La fondation
Arthur Paecht héritera donc des dossiers de son ami Hubert Falco , maire de la ville voisine de Toulon. Sur la feuille de route de l’ex-secrétaire d’État aux Anciens combattants, figurait la création d’une Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, des combats du Maroc et de la Tunisie. Certes, Hubert Falco a doté la fondation d’un prestigieux conseil d’administration, qu’il a solennellement installé aux Invalides le 19 octobre dernier, mais il n’a pas trouvé le moindre historien qui accepte de faire partie de son conseil scientifique, en dépit des encouragements qu’il n’avait cessé de prodiguer : «Vous ne vous arrêterez, pour les choisir, ni à leurs idées ni à leurs thèses, ni même à leur nationalité. Ils seront français, anglais, américains, allemands et même, si vous le souhaitez, algériens 1».
Une naissance difficile
Prévue par la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, annoncée initialement pour 2008, la fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc a finalement été inaugurée le 19 octobre dernier par le secrétaire d’Etat à la défense et aux anciens combattants. Installée à l’Hôtel des Invalides et reconnue établissement d’utilité publique par décret du 3 août 2010, la fondation s’est dotée d’un conseil d’administration présidé par Claude Bébéar et vice-présidé par Hamlaoui Mékachéra. Le rendement attendu du capital de 7,2 millions d’euros constitué à son profit devrait lui permettre de couvrir ses dépenses de fonctionnement.
Il reste qu’au-delà du retard pris par sa création, la fondation, avant même de connaître le résultat de ses premiers travaux, est loin de faire l’unanimité – mais sans doute était-ce inévitable au regard de la sensibilité encore très vive du sujet. Devant théoriquement oeuvrer à l’apaisement et « être un lieu où l’on s’efforce de réconcilier les mémoires plutôt que de chercher à les affronter continuellement », l’institution est critiquée par certains historiens ou associations en raison notamment de la confusion qu’elle entretiendrait entre mémoire et histoire ou de sa réticence supposée à associer des chercheurs algériens à sa réflexion. Bien que le ministre ait appelé la fondation à recruter ses chercheurs sans s’arrêter « ni à leurs idées ni à leurs thèses, ni même à leur nationalité », la désignation de son comité scientifique, dont l’annonce a été repoussée, paraît encore poser certaines difficultés
Votre commission espère en tous les cas que la fondation saura acquérir, par l’objectivité de ses travaux, la crédibilité nécessaire à l’accomplissement de sa mission première : être un lieu d’information et d’échanges, voire de contradiction, contribuant, tout à la fois, à la mémoire des actions des combattants et formations supplétives ainsi qu’à celle des conséquences de ces conflits pour les populations concernées.
[Le 18 novembre 2010]