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Édition du 1er au 15 octobre 2024

Le déni des crimes de l’OAS
comme de ceux du fondateur du Front national
doit être refusé et combattu

La France ne pourra assumer son passé colonial que lorsque les crimes commis par des militaires français dans la guerre d'Algérie, comme ceux perpétrés par l'organisation jusqu'au-boutiste de la colonisation qu'a été l'OAS, ne feront plus l'objet de dénis, comme c'est encore trop souvent le cas. On lira ainsi ci-après une tribune sur la tentative de réhabilitation de l’OAS de la part de la municipalité Rassemblement national de Perpignan à travers la figure de Pierre Sergent. Et, à l'inverse, l'hommage justifié rendu le 15 mars 2023 aux six inspecteurs des Centres sociaux assassinés froidement par l'OAS auquel nous nous réjouissons que Benjamin Stora a participé. C'est l'occasion de rappeler que les propos inexacts tenus dans un podcast de France inter concernant la participation de Jean-Marie Le Pen à la torture lors de la « bataille d'Alger » doivent faire l'objet de la part de cette chaîne d'un rectificatif clair.
S’il fut un élu de Perpignan, Pierre Sergent fut surtout une figure majeure de l’Organisation armée secrète, groupe terroriste d’extrême droite. (Ulrich Lebeuf/M.Y.O.P.)
S’il fut un élu de Perpignan, Pierre Sergent fut surtout une figure majeure de l’Organisation armée secrète, groupe terroriste d’extrême droite. (Ulrich Lebeuf/M.Y.O.P.)

Rendre hommage à un pilier de l’OAS, c’est légitimer le racisme


Texte collectif d’historiens et de personnalités publié par Libération le 19 mars 2023. Source

A Perpignan, le maire RN, Louis Aliot, inaugure une exposition sur « l’illusion de la paix en Algérie » après avoir renommé une esplanade « Pierre Sergent », officier de l’organisation terroriste. Soixante et un ans après les accords d’Evian, cet hommage radicalise les militants d’extrême droite, dénonce un collectif dont Michèle et Pierre Audin ainsi que Benjamin Stora. Ce dimanche 19 mars 2023, nous commémorons le 61e anniversaire de l’acte fondamental posé par la signature des Accords d’Evian négociés entre le GPRA et le gouvernement français : l’entrée en vigueur d’un cessez-le feu officiel entre les belligérants qui annonce la fin de la guerre d’Algérie et ouvre la voie à l’Indépendance. Nostalgique de l’Algérie française, Louis Aliot, maire RN de Perpignan, marque cette date en inaugurant une exposition intitulée « 19 mars 1962 : l’illusion de la paix en Algérie ». Et ceci, quelques mois après avoir décidé d’honorer Pierre Sergent en donnant le nom de celui-ci à un espace de Perpignan. Or, s’il fut un élu de la ville, Pierre Sergent fut surtout une figure majeure de l’OAS (« Organisation de l’Armée Secrète »), groupe terroriste d’extrême-droite qui tenta par la violence de maintenir la tutelle coloniale de la France sur l’Algérie. L’objectif principal que s’était assigné l’OAS se solda par un échec puisqu’en 1962 s’achèvent 132 ans de colonisation française en Algérie. Cette sortie du colonialisme est une victoire pour les nationalistes algériens et leurs alliés. Le 5 juillet 1962, jour de la proclamation de l’indépendance, les drapeaux et les youyous dans les rues d’Algérie sont bien plus que des explosions de joie : ils sont un acte de souveraineté et de dignité. Chez une partie des centaines de milliers d’appelés embarqués dans une guerre qui les dépassait, 1962 est une source de rancœur et un carburant au racisme. Mais elle constitue pour la majorité d’entre eux une libération et la promesse d’un retour prochain au pays, retour obscurci par le souvenir amer des violences infligées et parfois subies. Ce sont ces appelés qui, mobilisés dans les associations d’anciens combattants, sont à l’origine de l’inscription de ce 19 mars dans notre calendrier commémoratif national. Pour d’autres acteurs de ce conflit, le 19 mars 1962 annonce des bouleversements d’un autre ordre. En 1962, le feu ne cesse pas. Au contraire, la violence se déchaine : contre des harkis pris pour cible par des nationalistes algériens, au sein du camp nationaliste entre les militaires de l’ALN et les militants du FLN, mais également contre les milliers de victimes frappées par la fureur des ultras de l’Algérie française, notamment regroupés au sein de l’OAS.

Une organisation terroriste qui a multiplié les attentats

Créée en 1961 dans la clandestinité, l’OAS lance ses membres dans une course à l’abime afin d’empêcher l’indépendance. L’organisation terroriste multiplie les attentats au point que, le 15 mai 1962 à Alger, on compte un attentat toutes les dix minutes. Les attentats sont aveugles ou ciblent des militants indépendantistes, des policiers, des officiers gaullistes, des chrétiens de gauche, des communistes, des socialistes, des barbouzes envoyés par le gouvernement ou encore des soldats du contingent. Les bombardements au mortier des quartiers algériens se multiplient et des voitures piégées y explosent régulièrement. Enfin, l’OAS développe l’almanach du meurtre en désignant successivement des catégories d’Algériens à éliminer : le jour des instituteurs, le jour des pharmaciens, le jour des fonctionnaires etc. Cette stratégie de la radicalisation et du chaos pousse nombre de Français d’Algérie à l’exil. En effet, les nombreuses exactions à l’endroit des Algériens contribuent à ce que certains d’entre eux aient des réactions violentes à l’endroit des Français d’Algérie, à l’exemple de la sanglante journée du 5 juillet 1962 à Oran. En outre, cette stratégie est elle-même composée d’exactions à l’endroit des Français d’Algérie réticents ou opposés au jusqu’auboutisme de l’OAS. L’OAS tente également de déplacer le conflit en métropole. Pierre Sergent, officier ayant participé au « putsch des généraux », crée et dirige la branche métropolitaine de l’organisation terroriste. Avant même que cette branche ne soit formalisée, le maire d’Evian, Camille Blanc, est assassiné par l’OAS le 31 mars 1961 pour avoir accepté que sa ville serve de cadre aux pourparlers de paix. Le 7 février 1962, le ministre de la Culture, André Malraux, échappe à un attentat qui laissera néanmoins Delphine Renard défigurée. En tout, l’OAS fait 71 morts et 394 blessés sur le sol métropolitain. C’est cette activité qui conduisit à la condamnation à mort par contumace de Pierre Sergent, ultérieurement amnistié. Cet engagement meurtrier et antirépublicain n’a pourtant pas dissuadé Louis Aliot de donner le nom de Pierre Sergent à une esplanade de sa ville. Cet hommage rendu à un terroriste, défenseur d’un système colonial raciste et violent n’est pas une maladresse. Il rentre bien plus sûrement dans une stratégie de réhabilitation de l’OAS et de ses actes criminels comme le montrent les arguments employés le 22 septembre dernier lors de la séance du conseil municipal ayant voté cet hommage. Ce n’était en effet pas l’ancien élu (FN) de la ville de Perpignan ou de la région Languedoc-Roussillon qui était loué mais bien l’activiste à l’origine d’actes criminels.

