1er novembre 1954 :
une déclaration de Mohammed Harbi
Publiée le 31 octobre 2019 par Mediapart sur le blog de l’historien Robi Morder
L’événement du 1er novembre, événement fondateur ou le prélude d’un régime militaire ? L’Algérie entrée dans la sphère capitaliste en 1830 n’en est jamais sortie. L’ouverture vers le socialisme est mort-née. Le mouvement citoyen « hirak » est une réaction venue d’en bas contre la dépossession et l’oppression. Quelles que soient ses limites il est aujourd’hui le porteur de nos espoirs.
Face à la Déclaration du 1er novembre 1954.
Né de la scission du MTLD1, le FLN a contribué à la diffusion d’un modèle de mouvement politique jusque-là inédit. Il a rassemblé une partie de ses militants qui appartenaient à son organisation paramilitaire OS2. Il s’est étoffé après l’insurrection, en constituant par le haut un bloc d’élites issu des groupes privilégiés petits bourgeois et bourgeois, plus ou moins intégrés dans le système colonial et s’appuyant sur une masse émanant de la plèbe urbaine et rurale. Cette alliance imposée par les circonstances s’inscrit dans le cadre de ce que Gramsci appelle : « Une révolution passive, c’est-à-dire, une révolution conduite suivant des modalités faisant obstacle à la formation d’une conscience populaire, nationale, répandue et opérante. Les élites s’appuyant sur l’intervention populaire sans que celles-ci ne pèse sur les objectifs du mouvement ».
Les hommes qui ont pris le pouvoir en 1962, qu’ils viennent du maquis ou de l’armée des frontières, ont enfermé la résistance de tout le peuple algérien dans un paradigme, celui de la lutte armée.
L’événement du 1er novembre, défini hier comme étant l’an 1 d’une révolution, un événement fondateur, peut nous apparaître aujourd’hui comme le prélude d’un régime militaire. D’où plusieurs conséquences telles la négation du conflit social, comme instrument de régulation de la vie politique, la négation de la diversité sociale et culturelle, la trahison des promesses démocratiques, en un mot la mort du politique et l’absence d’une société civile.
Ce régime militaire s’est approprié la souveraineté sur le pays et sur ses ressources. La plupart des officiers sont convaincus d’être investis d’une mission : rétablir l’ordre et sauver la patrie des idéologies étrangères, « marxisme, nassérisme et baathisme »3. Or « l’ordre dans l’armée, c’est la discipline, le respect des règles disciplinaires et bien sûr l’absence de prise de position et d’engagements politiques » autant que de comportements qui, le putsch du 19 juin4 consommé, sont exigés des échelons inférieurs de l’ANP5. Le pouvoir du commandement sera dès lors dictatorial. Nous assistons aujourd’hui à sa mise en place. C’est à ce pouvoir de prouver que nous nous trompons.
Chacun sait que le FLN n’a été qu’un écran à la militarisation de l’Etat6. Chacun sait que l’Algérie est entrée dans la sphère capitaliste en 1830. Elle n’en est jamais sortie. L’ouverture vers le socialisme est mort-née. Le mouvement citoyen « Hirak » est une réaction venue d’en bas contre la dépossession et l’oppression. Quelles que soient ses limites il est aujourd’hui le porteur de nos espoirs. Les revendications démocratiques énoncées en juin 1936 au stade municipal d’Alger au nom de l’Etoile Nord-Africaine par Messali, approuvées par acclamation par l’assistance, face aux leaders du Congrès musulman partisans du rattachement à la France (Ben Djelloul, Ben Badis, Ferhat Abbas, Dr Saadane, Ouzeggane, Cheikh El Okbi), sont toujours d’actualité.
Mohammed Harbi.
31 octobre 2019
Mohammed Harbi : Autour du 19 mars et de l’été 1962
A l’issue de cent trente-deux ans de présence coloniale et de sept ans de lutte armée sous la direction du Front de libération nationale (FLN), des négociations décisives entre le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) aboutissent le 18 mars 1962. Cinquante-six ans plus tard, l’historien Mohammed Harbi, qui en fut l’un des acteurs, en rend compte à Algeria-Watch dans cette passionnante interview filmée.
Algérie: le retour du refoulé
Cette interview d’Omar Benderra et de François Gèze par Michelle Guerci aborde les soubassements historiques du hirak algérien, question fondamentale pour comprendre les enjeux actuels. De l’histoire de l’indépendance confisquée dès 1962 au storytelling vendu par les généraux pendant la décennie noire.
Omar Benderra est économiste. Il a été chargé de la négociation de la dette extérieure de l’Algérie dans le gouvernement Hamrouche, de 1989 à 1991. François Gèze est éditeur, ancien patron des éditions La Découverte. Ils animent notamment avec Salima Mellah le site Algeria-Watch. Michelle Guerci est journaliste.
Un meeting de solidarité à la Bourse de travail de Paris,
samedi 9 novembre 2019, de 13 h à 17 h.
SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE ALGERIEN
DANS SA MARCHE VERS SA LIBERTE
Voir l’appel publié par Ahmed Dahmani sur Mediapart, le 30 oct. 2019.
Source
Depuis la mi-février 2019, un mouvement populaire massif et inédit dans l’histoire de l’Algérie fait renaitre le rêve des Algériennes et des Algériens pour un pays libre et démocratique où les citoyens veulent vivre dans la sécurité et dans la dignité.
* Front de libération nationale, Armée de libération nationale, Conseil national de la Révolution algérienne et Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne.