Le bourbier colonial africain de la dictature portugaise est à l’origine directe de la création du Mouvement des Forces Armées (MFA) qui mit fin à près de cinquante ans d’un pouvoir autoritaire et fascisant. Très vite cette dimension a été passée sous silence, l’évolution politique mouvementée de la révolution au Portugal accaparant peu à peu l’attention des forces progressistes en France.
L’Institut Tribune Socialiste (ITS), constitué pour conserver et diffuser la mémoire du Parti socialiste unifié (PSU), nous permet de publier un des rares articles précédant le 25 avril 1974 qui porte sur l’importance de l’échec de la puissance coloniale portugaise dans le déclenchement de la révolution des œillets.
Un an plus tard, une brochure consacrait encore quelques lignes à cet élément essentiel dans la chute de la dictature au Portugal :
« L’armée portugaise était sous le fascisme engagée depuis 14 ans dans des guerres coloniales.
Résultat : Des dizaines de milliers de morts dans les pays d’Afrique. (tortures, massacres.) Des milliers de jeunes portugais qui, refusant ces guerres fuient à l’étranger. Une économie exsangue. »
Par la suite, cet élément a été trop oublié. Alors que, comme l’explique notre article « 25 avril 1974 : la révolution anticoloniale portugaise », c’est la prise de conscience par une armée coloniale de l’absurdité et de la barbarie des répressions menées en Angola, au Mozambique, en Guinée-Bissau et dans les Iles du Cap-Vert, qui a joué un rôle déclencheur dans la volonté de ses jeunes officiers de mettre fin à la dictature au pouvoir à Lisbonne.