La réhabilitation du colonialisme en question

Que l’on ne s’y trompe pas. Au-delà du fait que cet hommage rendu à Pierre Sergent réveille des douleurs, la réhabilitation du passé colonial et des combattants de l’Algérie française est un cheval de Troie de l’idéologie d’extrême droite. Cette dernière s’attache à faire le lien entre le combat pour l’Algérie française et un combat contemporain pour la « France française ». Cette dernière est décrite comme assiégée par la présence d’une immigration post-coloniale. La diffusion de cette mentalité d’assiégés fait courir le risque d’une fracture au sein de notre société. Elle vise à distinguer les Français selon leurs généalogies, à placer ceux d’entre eux qui se vivent comme de lointaine ascendance française dans une position de victimes et à pousser ces derniers à une mobilisation générale pour défendre leur territoire et leur identité. Dans ce contexte, la violence n’est plus une attaque mais un acte de résistance légitime. Cette stratégie d’extrême droite – dans laquelle s’inscrit l’hommage à Pierre Sergent – arme, légitime et radicalise déjà de nombreux militants. C’est ce qu’attestent les références fréquentes à l’OAS ou à l’Algérie française au sein de groupes d’extrême-droite radicalisés, voire terroristes, qui ont émergé, tenté de frapper ou agi de façon criminelle ces dernières années. Face à la réhabilitation de l’OAS notamment incarnée par la volonté de renommer « Esplanade Pierre Sergent » un espace de la ville de Perpignan, nous tirons la sonnette d’alarme. Réhabiliter les criminels, c’est réhabiliter leurs crimes. Et réhabiliter ces derniers, c’est créer les conditions de leur répétition. Signataires : Linda AMIRI, maître de conférence en Histoire contemporaine, Université de Guyane Nils ANDERSSON, ancien éditeur Michèle AUDIN, écrivaine Pierre AUDIN, fils de Josette et Maurice Audin Patrick BAUDOUIN, président de la Ligue des droits de l’Homme Emmanuel BLANCHARD, historien, Université Versailles Saint-Quentin, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye Pascal BLANCHARD, historien, CRHIM/UNIL Louri CHRETIENNE, président de « La FIDL, le syndicat lycéen » Catherine COQUERY VIDROVITCH, professeure en Histoire de l’Afrique Léon DEFFONTAINES, secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France Karima DIRECHE, historienne, directrice de recherche CNRS Kaltoum GACHI, co-rpésidente du MRAP Jean-François GAVOURY, président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS Camille HACHEZ et Clovis DAGUERRE, secrétaires fédéraux des Jeunes écologistes Samuel HAYAT, politiste Samuel LEJOYEUX, président de l’UEJF Gilles MANCERON, historien Georges MORIN, enseignant universitaire, président de Coup de soleil Paul Max MORIN, politiste Imane OUELHADJ, présidente de l’UNEF Jean-Philippe OULD AOUDIA, président de l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons » Denis PESCHANSKI, historien Jacques PRADEL, président de l’Association nationale des pieds noirs progressistes et leurs amis Tramor QUEMENEUR, historien, chargé de cours aux universités de Paris 8 et de Cergy Emma RAFOWICZ, secrétaire nationale des Jeunes Socialistes Alain RUSCIO, historien Nina SERON et Julian CALFUQUIR, référents nationaux du Réseau de jeunes du Parti de gauche Eric SIRVIN et François-Xavier RICARD, président et membre du CA des Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre Isabelle SOMMIER, professeure de sociologie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Dominique SOPO, président de SOS Racisme Benjamin STORA, historien Sylvie THENAULT, historienne, directrice de recherche au CNRS



Discours de Jean Philippe Ould-Aoudia le 15 mars 2023 au ministère de la Transformation et de la Fonction Publiques à Paris
devant la plaque en hommage aux six dirigeants des Centres sociaux éducatifs massacrés par l’OAS le 15 mars 1962


