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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Le rapport Tubert sur les événements de mai 1945 dans le Constantinois

En mai 1945, après l'intervention armée de la police contre un cortège de manifestants algériens à Sétif le 8 mai, le Constantinois fut le lieu d'une insurrection nationaliste brutalement réprimée par les autorités françaises. Une Commission d'enquête officielle fut nommée le 18 mai 1945, sous la présidence du général de gendarmerie Paul Tubert. Mais, très rapidement, la Commission dut interrompre son travail sur ordre du gouvernement du général de Gaulle. Le général Tubert a laissé un rapport que la Ligue des droits de l'Homme a rendu public en avril 2005 1. Vous trouverez ci-dessous une présentation des événements et du contexte de cette mission par Jean-Pierre Peyroulou2, suivie des extraits du rapport Tubert qui nous ont paru les plus significatifs.
[Mise en ligne le 20 avril 2005 – mise à jour des liens le 19 avril 2015]

Le jour de la capitulation de l’Allemagne et de la fin de guerre en Europe a éclaté une insurrection nationaliste dans l’est de l’Algérie, colonie française depuis 1830. Dans la plupart des villes d’Algérie, le 8 mai 1945,
des Algériens ont manifesté pour l’indépendance de
l’Algérie et la libération du dirigeant nationaliste
Messali Hadj, et les manifestations ont pu se dérouler
sans incidents. En revanche, dans l’est algérien, à Sétif, ville du principal leader nationaliste Ferhat Abbas, et à Guelma, les manifestations furent réprimées par les armes et tournèrent à l’émeute.

De nombreux Européens furent massacrés. Les forces de police et de gendarmerie, la milice à Guelma composée de civils européens armés, et l’armée réprimèrent de façon très brutale ce qu’il est convenu d’appeler une insurrection nationaliste. La répression dura les deux semaines environ qui suivirent le 8 mai. Elle fut menée par le gouvernement du général de Gaulle et sur place en Algérie par le gouverneur général Chataigneau, le préfet de Constantine Lestrade Carbonnel, les sous-préfets, en particulier André Achiary à Guelma, et par le général Martin et le général Duval, commandant la Division territoriale de Constantine. L’intensité et la durée de la répression ne furent pas proportionnelles au danger qu’encouraient les Européens dans les zones affectées, qu’il ne faut pas pour autant sous-estimer.

Officiellement, il y eut 102 morts européens, essentiellement dans la région de Sétif, et 1 165 morts algériens. Les Algériens avancent le chiffre de 45 000 morts. Nous ne connaîtrons pas le chiffre exact. Les archives civiles françaises et britanniques font état de différents nombres compris entre 6 000 et 15 000 morts. On ne peut connaître les chiffres de morts algériens que pour des localités précises : 200 morts à Oued Marsa, 600 à Kerrata.

Le 8 mai 1945, à la fois “ insurrection ” et répression pendant les deux semaines qui suivirent, est un événement protéiforme. Il faut distinguer plusieurs niveaux d’explication. La propagande nationaliste et le désir d’émancipation s’étaient clairement exprimés depuis la remise en 1943 par Ferhat Abbas, du “ Manifeste du peuple algérien ” aux autorités françaises, autour duquel se formèrent les Amis du Manifeste et de la Liberté (AML). Le projet insurrectionnel du Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj mûrissait depuis l’avant-guerre. Sous le regard français, les chefs du camp algérien, nationalistes modérés et administratifs, se livraient une lutte à mort pour capter le vote des “ Français musulmans ” aux élections municipales, cantonales et à la Constituante de 1945 ; tandis que, dans le camp européen, une lutte plus feutrée n’en poussait pas moins à une surenchère des positions nationalistes d’un côté et anti-réformistes de l’autre. Les colons refusaient les réformes.

Tous ces éléments se rejoignirent le 8 mai 1945, dans un contexte marqué par la participation récente de nombreux algériens à la guerre et par l’affirmation du “ droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ” que la Charte de l’Atlantique fit sien et que s’apprêtait à confirmer la Conférence de San Francisco. En somme, le 8 mai 1945, il n’y avait que le gouvernement provisoire et quelques modérés qui voulaient des réformes assimilationnistes et la paix en Algérie. Les autres, dans les deux camps, voulaient pousser leur avantage jusqu’au bout. Toutes ces logiques incitaient à l’affrontement. Et celui-ci éclata le jour du 8 mai.

