Déclaration de l’Association Maurice Audin
Le 11 juin 1957, à Alger, Maurice Audin était enlevé par des parachutistes français. Détenu, torturé, il a été assassiné et l’armée a fait disparaitre son corps. Pendant 57 ans, la raison d’état a imposé la thèse officielle de l’évasion. Plus de 60 ans ont passé, l’association Maurice Audin attend une déclaration du Président de la République reconnaissant non seulement la détention de Maurice Audin par l’armée mais aussi qu’il a été torturé et que son assassinat est bien un crime d’Etat. Une telle déclaration permettrait de montrer que l’État libère désormais la parole, suscite des témoignages et ouvre la voie à de nouvelles investigations pour établir ce qu’a précisément subi Maurice Audin à compter du 11 juin 1957.
Pour soutenir cette exigence nous organiserons un rassemblement
le 11 juin 2018,
à 18h,
Place Maurice Audin à Paris Ve.
Après le dépôt d’une gerbe l’association Maurice Audin exposera ses exigences. Nous espérons que cette initiative sera soutenue et relayée par de nombreuses
associations, mouvements et partis.
Paris le 26 mai 2018.
Les vidéos de la table ronde du 22 mai dans l’auditorium de l’Hôtel-de-ville de Paris, « Maurice Audin, emblématique des pratiques de l’armée française pendant “La bataille d’Alger” », organisée par l’Association Maurice Audin, avec les historiens Sylvie Thénault, Fabrice Riceputi et Pierre-Jean Le Foll-Luciani, sont disponibles sur YouTube.
Voici les liens :
L’association a réélu le même jour, lors de son assemblée générale, Pierre Mansat comme président.
Voir le site de l’Association Maurice Audin
Nous reproduisons ci-dessous trois des entretiens du dossier du quotidien El Watan du 8 juin 2018 réalisé par Samir Ghezlaoui (voir son article « L’affaire Maurice Audin. Le moment de vérité historique »).
Ce dossier comprend aussi
• un entretien avec Rosa Moussaoui, journaliste à l’Humanité, « Il est temps que la vérité soit dite à propos des crimes commis par l’armée française en Algérie »
• un entretien avec Pierre Mansat, président de l’Association Maurice Audin, « Plus de 3000 Algériens ont connu le même sort que Maurice Audin »
• un entretien avec Henri Pouillot, président du Réseau Sortir du colonialisme, « Tant que des militaires encore vivants peuvent être impliqués, le silence restera la règle…»
Josette Audin, veuve de Maurice Audin : « Nous participions à la Guerre algérienne de libération »1
– Votre époux s’était-il senti menacé durant les quelques jours ou heures qui ont précédé son arrestation ?
Une chose est sûre, c’est qu’il savait ce qui l’attendait, surtout depuis que le Parti communiste algérien (PCA), au sein duquel il luttait pour l’indépendance de l’Algérie, avait été interdit par les autorités coloniales. D’ailleurs, dès lors, nous étions contraints à vivre cachés et à militer dans la clandestinité.
– Comment jugez-vous l’évolution de l’affaire Maurice Audin durant ces 61 longues années ?
Depuis le 11 juin 1957, date de son arrestation par les parachutistes de l’armée française, sont effectivement passées de nombreuses années, malheureusement l’affaire n’a pas vraiment beaucoup évolué. D’abord, sur le plan judiciaire, tout est verrouillé. Ensuite, sur le plan politique, il reste énormément de choses à faire, même si l’ancien président de la République, François Hollande, avait fait un petit pas en abandonnant la thèse officielle de l’évasion.
– Justement, François Hollande a reconnu qu’Audin était mort en détention. Pensez-vous qu’Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement la responsabilité de la France dans ce crime d’Etat ?
Je l’espère ! On verra bien ce qu’il va faire. Mais pour le moment, il traîne et on ne voit pas les choses avancer. L’actuel Président a fait quelques confidences à ses proches sur ce qu’il pense à titre personnel, notamment à Cédric Villani (ami d’Emmanuel Macron et député de son parti, La République en marche, ndlr). Toutefois, bien que plusieurs personnalités l’aient appelé à faire une déclaration officielle pour enfin reconnaître au nom de la France ce crime d’Etat, il ne semble pas avoir l’intention de le faire pour l’instant.