Une cérémonie commémorative s’est déroulée mercredi 15 mars 2023 au ministère de la Transformation et de la Fonction Publiques, 101 rue de Grenelle à Paris VIIè, en présence du ministre Stanislas Guerini, devant la plaque apposée en hommage aux six dirigeants des Centres sociaux éducatifs, massacrés par l’OAS le 15 mars 1962 au siège administratif de ce service de l’Éducation nationale à Alger. Ci-dessous le discours de Jean-Philippe Ould-Aoudia, dont le père a été assassiné, ainsi que l’écrivain Mouloud Feraoun et quatre autres enseignants, par un commando de l’OAS, le 15 mars 1962. discours_jean-philippe.png « En 1960, notre professeur de philosophie au lycée Émile Félix Gautier d’Alger avait développé le sujet : « Sans oubli, pas de vie ? », en convoquant Nietzsche qui affirme : « Oubli, condition du bonheur ». Dans La gangrène et l’oubli, Benjamin Stora cite l’injonction de Freud : « N’oubliez pas l’oubli ! ». Pour les descendants de victimes de l’OAS, interdiction nous est faite d’oublier parce que nos morts sont régulièrement diffamés et, de ce point de vue, l’importance de ce lieu de mémoire ainsi que les hommages rendus par le Président de la République aux Six dirigeants des Centres sociaux éducatifs ont une portée toute particulière. Sur le site internet d’une association à laquelle ne peuvent adhérer que d’anciens condamnés de l’OAS passés par la prison ou le pénitencier, dans la rubrique « Galerie. Album 2. Notre combat. Les attentats », figurent en bonne place, présentés comme des trophées de guerre, les portraits des Six avec leur nom, leur prénom et la légende : « Alger 15 mars 1962. Les 6 inspecteurs des centres sociaux exécutés par l’OAS pour collusion avec le FLN ». Quelles autres victimes et leurs familles subissent de telles violences ? Je rappelle que Germaine Tillion, grande figure de la Résistance, déportée au camp de Ravensbruck, entrée au Panthéon en 2015, est la fondatrice des Centres sociaux en Algérie au sujet desquels elle a déclaré le 3 octobre 2003 : « De toutes les choses que j’ai faites dans ma vie, ce qui me tient le plus à cœur, c’est d’avoir créé les Centres sociaux en Algérie. D’autres choses que j’ai faites étaient aussi nécessaires et justes… Mais le Bien et le Mal étaient mélangés comme dans tout combat… Les Centres sociaux en Algérie, c’était œuvrer pour le Bien, un Bien qui n’était pas en opposition avec quelque chose. Un Bien créateur sans être destructeur. » La vérité est inscrite sur cette plaque qui permet à chaque descendant des Six de savoir que leur parent n’a pas été exécuté comme un coupable, mais assassiné en raison de son engagement pour les valeurs de la République. ste_le_feraoun.png Votre présence mesdames et messieurs renforce la signification républicaine de ce lieu de mémoire. Autre exemple : Une revue publiée par une association d’héritiers spirituels de l’OAS, subventionnée à hauteur de 6 000€, consacrait 5 pages de son numéro de mars 2016 – mars, ce mois n’est pas fortuit – à l’éloge funèbre de celui qui avait procédé à l’appel des six noms le 15 mars 1962. On peut lire : « En mars 1962, il neutralisera six fonctionnaires dont Max Marchand, suppôt notoire du FLN et auxiliaire de l’administration gaulliste, qui, avec quelques autres indicateurs, signalaient aux terroristes FLN les victimes européennes qu’il convenait d’éliminer ».

« Neutraliser » : la corruption des mots au service de la diffamation la plus abjecte