La mission Tubert

Dans des secteurs comme Guelma, la répression mise en marche par les pouvoirs publics et l’armée s’autonomisa. Le 8 mai y libéra une violence générale entre communautés
sur laquelle se greffèrent toute une série de micro-violences personnelles, dans un
rapport de force totalement déséquilibré. L’aviation et la marine furent utilisées contre les douars. C’est dans ces circonstances que, le 19 mai, à la demande du ministre de
l’intérieur Tixier, de Gaulle nomma le général de gendarmerie Tubert, résistant, membre, depuis 1943, du Comité central provisoire de la Ligue des droits de l’homme (où siègent également René Cassin, Pierre Cot, Félix Gouin et Henri Laugier), membre de
l’Assemblée consultative provisoire, dans le but d’arrêter la répression. Et effet, à partir du 19 mai, les ordres du général Duval changèrent complètement de nature et la milice de Guelma fut dissoute. Mais, pendant six jours, du 19 au 25 mai, la commission fit du sur-place à Alger. Officiellement on attendait l’un de ses membres “ retenu ” à Tlemcen. Dans les faits, c’est bien Tubert qui était retenu à Alger. On ne le laissa partir pour Sétif que le 25 mai, quand tout y était terminé. Et, à peine arrivé à Sétif, il fut rappelé à Alger le lendemain, le 26, sur ordre du gouvernement, par le gouverneur général Chataigneau. Si bien qu’il ne put se rendre à Guelma. De retour à Alger, Tubert ne fut pas reçu par Chataigneau… mais par Gazagne, le secrétaire général du Gouvernement général d’Algérie.

Pourquoi n’alla-t-il pas à Guelma ? Non seulement parce que le général de Gaulle voulait absolument sauver un représentant de la résistance en Algérie, A. Achiary,
l’un des organisateurs de la milice européenne, mais aussi parce qu’à Guelma, la répression menée par cette milice officiellement dissoute, continuait toujours dans les
faits. Et elle continua jusqu’au 25 juin, jour où le ministre de l’Intérieur Tixier arriva à Guelma. Il y eut encore 4 morts ce jour-là. Ce furent les derniers. Quand il repartit, les meurtres cessèrent.

En somme, on promena Tubert et la nomination de la commission Tubert fut une menace qu’agita le gouvernement provisoire pour faire cesser la répression. Mais celui-ci
n’avait aucune intention de le laisser constater effectivement l’ampleur de la répression.

Reste que Tubert a tenu à remettre un rapport sur la base des quelques faits qui lui ont été rapportés, expliquant les intentions qui auraient présidées à sa mission et exprimant quelques hypothèses. Son rapport est celui d’un honnête homme, au fait des réalités algériennes, qui sait qu’il a servi d’épouvantail mais qui tient à prendre sa mission au sérieux en attirant notamment l’attention sur les causes profondes de cette crise et le caractère aveugle de la répression.

Le rapport fut oublié. Il ne fut pas diffusé. De toute façon, après la révolte de Madagascar, et une fois la guerre d’Indochine commencée, l’épisode du 8 mai 1945 dans la région de Constantine n’intéressait plus personne en France. La France avait, en Algérie, “ la paix pour dix ans ”. Tubert fut nommé maire d’Alger peu après. Et Gazagne a été élu à ce poste en 1948.

Jean-Pierre Peyroulou

Le rapport Tubert (extraits)

La Commission partait pour Sétif le vendredi matin 25 mai, elle gagnait Constantine le samedi après-midi en passant par Chevreul, un des centres les plus éprouvés par l’insurrection. Par communication télégraphique du samedi 26 mai à 19 heures, transmise par le Préfet de Constantine, la Commission était invitée à revenir de suite à Alger. […]

Antérieurement à son départ d’Alger et notamment les mardi, mercredi et jeudi 22, 23 et 24 mai, les deux membres de la Commission présents à Alger avaient eu des conversations relatives à leur mission avec diverses personnalités. […]

La Commission unanime avait décidé de faire une enquête objective, de n’étayer son rapport et ses conclusions que de faits précis dûment prouvés ou tout au moins gravement présumés et d’indiquer dans son travail d’ensemble les sources de ses renseignements. […]

La Commission a cessé de travailler officiellement le samedi 26 mai au soir, dès qu’elle a reçu des instructions de revenir à Alger. […]

Ce rapport ne peut donc que donner des indications et des impressions, dont beaucoup n’ont pu être soumises à un contrôle rigoureux, ainsi qu’il sera expliqué, mais il permettra – croyons-nous – de dégager les grandes lignes de l’objet de l’enquête, les buts poursuivis par la Commission et de signaler les vérifications qui paraissent s’imposer. […]

1. RAPPEL SUCCINCT DES FAITS MOTIVANT L’ENQUÊTE

[…] Au total, d’après les renseignements fournis à la Commission par le service de la Sécurité Générale 102 européens ont été assassinés, plusieurs femmes, dont une de 84 ans, ont été violées. Les cadavres, dans la plupart des cas ont été affreusement mutilés, les parties sexuelles coupées et placées dans la bouche, les seins des femmes arrachés et les émeutiers s’acharnaient sur les cadavres pour les larder de coups de couteau. […]

Les colons ont reconnu parmi les assaillants leurs domestiques de ferme dont certains avaient été élevés par eux depuis leur plus bas âge et qui étaient employés parfois depuis 30 ans. […]

La Commission administrative qui n’entendait nullement empiéter sur les attributions des juges militaires, pensait que sa mission était de rechercher les causes profondes du soulèvement. […] Enfin la Commission pensait qu’elle devait aussi enquêter sur la répression qui a suivi les émeutes, sur sa légalité et son étendue comme sur les circonstances de fait qui l’ont entourée.