– Pour vous, quelle serait la meilleure issue possible pour ce dossier qui vous satisferait entièrement ?
Pour être franche, je ne pourrai jamais être entièrement satisfaite puisque Maurice n’est plus là. Cependant, j’attends une déclaration du président Macron reconnaissant le crime d’Etat et annonçant que la raison d’Etat exige désormais que tous ceux qui connaissent la vérité disent ce qu’ils savent.
– Contrairement à beaucoup de personnes qui présentent Maurice Audin comme mathématicien ou intellectuel français, vous préférez, comme dans la lettre envoyée à François Hollande en août 2012, mettre en avant son algérianité. Pourquoi ?
Je considère que ce n’est pas parce qu’il était mathématicien ou Français qu’il a été arrêté, mais plutôt parce qu’il était Algérien et se battait pour la libération et l’indépendance de son pays, l’Algérie.
– Que pensait-il de la présence française en Algérie et particulièrement de la Guerre de Libération nationale ?
Il n’était pas du tout d’accord avec la façon dont la France se comportait en Algérie. C’est pour cela qu’il a participé, certes à sa façon, à la Guerre de Libération nationale.
– Quel message pouvez-vous adresser au peuple algérien qui considère Maurice Audin comme l’un de ses valeureux martyrs ?
Pour moi, l’Algérie est toujours mon pays. Je reste très attentive au devenir de l’Algérie et du peuple algérien. Je suis toujours très émue d’apprendre que Maurice Audin a une place importante dans le cœur des Algériens.
Née Sempé, Josette Audin est professeur de mathématiques à la retraite. Elle a travaillé à Alger jusqu’à l’été 1966, où elle quitte l’Algérie après la situation créée dans le pays par le coup d’Etat du 19 juin 1965. Aujourd’hui, à 87 ans, l’épouse de Maurice Audin continue le combat pour la vérité et la justice concernant la disparition du militant communiste et anticolonialiste algérien. Depuis le 21 juin 1957, date supposée de sa mort, probablement sous la torture des parachutistes de Massu, Josette ne lâche rien malgré le poids des ans. Il faut croire qu’elle trouve une bonne inspiration dans les photos de Maurice Audin, éternel jeune homme de 25 ans, son âge au moment des faits. L’ancienne militante du Parti communiste algérien (PCA), comme son défunt mari, ne se contente pas de demander à l’Etat français de reconnaître sa responsabilité dans l’assassinat du père de ses enfants, mais elle se bat surtout pour arracher à la France la reconnaissance du statut de «crime d’Etat» dans cette affaire et de condamner en tant que telle la pratique de la torture pendant la Guerre de Libération nationale (1954-1962). Quoique son état de santé soit un peu précaire, Josette Audin a accepté de répondre à nos questions, avec des mots succincts, précis et francs.
Sadek Hadjerès, ancien responsable du Parti communiste algérien : Audin se considérait comme un Algérien à part entière et militait activement pour l’indépendance de son pays
– Comment avez-vous connu Maurice Audin ?
Je l’ai connu en tant que membre du Parti communiste algérien (PCA), auquel nous avons adhéré à la même période, au début des années cinquante. Il était surtout très actif au sein de la cellule Langevin des étudiants communistes, mais il fréquentait aussi La Robertsau (foyer des étudiants musulmans de l’université d’Alger, ndlr).
Il était très proche de l’Association des étudiants musulmans d’Afrique du Nord (AEMAN), qui deviendra l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) en 1955. Je dois dire qu’il était, parmi une dizaine d’autres étudiants communistes (Rebbah Noureddine, Mohammed-Saïd Salah, Ahmed Inal, Abdelhafid Ihaddaden, etc.) parmi les plus actifs et engagés dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Maurice Audin, en particulier, était un militant remarquable et intelligent, avec une grande capacité d’écoute et d’analyse.