Marcel Basset s’était engagé dans le réseau de résistance Voix du Nord pour aider les aviateurs alliés dont l’avion avait été abattu par la DCA allemande. Robert Eymard était dans la résistance du Vercors à 17 ans. Ce que l’Allemagne n’a pas réussi à faire à ces deux patriotes au nom de l’idéologie nazie, l’OAS l’a commis au nom de l’Algérie française. Quelles autres victimes et leurs familles subissent de telles violences ? Heureusement, La Vérité est gravée sur cette plaque. Dans les 73 numéros de notre revue Le Lien, non subventionnée, on ne trouvera que des documents dont la qualité justifie son inscription au catalogue international des périodiques. Pas d’insultes, pas de propos diffamatoires. Mais nous avons le devoir de relever ces défis mémoriels auxquels nous sommes confrontés parce qu’il y va de l’honneur des Six, agents de la fonction publique tombés au champ d’honneur de leur travail. Dernier exemple : Sur un registre plus grave se situent les propos tenus à l’Assemblée nationale le 28 juin 2022 par un député originaire d’Oran, membre du RN : « Franchement, je ne suis pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes. L’OAS, je ne sais même pas bien ce que c’était. Ou presque pas ». Prenons garde ! La fabrique de l’oubli est en marche. On pourrait dire bientôt, sans être démenti, que c’est une Parque, une funeste déesse de la mythologie romaine qui a coupé le fil de la vie du général Ginestet commandant le corps d’armée d’Oran, ainsi que le fil de la vie du médecin colonel Mabille, recueillis tous les deux devant la dépouille mortelle du colonel Mariot dont le fil de la vie avait été coupé la veille. Si, pour un député RN, l’assassinat prémédité de trois officiers français déclarés « Mort pour la France », n’est pas un crime, prenons garde : la nuit arrive. Si le massacre des Six venait à ne plus être considéré comme ce qu’il est, à savoir un crime inexpiable commis contre Six Innocents, cette plaque n’aurait plus sa raison d’être et pourrait même être enlevée.La France serait alors plongée dans les ténèbres. Alors le livre, seul, resterait mémoire sur ce que fut réellement le massacre par un commando de l’OAS le 15 mars 1962 à 10 heures 30 au Château Royal à Alger. Les références de L’assassinat de Château royal sont inscrites dans le rapport rédigé par Benjamin Stora et remis au Chef de l’État. Merci aux éditions Tirésias et à son directeur de l’avoir édité. Merci Michel Reynaud. Face à ce négationnisme assumé, les hommages rendus aux Six par le Président de la République prennent, comme je l’ai dit, une importance particulièrement forte. Nous savons, Benjamin Stora, votre rôle dans la démarche d’Emmanuel Macron et l’association vous en est très reconnaissante. Notre ambassadeur à Alger a rendu hommage aux six victimes le 15 mars 2022. Nous étions présents Serge Drouot, Benjamin Stora et moi-même à l’Élysée le 19 mars 2022, pour entendre le Chef de l’État rendre hommage à Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia. « Tous les six », a-t-il insisté. Leur mémoire et leur honneur bénéficient désormais d’une double protection : l’existence de ce lieu et les interventions de la Présidence de la République en Algérie et en France. À Nietzsche et à Freud, préférons Victor Hugo : « Les souvenirs sont nos forces. Ne laissons jamais s’effacer les anniversaires mémorables ; quand la nuit essaie de revenir, il faut rallumer les grandes dates comme on allume des flambeaux ». Le Chef de l’État a déclaré le 24 janvier 2020 : « Les sujets mémoriels disent quelque chose de ce que vous voulez faire de votre pays. Or le Président veut faire de la France un pays aux mémoires apaisées, il l’a démontré à plusieurs reprises et pour la dernière fois les 15 et 19 mars 2022. Cet acte présidentiel fort pourrait être un jalon posé sur le chemin qui conduirait aux hommages à la mémoire de toutes les autres victimes de l’OAS : civiles et militaires, élus, magistrats, fonctionnaires. Certaines d’entre elles, déclarées « Mort pour la France », furent le dernier rempart face à ceux qui ont voulu renverser la République par le sang répandu. L’apaisement de toutes les mémoires blessées de la guerre d’Algérie resterait la marque, la trace ineffaçable qu’aucun autre Chef d’État n’a jusque-là imprimées dans l’Histoire de ce conflit. Nous avons confiance dans la Présidence de la République pour y parvenir. Mesdames, Messieurs, je vous remercie.