2. « CLIMAT PSYCHOLOGIQUE » DE L’ALGÉRIE AVANT LES ÉVÈNEMENTS

[…] Il paraissait en Algérie se creuser depuis plusieurs mois un fossé qui dressait comme deux masses hostiles les populations européennes et musulmanes. […]

La Commission a d’ailleurs constaté que souvent les européens répliquaient par des termes de mépris et que le vocable « sale race » résonnait trop fréquemment à l’adresse des indigènes, que ceux-ci n’étaient pas toujours traités, quel que soit leur rang social, avec un minimum d’égards, qu’ils étaient l’objet de moqueries ou de vexations.
En ce qui concerne plus particulièrement le département de Constantine, la Commission croit devoir signaler trois faits racontés à la Préfecture ou à la Direction de la Sécurité Générale : un instituteur de la région de Bougie donne comme modèle d’écriture la phrase suivante : « Je suis Français, la France est ma patrie » et les jeunes musulmans modifient d’eux-mêmes le modèle et écrivent : « Je suis Algérien, l’Algérie est ma patrie ». Un autre instituteur fait un cours sur l’Empire Romain. Quand il parle des esclaves, une voix s’élève et s’écrie : « Comme nous ». Enfin une partie de « foot-ball » à Bône a dû être arrêtée par crainte d’émeute, parce que les équipes en présence étaient composées l’une exclusivement de musulmans et l’autre exclusivement « d’européens » et que le public menaçait d’en venir aux mains suivant que l’une ou l’autre des équipes prenait l’avantage. […]

3. LES PREMIÈRES MANIFESTATIONS IMPORTANTES AVANT LA JOURNÉE DU 8 MAI À SÉTIF

[…] La journée du 1er mai fut un prétexte pour nombre de musulmans de manifester en réclamant la libération de MESSALI, l’indépendance de l’Algérie et la fin du colonialisme. […]

À Sétif, 5.000 musulmans environ se dirigèrent vers la salle des fêtes où se trouvait la réunion syndicaliste en hurlant : « Messali ; Libérez Messali ». […]

La journée du 1er mai a été marquée par de graves manifestations du même ordre et poursuivant le même but dans des villes des départements d’Oran et d’Alger et notamment aux chefs-lieux de ces départements. […]

Un tirailleur indigène ivre provoque un incident en criant : « Vive de Gaulle ; Vive Messali ». La foule musulmane reprend en chœur : « Vive Messali ». […]

4. LE 8 MAI A SÉTIF

[…] Le cortège composé d’une masse qu’il évalue à 7 à 8.000 musulmans portait des banderoles avec les inscriptions interdites lorsque les manifestants lui ont apparu. […] Le Sous-Préfet lui a confirmé l’ordre d’enlever les banderoles. Le Commissaire Valère a fait observer que le cortège comprenait 8 000 manifestants et que l’exécution des ordres entraînerait de la bagarre. Le Sous-Préfet a répondu : « Eh bien, il y aura de la bagarre ». […]

Le Commissaire Valère avise alors le Commissaire de la police mobile Olivieri des instructions reçues. Celui-ci se précipite sur les porteurs de la première banderole. À ce moment il reçoit des coups de tous côtés. Il est attesté tant par les déclarations des policiers que par des témoins européens et indigènes que la bagarre a été déclenchée à ce moment. […]

Il est certain que l’émeute n’a gagné les régions environnantes qu’après le déclenchement de la bagarre à Sétif. […]

Il importe de préciser si les ordres de ne tolérer aucun cortège avec banderoles séditieuses étaient d’initiative du Sous-Préfet ou d’une Autorité supérieure, car, d’après les renseignements non contrôlés, d’autres manifestations se sont déroulées en Algérie ce jour-là, et notamment à Sidi-Bel-Abbès avec des pancartes portant les mêmes inscriptions qu’à Sétif sans causer d’incidents sanglants, la police étant demeurée passive.

5. CAUSES DIRECTES DE LA MANIFESTATION ET DES ÉMEUTES

[…] La Commission a constaté que bon nombre de manifestations se sont déroulées en Algérie les 1er mai et 8 mai ; toutes ces manifestations étaient à caractère exclusivement politique et avaient pour but de réclamer la libération de Messali et l’indépendance de l’Algérie.