– A votre connaissance, est-ce qu’il avait une relation directe avec les membres de la direction de la Révolution algérienne qui se trouvaient à Alger ?
Je sais qu’il entretenait des contacts avec certains cadres et étudiants du Front de libération nationale (FLN). Je pense à Mohamed Seddik Benyahia, à Lamine Khène, à Allaoua Benbaatouche et à d’autres leaders, étudiants membres du FLN, qui vont d’ailleurs décréter la grève du 19 mai 1956.
A cette époque, Maurice et sa femme Josette activaient politiquement dans la clandestinité à cause de l’interdiction du PCA, le 13 septembre 1955. Ce jour-là, je me souviens de m’être rendu chez eux.
Nous avons discuté de ce qu’il fallait faire après cette décision afin de maintenir notre action politique clandestinement. C’est la dernière fois que je l’ai rencontré. Je garde toujours l’image de lui et de son épouse penchés tendrement sur le berceau de leur enfant. Je n’imaginais pas que vingt mois plus tard, il allait être assassiné d’une façon atroce.
– Quel a été son rôle concret durant la Guerre de Libération nationale, particulièrement au sein du PCA, qui lui a valu d’être arrêté ?
Contrairement à ce qu’ont déclaré certains responsables militaires après son assassinat, Maurice Audin n’était pas impliqué dans l’action armée menée par le PCA à travers l’organisation des Combattants de la libération (CDL).
Lui, il menait le combat plutôt sur un plan politique, notamment avec son ami Henri Alleg – avec qui il militait pour, entre autres, lever l’interdiction qui frappait le journal Alger Républicain (interdit depuis septembre 1955, ndlr) – et certains membres de la direction du PCA dissous restés actifs, à l’instar de Paul Caballero et Larbi Bouhali. Ce dernier a pu d’ailleurs quitter clandestinement l’Algérie, fin 1956, grâce à un plan de sortie auquel Maurice Audin a largement contribué.
En outre, il organisait une partie du service médical mis en place par le PCA au profit de ses militants. C’est ainsi qu’il a reçu chez lui Paul Caballero, en avril 1957, afin que celui-ci soit soigné par le docteur Georges Hadjadj. Ce qui a été la raison de son arrestation (arrêté et torturé par les parachutistes, le docteur Hadjadj avait donné le nom de Maurice Audin, ndlr).
Jusque-là, les directions et actions du PCA et du CDL étaient séparées. Ce n’est qu’après l’arrestation de Maurice Audin, suivie de celles des camarades Henri Alleg, Paul Caballero et André Moine, que nous avions décidé, Bachir Hadj Ali et moi, de reprendre la direction de l’ensemble des activités politiques et armées du parti.
– Dans sa vie et son engagement, quelle relation avait Maurice Audin avec l’Algérie et le peuple algérien ?
Maurice Audin se considérait comme un Algérien à part entière et militait activement pour l’indépendance de son pays. Il a adopté la position et les revendications du PCA. C’est-à-dire aboutir à une Algérie indépendante où tous les Algériens, y compris ceux d’origine européenne qui demandent la nationalité algérienne, vivent en paix et construisent ensemble leur pays.
Il faisait partie des militants dits «européens» pour qui l’Algérie était leur seule patrie, comme Henri Maillot, Fernand Iveton et beaucoup d’autres. Ils avaient une relation profonde et charnelle avec l’Algérie, ils sentaient et défendaient leur appartenance à la nation algérienne, et ce, malgré les pressions d’une partie des pieds-noirs.
Ce qui me rend triste, c’est de penser que s’ils avaient survécu, ils seraient sans doute parmi les premières victimes de la répression antidémocratique en Algérie après l’indépendance. En effet, leur engagement n’était pas uniquement patriotique, mais aussi social et démocratique. –
Sadek Hadjerès est un ancien militant du Parti communiste algérien (PCA) dont il était l’un des principaux responsables entre 1952 et 1965.
