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Édition du 1er au 15 janvier 2025
Béziers, Rue du 19 mars 1962, le 9 mars 2015

Appels à contre-rassemblement à Béziers, le 14 mars 2015 (màj)

La décision de Robert Ménard de renommer Rue du commandant Denoix de Saint-Marc la rue dont le nom évoquait la date du cessez-le-feu en Algérie continue à être contestée. Quatre associations concernées par la guerre d'Algérie ont rédigé un appel à se réunir pacifiquement dans cette rue de Béziers, le 14 mars 2015 à 14 heures, pour manifester leur hostilité à ce projet de Robert Ménard.
  • Un tract diffusé par des associations et des organisations politiques ou syndicales locales appelle à se joindre à la manifestation ; il est téléchargeable : “Sauvons le nom de la Rue du «19 Mars 1962» à Béziers”.
  • Une pétition lancée par le Mouvement de la Paix en faveur du maintien de la rue du 19 mars 1962 à Béziers est en ligne.
  • Un recours “en excès de pouvoir” visant le maire a été enregistré, le 24 février, par le tribunal administratif de Montpellier.
Ci-dessous : Nouveau : Hélie Denoix de SM est-il bien un héros ?
Rendez-vous le 14 mars à 14 h au début de la rue du 19 mars 1962, côté bd Jules Cadenat.
[Mis en ligne le 14 février 2015, mis à jour le 13 mars 2015]


Dernière minute (le 13 mars 2015)

Sollicité par Maître Sophie Mazas, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme de l’Hérault, « afin de mettre en oeuvre [ses] pouvoirs de police concernant la manifestation sur la voie publique que constitue cette inauguration», le directeur de cabinet du préfet de la région Languedoc-Roussillon, préfet de l’Hérault, lui a répondu ceci :

«S’agissant de la cérémonie programmée par la municipalité de Béziers samedi prochain 14 mars 2015 ainsi que de la manifestation de protestation organisée concomitamment par un collectif d’associations, Monsieur le préfet tient à vous préciser que toutes les dispositions nécessaires seront prises pour préserver l’ordre public ainsi que la sécurité de l’ensemble des personnes souhaitant s’associer à l’un ou l’autre de ces événements.»

Béziers, Rue du 19 mars 1962, le 9 mars 2015
Béziers, Rue du 19 mars 1962, le 9 mars 2015

communiqué inter-associatif

Béziers, samedi 14 mars – Les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas les bienvenus !

Le maire de Béziers, soutenu par le Front national, s’apprête à débaptiser une « rue du 19 mars » pour la renommer rue du « Commandant Hélie Denoix de Saint Marc ». La cérémonie est prévue pour le samedi 14 mars à 14 h 30.

Tout ce que la France compte de nostalgiques de l’Algérie française, cercle algérianiste, associations de rapatriés et d’organisations pro-OAS s’organise pour faire de cette cérémonie un grand rassemblement national.

Cette constellation réactionnaire a salué la décision de Robert Ménard pour une double raison.

Forte de son négationnisme, elle continue à prétendre que l’armée française aurait été contrainte de signer, le 19 mars 1962, un cessez-le-feu avec une armée de libération nationale algérienne totalement défaite. Cette signature serait une trahison et ne saurait acter la fin d’une guerre qui n’aurait jamais été qu’une intervention de maintien de l’ordre dans des départements français. Si, à la suite du cessez-le-feu, des crimes et des violences ont continué à faire des morts et des disparus aussi bien du côté français qu’algérien, le déchaînement de la folie meurtrière de l’OAS y a été pour beaucoup.

L’autre raison est l’utilisation du nom de Hélie Denoix de Saint Marc présenté comme « héros de la résistance, et déporté à Buchenwald… une personnalité d’exception aux hautes valeurs morales et au sens de l’honneur indiscutable » (déclaration du Cercle algérianiste).

Cette réputation est totalement surfaite. Son passé de résistant et de déporté, indûment utilisé pour se fabriquer la légende d’un « sage qui ne renie rien », ne l’exonère aucunement du rôle qu’il a joué à deux reprises. Cet homme, en effet, a été un croisé de la colonisation et un défenseur irréductible de la domination coloniale, d’abord au Vietnam puis en Algérie : en 1957, aux côtés du général Massu, pendant la bataille d’Alger, pour pourchasser les indépendantistes algériens, en couvrant de son autorité les pires méthodes d’élimination ; puis, quatre ans plus tard, à la tête du 1er REP pour participer au « putsch des généraux » du 21 avril 1961.

Si, après l’échec de ce complot, il n’a pas déserté, contrairement à d’autres officiers, pour rejoindre l’OAS, il n’a rien fait pour démentir les jusqu’au-boutistes de l’Algérie française qui utiliseront sa personnalité comme un emblème de leur combat. Jusqu’à la fin de sa vie, il gardera le silence aussi bien sur la pratique de la torture par l’armée française que sur l’action criminelle de l’OAS.

