, Abbane Ramdane (originaire de Kabylie) adresse une lettre à Mohammed Khider l’informant des décisions du congrès. Lorsque Ben Bella prend connaissance de la lettre et reçoit les procès-verbaux du congrès, il décide de réagir et rédige une réponse en trois points. Il insiste sur le caractère « non représentatif » du congrès. « Les Aurès, la délégation extérieure, I’Oranie et les zones de l’Est n’y ont pas assisté, ainsi que la Fédération de France. » Il s’attaque « à la remise en cause du caractère islamique de nos futures institutions politiques » et manifeste par là son rejet de la laïcité de l’Etat, comme le refus d’y faire une place à la minorité européenne. Enfin, il dénonce la présence d’anciens responsables de partis au sein des organismes dirigeants. Il s’agit là de la reprise des thèmes, mot pour mot, de la direction du PPA-MTLD contre « les berbéristes » de 19492. Abbane, pour sa part, n’accuse-t-il pas Ben Bella « de se méfier d’eux parce qu’ils sont kabyles » ? La querelle de légitimité trouve en partie son fondement dans l’explication « régionaliste ».

Benjamin Stora

  1. Extrait de Histoire de la guerre d’Algérie, La Découverte, 1995.
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