Serge Drouot, Jean-Philippe Ould-Aoudia et Benjamin Stora lors de la cérémonie du 15 mars 2023 en hommage aux six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs assassinés par l'OAS
Serge Drouot, Jean-Philippe Ould-Aoudia et Benjamin Stora lors de la cérémonie du 15 mars 2023 en hommage aux six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs assassinés par l’OAS




A Alger, la plaque en hommage à Mouloud Feraoun, posée par les autorités algériennes le 15 mars 2022
sur le mur de l’Ecole Salah Ould-Aoudia, a disparu


plaque_alger_feraoun.png
L'emplacement de la plaque à Mouloud Feraoun photographié le 15 mars 2023
L’emplacement de la plaque à Mouloud Feraoun photographié le 15 mars 2023

La lettre de l’ambassadeur de France aux autorités algériennes

lettre de l ambassadeur de france aux autorites algeriennes du 16 mars 2023 sur la disparition de la plaque commemorative a mouloud feraoun

Dans toute la France :
S’organiser pour la riposte contre l’extrême droite !

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L’exemple de la ville de Toulouse :
une lettre au maire pour un parvis Josette et Maurice Audin


par Philippe Emery, publié dans La Dépêche le 8 mars 2023.
Source
Après l’initiative symbolique d’inauguration à Toulouse d’un parvis Maurice Audin le 25 février 2023
Le collectif toulousain Josette et Maurice Audin a écrit au maire de Toulouse pour qu’il propose au conseil municipal du 10 mars que le parvis de la médiathèque Grand M porte le nom de Josette et Maurice Audin, au nom de la paix en Algérie. Le collectif toulousain Josette et Maurice Audin a envoyé par mail une lettre au maire, ce mercredi 8 mars, lui demandant de proposer au conseil municipal de vendredi 10 mars que le parvis de la médiathèque Grand M, dans le quartier de Reynerie-Bellefontaine porte le nom de Josette et Maurice Audin. « Toulouse, ville tolérante et ouverte sur le monde pourrait être, avec vous, la 32e ville de France à honorer le combat pour la paix et le vivre ensemble de Josette et Maurice Audin», écrit notamment Jean-François Mignard, au nom du collectif, à Jean-Luc Moudenc, soulignant son « attachement aux valeurs républicaines ».
Toulouse, le 25 février 2023.
Toulouse, le 25 février 2023.

Torturé à mort par l’Armée française

Le collectif rappelle dans son courrier au maire : « Maurice Audin était un jeune mathématicien français résidant à Alger pendant la guerre d’Algérie, militant communiste anticolonialiste, il a été arrêté le 11 juillet 1957 par l’Armée Française. Josette Audin, sa femme, se battra toute sa vie pour obtenir toute la vérité sur sa disparition et à demander que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité et donne accès aux archives ». Ce qui fut fait « en juin 2014, le président de la République François Hollande reconnaîtra officiellement que Maurice Audin est mort pendant sa détention par les forces françaises. Le 13 septembre 2018, le président Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de la France (et) demandé une dérogation spéciale pour permettre l’accès aux archives (…) sur les milliers de disparitions intervenues durant la Guerre d’Algérie », écrit le collectif.

Rien n’a été fait depuis 2019

Le collectif, qui souhaite remettre au maire une pétition signée par 600 personnes, ajoute : « En 2019, (il avait été) proposé que le nom de Maurice Audin soit donné à une place dans le quartier de la Cartoucherie. Vous vous étiez engagé à ce que cette proposition soit examinée par la commission municipale de dénomination des noms de places et de rues. (…) Depuis bientôt 4 ans cet engagement est resté sans suite ».



