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Édition du 1er au 15 décembre 2024
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un journal municipal d’informations à sens unique

Le numéro de septembre 2007 (n° 69) du journal municipal de Perpignan comporte une page entière consacrée à la présentation du Cercle algérianiste et de ses projets controversés en cours de réalisation dans l'ancien couvent des Clarisses de Perpignan. Vous en trouverez la transcription ci-dessous. Estimant volontairement malveillante la présentation de ses positions, le collectif des opposants au musée à la gloire de la colonisation demande à bénéficier du droit de réponse.

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Un droit à la mémoire pour une culture menacée de disparition

Fondé en 1974, le Cercle algérianiste des P.0 est porteur du projet d’un Mur des Disparus qui sera inauguré le 25 novembre prochain. Premier du genre en France, ce Mur recensera les 3000 noms connus et rappelera les drames des milliers de harkis massacrés. Présidente du Cercle algérianiste de Perpignan, Suzy Simon-Nicaise répond aux questions de Perpignan Magazine.

  • Perpignan Magazine : Le Cercle algérianiste, association culturelle des Français d’Afrique du Nord, a été créé, manifeste à l’appui, au niveau national en novembre 1973. A quelles fins ?

Suzy Simon-Nicaise : Le Cercle algérianiste a été créé en novembre 1973 par une dizaine de jeunes pieds-noirs désireux de faire survivre une province gardée bien vivante dans leurs coeurs mais qui n’existe plus physiquement. Le but oeuvrer pour un droit à la mémoire dans la mesure où nous sommes porteurs d’une culture originale menacée de disparition. Le Cercle de Perpignan a, quant à lui, vu le jour en 1974 à l’initiative d’Yves
Marin, conseiller municipal, de Fernand Arnaudies, un intellectuel catalan qui avait longtemps vécu en Algérie, et d’un groupe de Perpignanais d’origine pied-noir. A l’origine, l’algérianisme, créé à Alger dans les années 1920, était un mouvement littéraire et considérait la vision des écrivains métropolitains sur l’Algérie réductrice car limitée à un folklore basé sur le triptyque soleil/palmier/mauresque.

  • P-M : Le 25 novembre prochain, un Mur des disparus sera inauguré dans l’enceinte de l’ancien couvent des Clarisses de Perpignan. Ce sera le premier du genre en France. A ce propos, vous déclarez que sa création touche à un des tabous majeurs de la guerre d’Algérie. C’est-à-dire ?

S. S-N : Un des articles des Accords d’Evian signés le 18 mars 1962 prévoyait le cessez-le-feu. Or, nous considérons que ces accords n’ont pas été respectés puisque une vaste campagne a aussitôt été lancée pour terroriser la population européenne et la faire fuir. C’est à cette période que s’amplifie l’usage de la célèbre expression « la valise ou le cercueil ». Au contraire, les Accords d’Evian prévoyaient un délai de trois ans pour permettre aux Européens de faire leur choix entre rester ou partir. Or, le problème des disparitions intervient essentiellement après le 19 mars. Les 3 000 noms qui figureront sur ce Mur des Disparus sont ceux des personnes de toutes confessions,
dont le corps n’a jamais été retrouvé ni rendu à leurs familles, parmi lesquels près de 400 appelés du contingent.

Pour les Harkis, c’est bien plus compliqué car, pour la majorité, leurs identités ne sont pas connues. Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il était temps que la France reconnaisse officiellement le drame de ces Disparus par la création d’un monument mentionnant leurs noms. Nous avons juste anticipé cette volonté.

  • P-M : Vous avez en projet pour 2008 d’ouvrir également à Perpignan un Centre de Documentation de la présence française en Algérie. Quelle sera sa vocation ?

S. S-N : Le Conservatoire de la Mémoire que nous souhaitons, avec la Ville, installer à Perpignan est le prolongement de l’actuel musée que nous gérons rue Foch. Ce futur centre a pour vocation de laisser une trace de ces générations qui, pendant cent trente deux ans, sont liés à l’histoire de l’Algérie. Ne serait-ce que pour leurs descendants et aussi pour les chercheurs. Dans tous les cas, nous n’avons pas l’intention de tirer un trait définitif sur cette partie de l’histoire de France. Nous n’avons pas vocation à devenir amnésiques en reniant notre propre histoire.