Il a été également le chef national (fonction qu’il partageait avec Bachir Hadj Ali) de l’organisation Combattants de la libération (CDL), branche armée du PCA, fondée début 1956 pour participer à la Révolution algérienne en collaboration avec l’Armée de libération nationale (ALN).
L’auteur de l’ouvrage Quand une nation s’éveille (2014) connaissait de près Maurice Audin et son engagement politique, au sein du PCA, en faveur de l’indépendance de l’Algérie.
Gilles Manceron, historien : L’assassinat de Maurice Audin aurait-il été commis « pour l’exemple », comme l’exécution de Fernand Iveton ?2
– Quels sont les faits historiques avérés dans l’affaire Audin ?
Durant le premier semestre de 1957 –que l’historien Gilbert Meynier proposait d’appeler non pas la «Bataille d’Alger» mais plutôt la «grande répression d’Alger» – Maurice Audin, jeune assistant de mathématiques à l’université d’Alger, a été enlevé à son domicile dans la nuit du 10 au 11 juin par des parachutistes français.
Transporté vers un centre de détention à El Biar, dans ce qui était alors l’avenue Georges-Clemenceau (aujourd’hui Ali Khodja), il a été torturé puis assassiné, probablement le 21 juin. A cette période, de la même façon, des milliers d’Algériens ont été enlevés, torturés et ensuite assassinés. Des historiens travaillent sur la liste de ces victimes dont les familles ont essayé, en vain, d’avoir des nouvelles.
Plus de mille fiches les concernant ont été retrouvées dans les archives. Des Européens favorables à l’indépendance de l’Algérie ont été, eux aussi, arrêtés et parfois torturés. Maurice Audin est l’un d’entre eux. Mais il est le seul parmi eux à avoir été finalement assassiné par l’armée française durant sa détention.
– Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il s’agit d’un crime d’Etat ?
L’arrestation de Maurice Audin, sa détention, les tortures qu’il a subies et son assassinat ont été rendus possibles par le fait que les autorités françaises officielles avaient chargé, le 7 janvier 1957, tout à fait explicitement et légalement, la 10e division parachutiste commandée par le général Massu du maintien de l’ordre à Alger. Elles se sont basées sur des textes officiels parfaitement légaux, notamment la loi des pouvoirs spéciaux votée par le Parlement français, le 12 mars 1956, à la demande du gouvernement Guy Mollet. Le 16 mars, ladite loi a été publiée au Journal officiel de la République française. Elle fut suivie, le 17 mars, d’un décret autorisant le ministre résident – en l’occurrence Robert Lacoste, qui était bien installé à ce poste entre février 1956 et mai 1958, et gouvernait l’Algérie en plein accord avec le chef d’état-major des armées, Raoul Salan – à prononcer l’assignation à résidence surveillée contre toute personne dont l’activité s’avère « dangereuse pour la sécurité de l’ordre public » et, surtout, à déléguer des pouvoirs civils aux militaires.
Donc l’assassinat d’Audin est un crime d’Etat quels qu’aient été les décideurs et les exécutants ; même si on peut penser que les décideurs sont à chercher du côté de Lacoste, Massu et Salan ; même si la France se trouvait à ce moment sans gouvernement, puisque le gouvernement Guy Mollet était tombé le 21 mai. Le 7 juin, le président de la République, René Coty, a fait appel à Maurice Bourgès-Maunoury qui était pire encore dans son jusqu’au-boutisme colonial que son prédécesseur. Le 19 juin, il annonça la composition de son gouvernement dont faisait partie André Morice (l’initiateur de la meurtrière «ligne Morice»), Max Lejeune (l’auteur de l’acte de piraterie internationale du détournement de l’avion des cinq chefs du FLN) et Robert Lacoste (confirmé dans ses fonctions). C’est à ce moment-là, vraisemblablement, que Paris a appris ce qui s’est passé avec Maurice Audin. Mais cela n’empêche pas que l’Etat est responsable du crime.
– Comment jugez-vous l’évolution de l’affaire entre 1957 et 2018 ?
