Le 16 septembre 1852, Napoléon III rend la liberté à celui qui vient de passer plusieurs années en résidence surveillée à Toulon, à Pau et Amboise. Avant de prendre le chemin de l’exil, richement pensionné par un empereur devenu son ami, Abd el-Kader arrive à Paris et devient «le lion de nos réjouissances publiques», pour reprendre les termes d’un journaliste de l’époque. Dans la loge impériale de l’Opéra où l’on donne le Moïse de Rossini, Napoléon III embrasse le «Vercingétorix algérien». Le Tout-Paris s’émeut, applaudit à tout rompre. Pendant deux semaines, nimbé d’une extraordinaire popularité, l’émir est véritablement la coqueluche des Parisiens. Pour montrer la tolérance de l’islam, il se rend à Notre-Dame, à la Madeleine et à Saint-louis des Invalides. Reçu par tout ce que Paris compte de sociétés savantes et par le Grand Orient de France, il estime que religion et raison ne sont pas antinomiques. En 1867, sur l’invitation de l’empereur, il retrouve le Paris de l’Exposition universelle et est reçu avec faste par les autorités françaises. Âgé et fatigué, il décline alors l’offre de Napoléon III qui lui propose d’être le monarque d’un «Royaume arabe» de Syrie.
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