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La même photo après camouflage du képi.

un maire censure une ancienne déportée

Par souci de ne pas stigmatiser «une catégorie professionnelle qui, dans ces temps troubles, avait obéi aux ordres de l’autorité légitime», le maire de Parthenay (Deux-Sèvres) censure le témoignage d'une ancienne déportée. Il y a quelques mois, on apprenait que le portrait de Pétain figurait toujours parmi les portraits officiels dans la salle des mariages de la mairie de Gonneville-sur-Mer (Calvados). Affirmant que, n'étant pas historien, il n'avait pas à «prendre parti», le maire refusait de le décrocher et déclarait qu'il ne le retirerait que si la justice le lui demandait1. Il a fallu 41 ans pour démasquer le képi français du gardien du camp de détention de Pithiviers 2. Mais l'agitation qui se manifeste aujourd'hui à propos de la prochaine sortie du film Hors la loi montre que les tentatives de réécriture de l'Histoire ne sont pas terminées.
[Mise en ligne le 29 avril 2010, mise à jour le 30]

Une mairie censure la lettre d’une ancienne déportée

[LEMONDE.FR avec AFP 28.04.10]

La mairie de Parthenay a censuré une lettre écrite par Ida Grinspan, ancienne déportée, qui devait être lue à des élèves le 29 avril dans le cadre de la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, selon le Courrier de l’Ouest de mercredi.

Nathalie Lanzi, professeure d’histoire-géographie au collège de la Couldre (Deux-Sèvres), qui accompagne depuis cinq ans ses élèves « volontaires et enthousiastes » aux cérémonies commémoratives et patriotiques, avait demandé à l’ancienne déportée d’Auschwitz de rédiger un texte que les élèves devaient lire dimanche, a-t-elle raconté au quotidien. Mais ce témoignage a heurté Michel Birault, ancien gendarme et adjoint chargé des affaires patriotiques. Ida Grinspan y évoque son arrestation par trois gendarmes alors qu’elle avait 14 ans. La professeure a accepté, à contrecœur, de remplacer le mot « gendarmes » par « hommes ».

“Une forme de censure”

M. Birault a présenté ensuite le texte au maire, Xavier Argenton (Nouveau Centre) qui, lui, a refusé sa lecture. « Ne stigmatisons pas une catégorie professionnelle qui, dans ces temps troubles, avait obéi aux ordres de l’autorité légitime », a-t-il dit à son adjoint. Ce texte « n’est pas de nature à apaiser les ressentiments à une époque où le repentir est malheureusement mis en exergue », a-t-il ajouté.

« Mes élèves ne participeront plus au devoir de mémoire et aux cérémonies commémoratives. Je renonce à souscrire à ce que j’appelle une forme de censure, a indiqué au quotidien Mme Lanzi, également conseillère régionale socialiste. Mon objectif n’était pas de blesser, mais de dire l’histoire. Je suis attachée au devoir de mémoire et au souci de vérité », a-t-elle conclu Nathalie Lanzi.

Pour Ida Grinspan, « c’est terrible, cette mentalité-là ». « Il faut savoir regarder la vérité en face. Ce que je dis dans ce texte, je le dis chaque fois que j’interviens dans une école. Je dis simplement ce qui a été », déclare-t-elle.

Communiqué LDH

Paris, le 29 avril 2010

Parthenay : le maire censure l’histoire

Le maire de Parthenay (Deux-Sèvres) a décidé de refuser la lecture publique par des élèves d’une lettre écrite par Ida Grinspan, ancienne déportée, dans le cadre de la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation. Rescapée des camps d’extermination, elle évoque son arrestation par « trois gendarmes ». Mais cette stricte vérité historique, factuelle, a pourtant amené le maire de la commune à cette décision au motif qu’il convient de refuser de « stigmatiser » une catégorie professionnelle en particulier.

Refuser de faire entendre un témoignage évoquant, dans une cérémonie sur la déportation, le rôle de la gendarmerie française, revient malheureusement à refuser de regarder en face les réalités de l’histoire, à un moment où des falsifications manifestes continuent à être énoncées. C’est un appui apporté à l’extrême droite revancharde, xénophobe, pétainiste, dont on a bien vu dans les dernières élections qu’elle n’est pas morte.

Aucune raison ne peut justifier le refus de faire entendre le témoignage évoquant, dans une cérémonie sur la déportation, le rôle de la gendarmerie française, sauf à s’inscrire dans un négationnisme intolérable. Le maire de Parthenay a commis une faute morale et politique qu’il lui appartient de réparer, en faisant procéder à une lecture publique du texte censuré, et en s’excusant publiquement auprès de Ida Grinspan.

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