  • P-M : Ces différents projets suscitent la controverse et des opposants s’élèvent contre ce qu’ils présentent comme un « musée à la gloire de la colonisation ». Quel est votre sentiment vis-à-vis de cette opposition ?

S. S-N : Le problème de cette opposition systématique à nos projets relève en réalité de ce qui pourrait se définir comme un négationnisme du drame pied-noir. Il n’y a en face de nous que des a priori idéologiques qui cherchent à réduire la présence française en Algérie aux événements qui se sont déroulés de 1954 à 1962.

  • P-M : Visiblement inspiré par plusieurs philosophes français contemporains comme André Glucksman ou Pascal Bruckner, auteur de l’ouvrage « Le sanglot de l’homme blanc (tiers monde, culpabilité, haine de soi) », le nouveau président de la République a déclaré vouloir tourner le dos à la repentance. Qu’en pensez-vous ?

S. S-N : J’approuve les déclarations du nouveau président de la République qui, dans les courriers qu’il nous a notamment adressés, a indiqué que, non seulement il n’était plus question de repentance, mais qu’il avait la ferme volonté de maintenir la date du 5 décembre comme date officielle de la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie. Et pas la date du 19 mars qui représentera toujours, à nos yeux, le début des exactions et des disparitions massives. Même si pour les appelés du contingent, le 19 mars correspond à la fin de leur mobilisation.

Propos recueillis par Philippe Labium

Estimant volontairement malveillante la présentation qui est faite de ses positions dans l’entretien précédent, le collectif des opposants au musée à la gloire de la colonisation demande au maire de Perpignan que le texte suivant soit publié dans le prochain numéro du journal au titre du droit de réponse.

L’assourdissante surdité de Mme Simon-Nicaise

Dans l’entretien avec Mme S. Simon-Nicaise qui occupe le page 25 du n° 69 de Perpignan Magazine le journaliste lui demande ce qu’elle pense des opposants aux projets qu’elle expose, et il les désigne par les termes mêmes qui donnent leur intitulé à notre collectif. C’est donc de nous qu’il s’agit, sans équivoque possible, dans une réponse dont pas un mot ne concorde avec ce que nous sommes en réalité.

Elle commence comme ceci : « Le problème de cette opposition systématique à nos projets relève en réalité de ce qui pourrait se définir comme un négationnisme du drame pied-noir ». Or nous la mettons au défi de trouver dans aucun des documents que nous avons publiés le moindre mot qui accrédite une pareille allégation, laquelle se heurte de surcroît au fait que des pieds-noirs jouent un rôle important dans notre collectif, comme individus ou comme associations.

Mme Simon-Nicaise aggrave ensuite son cas en poursuivant : « Il n’y a en face de nous que des a priori idéologiques qui cherchent à réduire la présence française en Algérie aux évènements qui se sont déroulés de 1954 à 1962 ». Toutes nos déclarations et tous nos écrits prouvent précisément que nous plaidons pour une histoire globale des rapports entre la France et l’Algérie, mais il nous suffira ici de citer un passage du tract que nous distribuons en cette rentrée 2007. Pour indiquer ce que devrait être selon nous un « centre de documentation et d’étude pour la réconciliation et la paix » nous nous référons à un travail universitaire récent que nous décrivons comme suit : « Onze universitaires et chercheurs spécialistes de l’histoire de l’Algérie proposent une approche pluraliste pour un musée consacré à l’Algérie de 1830 à 1962 ». Répétons ces dates : de 1830 à 1962 , et constatons que la passion particulariste qui fonde l’existence du Cercle algérianiste, et qui en soi mérite évidemment la compréhension et le respect, peut aussi rendre violemment sourd au discours de l’autre.

Est-ce que le dialogue est définitivement impossible entre le Cercle algérianiste et les partisans d’une histoire partagée et pacifiée ? Nous espérons que non.

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