Le 22 juin 1957, Josette, épouse de Maurice Audin, reçoit la visite de deux parachutistes qui parlent de lui au passé. Quand, le 1er juillet, elle est reçue par le colonel Trinquier, il lui dit que, le 21 juin au soir, au cours d’un transfert où il avait été assis seul, non menotté, à l’arrière d’une jeep, son mari s’est évadé.
Elle ne croit pas une seconde à cette fable ridicule, sachant que les disparitions de prisonniers lors d’une tentative d’évasion étaient à l’époque la couverture habituelle des exécutions sommaires. Elle accuse les parachutistes de l’avoir tué et dépose plainte pour homicide volontaire. L’armée organise ensuite une fausse évasion afin que de vrais témoins de celle-ci puissent en attester. Mais l’historien Pierre Vidal-Naquet décrypte le stratagème de cette fausse évasion qui est balayé par le Comité Maurice Audin.
Un autre récit lui est alors rapporté : Audin aurait été étranglé lors d’une séance de torture par le lieutenant Charbonnier. Ce récit servait-il à tenter de dissimuler un assassinat sur ordre ? Rien de tel n’a été démontré. L’instruction judiciaire de l’affaire a été bloquée par le pouvoir politique en 1960 et éteinte en 1966. Une autre plainte n’a pas abouti.
Mais sous les présidences de François Hollande puis d’Emmanuel Macron, des faits nouveaux sont intervenus. Une journaliste du Nouvel Observateur a publié, en 2012, un document inédit et un livre a rapporté, en 2014, des propos qu’aurait tenus le tortionnaire Aussaresses peu avant sa mort. Le 18 juin 2014, François Hollande a publié un communiqué déclarant que Maurice Audin était mort durant sa détention. Enfin, Cédric Villani a rapporté à plusieurs reprises (à l’université Jussieu le 12 janvier, à L’Humanité le 22 janvier et à l’Assemblée nationale le 14 février 2018) les propos d’Emmanuel Macron qui lui a dit que Maurice Audin aurait été « assassiné » ou « exécuté » par l’armée française.
– Certains disent qu’Emmanuel Macron semble vouloir épargner l’Etat français de sa responsabilité dans ce dossier en confiant le travail d’enquête aux seuls historiens. Qu’en pensez-vous ?
Ce que doit faire Emmanuel Macron, c’est reconnaître, d’abord, qu’un crime d’Etat a été commis. Qu’il répète publiquement ce qu’il a dit à Cédric Villani. Ensuite, mais indépendamment, qu’il facilite le travail des historiens en leur donnant accès à toutes les archives et en autorisant les militaires à dire ce qu’ils savent sur cet assassinat.
Cette reconnaissance nécessaire est tout à fait indépendante du travail que les historiens continuent à faire sur le contexte de ce crime d’Etat. En particulier sur le parti auquel appartenait Audin, le PCA, dont les responsables ont décidé en 1955 de rejoindre la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie et créé les Combattants de la Libération (CDL).
Henri Maillot — militant du PCA, qui a détourné un chargement d’armes de l’armée française, le 4 avril 1956, au profit de l’ALN et des CDL — a été fait prisonnier puis assassiné avec quatre autres combattants communistes en juin. Le 14 novembre, son camarade Fernand Iveton a déposé une bombe dans l’usine où il travaillait, qui ne pouvait faire de victimes. Il a été arrêté et guillotiné le 11 février 1957, « pour l’exemple ».
L’assassinat de Maurice Audin aurait-il donc été destiné à faire un autre exemple pour les militants du PCA qui avaient choisi de rejoindre la lutte armée d’indépendance algérienne ? C’est l’une des hypothèses sur laquelle les historiens doivent travailler. Indépendamment de la demande de reconnaissance officielle, urgente, du crime d’Etat.
Gilles Manceron est un historien français, spécialiste de la colonisation et de la Guerre d’Algérie. Il est connu pour ses positions anticolonialistes et a dénoncé, à maintes reprises, l’usage de la torture par l’armée française. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Marianne et les colonies. Une introduction à l’histoire coloniale de la France (2003). Il est aussi militant de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et membre de l’association Maurice Audin.