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Édition du 1er au 15 octobre 2024

Un « podcast » de « France culture »,
sur le procès de Paul Aussaresses,
un criminel de guerre cynique et bavard

Dans le cadre d'une série « Une histoire particulière » sur les criminels de guerre, un documentaire porte sur le général Paul Aussaresses. En 1957, pendant la guerre d'Algérie, il était chargé avec une équipe de tueurs de torturer et assassiner les personnages importants de la lutte d'indépendance algérienne. Deux épisodes présentent ce rôle, le troisième son livre publié en 2001 où il reconnait sans regrets ces actes qu'il considère comme légitimes. Comment réagir à un tel éloge du crime ? L’amnistie promulguée après les accords d’Évian empêche qu'il soit poursuivi sur les faits, une plainte contre ses actes ne pouvant aboutir, la Ligue des droits de l'Homme a choisi de poursuivre son livre pour l'apologie de ces crimes. Choix difficile, car cette association défend la liberté de l'édition et les récits des crimiels sont utiles à l'écriture de l'histoire. Le procès n'a rempli que partiellement son objectif. La société française n'a pas fait son travail.

Un documentaire d’Alain Lewkowicz réalisé par Marie-Laure Ciboulet

Épisode 1/4 : Des survivances glaçantes

8 janvier 1957. Massu prend possession d’Alger avec ses parachutistes de la 10ème division. La torture va désormais être au centre de la politique de « pacification ». Combien en ont été victimes en toute légalité ?

Avec
• Sylvie Thénault, historienne, directrice au CNRS, spécialiste de la colonisation en Algérie et de la guerre d’indépendance algérienne,
• Florence Beaugé, ancienne journaliste au journal Le Monde,
• Malika Rahal, historienne, chargée de recherche HDR au CNRS, et directrice de l’Institut d’histoire du temps présent. Elle est spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Algérie.

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Ecouter l’émission

Les 8 000 hommes du général Massu quadrillent Alger. Les lieux de torture situés dans certaines des plus belles villas ne désemplissent pas. Paul Aussaresses institutionnalise la torture et la rend légitime et nécessaire avec l’accord tacite du gouvernement français d’alors. Le membre du parti communiste algérien Henri Alleg, journaliste et ancien directeur du journal Alger Républicain va être un des premiers à dénoncer cette torture systématique. Il va en faire les frais. Il est arrêté le 12 juin 1957 au domicile de son ami Maurice Audin.

Combien d’Algériens en ont été victimes ? Certains ont trouvé le courage de témoigner…

Avec le témoignage de Louisette Ighilarhriz et les témoignages posthumes d’Abane Ramdane, militant politique et révolutionnaire algérien, ayant joué un rôle clé dans l’organisation de la lutte indépendantiste lors de la guerre d’Algérie et Henri Alleg, membre du PCA puis du PCF et ancien directeur d’Alger républicain.


Épisode 2/4 : Aussaresses se met à table

Celui qui va se qualifier lui-même de voyou de la République, décide, 40 ans après la signature des accords d’Évian mettant un terme à la guerre d’Algérie, de tout révéler sur la torture.

Avec
• Florence Beaugé, ancienne journaliste au journal Le Monde,
• Malika Rahal, historienne, chargée de recherche HDR au CNRS, et directrice de l’Institut d’histoire du temps présent. Elle est spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Algérie.
• Marie-Monique Robin, journaliste d’investigation, réalisatrice et écrivain,
• Claire Mauss-Copeaux, historienne de la guerre d’Algérie et des violences de guerre.

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Écouter l’émission

D’abord dans Le Monde sous la plume de Florence Beaugé avec qui, petits-déjeuners après petits-déjeuners à la cafétéria du journal, puis avec Marie-Monique Robin, journaliste d’investigation, Paul Aussaresses qui est devenu général, se confie. Il se raconte, de son enfance bourgeoise dans une famille cultivée, à l’Algérie, en passant par son amour des belles lettres, de sa passion pour Virgile et le grec ancien et son amour de cette France coloniale qui ne veut pas perdre, de son héroïsme pendant la Seconde guerre mondiale, de ses actes valeureux de résistance face au nazisme. Puis vient sa formation au SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) et la guerre subversive qu’il va enseigner aux dictateurs d’Amérique du Sud et aux interrogateurs de la CIA (Central Intelligence Agency). À l’aube de sa vie, c’est sans doute l’ennui et le désir de laisser une trace, lui, l’homme de l’ombre, qui le pousse à témoigner.