Elle a aussi constaté que seul la manifestation de Sétif du 8 mai avait tourné à l’émeute pour gagner les régions environnantes. […]

Pourquoi ces manifestations ont-elles tourné à l’émeute sanglante à Sétif, puis au nord de cette ville et le lendemain à 200 km de là, à Guelma ? […]

6. LES PARTIS POLITIQUES OU ASSOCIATIONS QUI ONT INCITÉ AUX MANIFESTATIONS

[…] Deux commissions ont été créées pour étudier les revendications musulmanes puis, les commissions tardant à se réunir et un discours du Général Giraud, où il aurait prononcé cette phrase « Le juif à l’échoppe, l’arabe à la charrue », ayant été fâcheusement interprété, plusieurs personnalités algériennes – israélites et musulmanes – auraient décidé de réclamer une citoyenneté algérienne. C’est à la suite de ces réunions et discussions que le « Manifeste » fut rédigé. […]

7. CAUSES DU SUCCÈS DE LA PROPAGANDE ANTI-FRANÇAISE

[…] Actuellement la presque totalité de la jeunesse des facultés est acquise aux idées nationalistes ou au moins autonomistes. […]

Des musulmans ont été poursuivis en fin 1940 ou en 1941 pour avoir dit : « La France est perdue, ne payons pas l’impôt à la France, nous le paierons aux Allemands ». […]

De nombreux musulmans ont séjourné en France comme soldats ou travailleurs et leur attention est portée sur des faits sociaux qui passaient inaperçus aux yeux de leurs parents. Ils sont plus sensibles à une propagande par la voie de la presse, par tracts ou par radio. Ils sont amenés à comparer leur situation avec celle des européens qu’ils jugent privilégiés. […]

Ils jalousent les colons propriétaires de grands domaines en regardant leur situation misérable et la richesse de ceux-là. Ils songent à un partage des terres. Ils dénoncent les excès de la grosse propriété qui permet qu’un seul règne en maître sur des milliers d’hectares. […]

Les indigènes se plaignent des abus des perquisitions dans de modestes gourbis pour découvrir le grain caché, des tracasseries administratives, des arrestations pour transport irrégulier de provisions permettant à peine de nourrir une personne pendant un jour. […]

La Commission doit souligner l’effervescence provoquée à l’annonce de la conférence de San Francisco. […]

Elle a enregistré plusieurs échos lui rapportant que l’indépendance de l’Algérie serait réclamée pendant ou à la fin de la conférence. […]

Dans son discours du 29 avril à Sétif, Ferhat Abbas a affirmé publiquement que la conférence de San Francisco devait assurer la liberté de tous les peuples et que le peuple algérien en tirerait tous les avantages qu’elle lui accorderait. […]

[Certains auraient été persuadés] que les Américains imposeraient après la victoire, la fin du colonialisme.
[…]

La Commission croit devoir signaler que, d’après les renseignements fournis par la Préfecture de Constantine, la population israélite aurait été avisée avant les émeutes qu’elle n’avait rien à craindre et que cette même population paraissait ne rien redouter dès que ces incidents ont éclaté. […]

8. LES RESPONSABILITÉS

[…]

9. LA RÉPRESSION

[…] D’après le Général Duval, les troupes, pendant l’action contre les émeutiers, ont pu tuer de 500 à 600 indigènes.

À Sétif, il est impossible de connaître le chiffre des musulmans tombés du fait de la police ou de la gendarmerie, certains disent 20, d’autres 40.

Les décès n’ont pas été déclarés par les familles.

La Commission a reçu l’ordre de revenir à Alger alors qu’elle s’apprêtait à partir à Guelma. Elle ne sait donc pas comment la répression s’est exercée dans cette ville.

Elle peut seulement faire part d’une émotion généralisée dans les milieux musulmans qui prétendent que les européens de Guelma ont exercé des représailles sanglantes et des vengeances personnelles, en arrêtant et exécutant, sans discernement, alors que les combats avaient cessé, 500 ou 700 jeunes indigènes. […]

La Commission, en ce qui concerne la légalité ou les abus de la répression, n’a donc pu qu’enregistrer les plaintes des milieux musulmans dénonçant les excès qui auraient été commis à Guelma, sans pouvoir en vérifier le fondement.

10. CONCLUSIONS ET SUGGESTIONS

[…] Il semble urgent de disposer de moyens suffisants pour assurer l’ordre dans la légalité. La présence de troupes mobiles doit ramener la confiance et empêcher la formation de groupes armés échappant à tout contrôle.

Il semble aussi qu’il faille, sans tarder, définir avec netteté et sincérité les programmes politiques et économiques que les Pouvoirs Publics décideront d’appliquer à l’Algérie. […]

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