Pour une ville de Toulouse inscrite dans une histoire apaisée


toulouse_no1.pngLa passion commune pour les mathématiques, l’Algérie et l’engagement politique ont permis à Josette et Maurice Audin de construire leur amour dès 1952. Cinq ans, un mariage et trois enfants plus tard, en pleine guerre d’Algérie, leur vie est bouleversée. Le mathématicien et militant Maurice Audin, alors âgé de 25 ans, est embarqué par des militaires français venus le chercher dans son domicile d’Alger où il vit avec sa famille. Il ne donnera plus jamais de nouvelles. Josette Audin sera, tout au long de sa vie, une militante aux convictions indéfectibles. Mère dévouée de trois enfants., épouse déterminée, et surtout femme d’exception, Josette Audin cumulait les responsabilités et les engagements. Pendant plus de 60 ans, cette femme s’est battue pour faire reconnaître la responsabilité de l’État français dans la mort de son mari, Maurice, pendant la guerre d’Algérie. C’est finalement en 2018 qu’elle a obtenu gain de cause après des années d’un engagement inconditionnel. Le 13 septembre 2018, le président de la République, Emmanuel Macron, est venu demander pardon à Josette Audin au nom de la Nation et a ainsi reconnu officiellement la responsabilité de l’État. Le 24 juillet 2020, Benjamin Stora a remis, au président de la république, Emmanuel Macron, ses conclusions et recommandations sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Le président de la République avait d’ailleurs salué la qualité de ce travail conduit dans un esprit d’ouverture, d’écoute et de respect de tous. Il avait également souhaité que notre pays porte un regard lucide sur les blessures du passé, et construire, dans le temps long, une réconciliation des mémoires qui soit tournée vers la jeunesse en France et en Algérie, dans une démarche d’éducation et de transmission. Notre collectif poursuit une même approche des questions mémorielles : regarder l’histoire en face, de façon à construire une mémoire républicaine, qui puisse être partagée par toutes et tous en France. Force est de constater à ce jour que sous l’autorité de ses responsables actuels, l’horloge municipale toulousaine affiche quelques décennies de retard quant à construction d’une Histoire partagée, à partir de mémoires aujourd’hui apaisées. Il ne suffirait, pour cela, qu’un peu de courage politique et pas mal de lucidité citoyenne. Il semble, hélas, que ce ne soit pas le cas. Il appartient pourtant au maire et au conseil municipal de notre ville de s’inscrire dans le sens de l’Histoire, celui de la réconciliation des mémoires et du dépassement des passions entretenues par quelques extrémistes. Ce sont les valeurs humanistes, admirablement portées par ces deux militants de la paix et du vivre ensemble, que notre collectif entend véhiculer en donnant au parvis de la médiathèque grand M le nom de « Parvis Josette et Maurice Audin ». C’est une proposition porteuse de sens pour les toulousain(e)s tant les valeurs d’humanisme et de liberté résonnent dans le nom de Josette et Maurice Audin. Le collectif, toujours demandeuse d’un dialogue avec le maire de Toulouse, envisage dans les prochaines semaines des actions en direction des toulousaines et des toulousains, particulièrement à l’occasion de la date anniversaire de l’arrestation de Maurice Audin le 11 juin prochain. plaque_militante_toulouse.pngContact pour le collectif, Jean-François Mignard.

Collectif toulousain JOSETTE & MAURICE AUDIN – 06 77 78 22 23
cp j m audin pour une ville de toulouse inscrite dans une histoire apaise e 20 03 2023

Et aussi

Après l’initiative symbolique d’inauguration à Perpignan d’une esplanade Maurice Audin le 29 octobre 2022

Perpignan : mobilisés contre l’esplanade Pierre Sergent,
des élus ont rendu hommage à une victime de l’OAS


l_inde_pendant.pngpublié par L’Indépendant le 31 mars 2023. Source
Perpignan, le 31 mars 2023.
Perpignan, le 31 mars 2023.
[…] Une commémoration à l’entrée du square Bir Hakeim, boulevard Jean Bourrat, sur l’esplanade censée porter le nom de Pierre Sergent, ancien député FN des Pyrénées-Orientales et fondateur de la branche métropolitaine de l’Organisation de l’armée secrète (OAS). […] Adoptée l’année dernière en conseil municipal, la plaque au nom de l’ancien député FN fixée en fin d’année dernière avait déjà été dégradée à plusieurs reprises. […] Depuis fin février, la plaque au nom de l’ancien député FN avait été retirée de l’espace public et n’a toujours pas fait sa réapparition.

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