Épisode 3/4 : Le bouquin

En publiant le 3 mai 2001 aux éditions Perrin un ouvrage choc intitulé « Services spéciaux : Algérie 1955-1957 » dans lequel il reconnait l’usage de la torture et son utilisation légitime, Paul Aussaresses persiste et signe.

Avec
• Gilles Manceron Historien, spécialiste du colonialisme français. Membre de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et du CVUH (Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire)
• Florence Beaugé, ancienne journaliste au journal Le Monde,
• Marie-Monique Robin, journaliste d’investigation, réalisatrice et écrivain,
• Sylvie Thénault, historienne, directrice au CNRS, spécialiste de la colonisation en Algérie et de la guerre d’indépendance algérienne,
• Malika Rahal, historienne, chargée de recherche HDR au CNRS, et directrice de l’Institut d’histoire du temps présent. Elle est spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Algérie.

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Écouter l’émission

La publication de l’ouvrage du général Paul Aussaresses sous la plume d’un ghost writer fait l’effet d’une bombe, car la grande muette (l’armée) devient bavarde et sans doute trop aux yeux de certains. Page après page, il justifie et légitime la torture. Si Massu, son supérieur hiérarchique lors de la bataille d’Alger, et Bigeard témoignent, le premier reconnaissant mais regrettant, le second niant systématiquement, l’homme de l’ombre qu’était Aussaresses déballe, sans regret ni remord. Sans doute trop, puisqu’il va échapper à trois attentats. Pourtant, pour les historiens, ce livre est nécessaire et important.


Épisode 4/4 : Un procès pour l’histoire ?

Comment trainer un homme devant la Justice alors que des lois d’amnistie votées à l’issue des accords d’Évian les disculpent des crimes qu’ils ont commis ? Alors c’est un livre qu’on va juger !

Avec
• Gilles Manceron, historien, spécialiste du colonialisme français. Membre de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et du CVUH (Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire),
• Sylvie Thénault, historienne, directrice au CNRS, spécialiste de la colonisation en Algérie et de la guerre d’indépendance algérienne,
• Henri Leclerc, avocat, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme (LDH),
• Florence Beaugé, ancienne journaliste au journal Le Monde.

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Écouter l’émission

En publiant le 3 mai 2001 son ouvrage choc intitulé Services spéciaux : Algérie 1955-1957 dans lequel il raconte par le menu, la torture systémique dont il légitime l’utilisation, sans remord ni regret, il ne se doute certainement pas finir devant un tribunal. C’est pourtant là qu’il se retrouve après une plainte déposée par la Ligue des droits de l’Homme pourtant très attachée à la liberté d’expression mais également à la liberté d’édition. Un cas de conscience pour la Ligue qui décide d’attaquer, non pas pour les crimes perpétrés, mais pour apologie de la torture.

En janvier 2002, Paul Aussaresses est reconnu coupable par la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris de « complicité d’apologie de crimes de guerre ». Il est condamné à une amende de 7 500 euros. L’éditeur, lui, le sera plus lourdement avant que la Cour Européenne des Droits de l’Homme ne casse le jugement.


A lire sur notre site

A propos du livre « Un tortionnaire ordinaire ? », de Claude Juin et Muriel Montagut

Un tortionnaire qui raconte ses crimes
et n’en a pas honte…
Une société qui ne trouve rien à lui dire…

« Comment tant de jeunes ont pu dans la guerre d’Algérie se livrer à des crimes ? » ; « Les amnisties font qu’ils ne relèvent d’aucun tribunal, mais peut-on se satisfaire de ce que certains les assument sans que la société n’exprime aucune condamnation à leur égard ? » Telles sont les questions que pose le livre où l’ancien appelé en Algérie, Claude Juin, docteur en sociologie, commente, avec Muriel Montagut, psychologue, le dialogue qu’il a eu en 2013 avec un ancien camarade de régiment qui a basculé dans la torture et les crimes. Ci-dessous la préface de Michel Wieviorka, un article de Libération, ainsi qu’une réflexion de la juriste Magalie Besse sur la notion de « justice transitionnelle » et une contribution de Gilles Manceron invitant la société française à trouver les moyens, malgré l’amnistie, de « dire la justice », pour en finir avec ses « poches d’impunité » et son « silence complice ».

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