Nécessité et difficulté d’un
musée national de l’histoire du colonialisme
par Jacques Venuleth, membre de la commission nationale du MRAP pour un musée de l’histoire du colonialisme
Sur le site histoirecoloniale.net, les argumentaires soutenant la nécessité et même l’urgence de la création d’un musée de l’histoire du colonialisme sont légion. On peut également trouver les analyses de différentes tentatives de parvenir à la réalisation d’une telle entité, avec les avancées et limites de ces entreprises, jusqu’à la dernière ayant avorté en 2006 « Le mémorial national de la France d’outre-mer » à Marseille.
Tout ceci illustre autant la nécessité du musée que la difficulté de parvenir à sa réalisation.
C’est à ce combat que le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) a décidé de s’associer en adressant une lettre ouverte au président de la République, publiée le 4 Juin 2021 dans l’Humanité.
Ce faisant, nous savions pertinemment que ceci serait le premier acte d’un long travail militant de conviction et de rassemblement.
Vous pouvez découvrir sur le site du MRAP les différentes étapes de cette première année d’action, avec un large appel à soutien, la constitution d’un collectif informel de réflexion, et surtout l’option de se fixer une étape intermédiaire : l’élaboration d’une exposition itinérante et temporaire « Le musée dont la France a besoin », dont l’objectif n’est bien évidemment pas de remplacer le musée, mais au contraire d’élargir le cercle de soutien à l’initiative.
Ce projet s’accompagne d’une demande de subvention auprès de la Dilcrah, demande qui n’a pour l’instant reçu aucune réponse positive, mais nous insisterons, autant pour des raisons financières que pour des raisons de reconnaissance publique.
Le collectif informel de réflexion s’est fixé pour tâche la conception de la dizaine de panneaux de cette exposition temporaire, mais nous souhaitons et espérons la participation la plus large possible. Nous attendons vos remarques et suggestions à l’adresse suivante :
Convaincre et rassembler, disions nous. Mais, pour ce faire, nous devons être en capacité de nommer et d’affronter l’ensemble des obstacles et des réticences, en étant conscients que freins et divergences traversent le camp antiraciste lui même.
Ce sont ces obstacles qu’il faut lever avant même de faire entendre les arguments en faveur d’un examen du passé colonial en général, et d’un musée en particulier :
• Qu’en est-il de la reconnaissance du poids des discriminations liées à l’origine dans les divisions de la société d’aujourd’hui ?
• Parmi ces discriminations, quel est le poids du racisme postcolonial ?
• Continue-t-il à structurer notre société et comment ?
• Peux-t-on interroger notre modèle d’intégration républicain ?
• Discriminations liées à l’origine, discriminations sociales : comment mener de front ces deux combats ?
• Une fois convaincu de la nécessité et l’urgence de se confronter à notre passé colonial, comment s’y prendre sans ouvrir la boite de Pandore de la guerre des mémoires, de la guerre des identités ?
• Dans ce combat, quel est l’apport particulier et essentiel d’un musée ?
• Comment tirer les leçons des diverses tentatives précédentes ?
Nous essaierons de faire avancer les réponses à toutes ces questions préliminaires lors d’un débat qui sera mené dans le cadre de la fête de l’Humanité 2022 au stand de la fédération du Gard du Parti communiste :
Pour lancer le débat
et aussi à la Fête de l’Humanité
Samedi 10 septembre à 10 heures,
Cité du Livre
débat ARAGON ET LE MONDE
avec
• Hervé Bismuth, spécialiste de l’œuvre de l’écrivain,
• Alain Ruscio, auteur de Aragon et la question coloniale.
Samedi 10 septembre de 12 à 14 heures,
Stand de la Maison Aragon-Triolet
Rencontre avec Alain Ruscio