L’annonce du rassemblement anti-républicain prévu à Béziers le samedi 14 mars n’a pas tardé à faire réagir les associations et organisations progressistes ci-après, qui appellent à un contre-rassemblement le 14 mars 2015 à 14 h 00, rue du 19 mars 1962 à Béziers.

Le 14 février 2015

Associations signataires ,

en commençant par les quatre associations qui l’ont initié.

– Les Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (4acg) Site
– Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)
– Association nationale des pieds noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA) Site
– Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons Site

– Memorial 98 Site
– Au nom de la mémoire
– Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
– Sortir du colonialisme.
– Comité Vérité et Justice pour Charonne
– Association biterroise France Algérie (ABFA)
– Les Amis de Tirésias
– La Cimade Languedoc Roussillon

Communiqué LDH Languedoc Roussillon

Le 14 mars à Béziers

Le 11 Décembre dernier, le Maire de Béziers, Robert Ménard, présente et fait voter par le Conseil Municipal (39 voix, dont les 37 élus de sa liste d’extrême droite) le changement de dénomination d’une rue de la ville commémorant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie le 19 Mars 1962, par le nom du Commandant Denoix de Saint Marc.

19 Mars 1962 ? Cette date est qualifiée par les nostalgiques de l’Algérie Française de « trahison », puisque selon eux, ce qui se passait en Algérie n’était pas une guerre d’indépendance, mais une opération de maintien de l’ordre dans un département français.

Mr Denoix de St Marc a été en effet résistant et déporté pendant la guerre de 40, tout en étant un fervent soutien de la domination coloniale française, d’abord au Vietnam puis en Algérie. Il a participé aux méthodes du Général Massu ; puis en 1961 il a engagé son autorité lors du putsch des généraux.

Monsieur Ménard fait par là non seulement une forme de retour vers la glorification de la colonisation au mépris de la véritable histoire de la France et de l’Algérie, mais aussi une politique malsaine et stigmatisante sur l’espace public, après l’introduction d’une créche à la Mairie, l’affichage dans les rues de la ville d’une profession de foi militariste, et d’autres mesures discriminantes entre citoyens.

Nous savons que Mr Ménard sait manier une communication provocante qui lui permet de se faire remarquer à un niveau national, nous savons qu’il attaque certains journalistes qui essaient de faire leur travail d’information et d’analyse sur place, nous savons qu’il aime mettre en avant des valeurs identitaires qui sont à l’opposé des valeurs que notre organisation soutient et défend, dans le respect de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.

C’est pourquoi la LDH régionale appelle à rejoindre les collectifs d’associations républicaines biterroises, des associations d’anciens combattants et de rapatriés, qui vont se mobiliser le 14 Mars pour participer à un rassemblement unitaire contre ce changement de nom de rue à Béziers.

Béziers, le 23 février 2015

Lettre du sénateur Pierre Laurent secrétaire national du PCF
au Secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire
1

Contre une rue du commandant Hélie Denoix de Saint Marc à Béziers

le 26 février 2015

Monsieur le Secrétaire d’Etat,

Je me permets d’attirer votre attention sur l’intention du maire de la ville de Béziers de rebaptiser la rue du 19 mars 1962, date marquant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie, en rue du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, un militaire ayant participé au putsch du quarteron des généraux du 21 avril 1961.

Il est tout d’abord à noter que le 19 mars 1962 est référencé dans 8.000 communes de France et que cette date est inscrite au premier rang, suivant l’ordre chronologique, des onze journées nationales commémoratives répertoriées par les services du ministère de la défense dans le calendrier annuel des cérémonies officielles.

Par ailleurs l’attribution d’un nom à une rue ou une modification de nom par un conseil municipal doit notamment être motivée par la poursuite de l’intérêt public local et ne pas constituer un trouble au regard de l’ordre public.

Or, ce projet est inacceptable et ne peut qu’indigner tous ceux qui sont attachés au respect des institutions de la République, contre lesquelles les putschistes – dont le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, condamné par la justice française – et les membres de l’OAS ont recouru aux moyens les plus violents et les plus condamnables.

Il constitue en outre un acte d’apologie de la colonisation qui a, notamment en Algérie, eu pour conséquence des crimes de masse, ce qui ne peut que choquer profondément l’ensemble de nos concitoyens et nuire aux relations entre le peuple français et les peuples issus des anciennes colonies.

Pour toutes ces raisons, je vous serais reconnaissant, Monsieur le Secrétaire d’Etat, de m’indiquer quelles sont les mesures d’ores et déjà mises en œuvre ou envisagées par le Gouvernement pour faire obstacle à la réalisation de ce projet irresponsable et juridiquement contestable.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Secrétaire d’Etat, l’expression de mes salutations les plus distinguées.

  1. Référence : http://www.senat.pierrelaurent.org/Contre-une-rue-du-commandant-Helie.html
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