Un État palestinien viable est-il encore possible ?
La réponse à cette question peut aujourd’hui sembler négative.
À l’issue du deuxième conflit mondial, la découverte de l’horreur que le nazisme avait engendrée déclencha la création par l’ONU de deux États indépendants sur le territoire de la Palestine historique; l’un d’eux existe, l’autre est en passe d’y parvenir.
Une Autre Voix Juive n’entend pas se prononcer en lieu et place des principaux intéressés : aujourd’hui, la volonté majoritaire des deux peuples n’est pas de construire leur avenir dans un État commun, et encore moins dans celui d’un apartheid inavoué.
A la décision de l’ONU fit écho la Déclaration d’Indépendance d’Israël ; les dirigeants de cet État se déclaraient liés aux résolutions de l’ONU. Il y avait, et il existe donc d’autres possibles que l’horreur interminable.
La politique menée depuis des décennies par le gouvernement israélien rompt avec les principes fondateurs de l’État d’Israël.
Tout esprit sensé est frappé de l’état d’aberration conduisant un dirigeant comme Netanyahou à innocenter Hitler : la politique qu’il a menée avec détermination est donc maintenant scellée dans ce mur de la honte qu’il a fait construire au prétexte de la sécurité d’Israël.
Toutes les excavatrices du monde n’y peuvent rien : on ne déracine pas plus l’olivier de Palestine qu’on ne peut effacer le peuple palestinien ou l’enfouir sous les bombes.
Le putsch fasciste des partisans de l’Algérie Française précéda d’un an la fin du colonialisme français, la victoire de l’Algérie indépendante.
Le déversement maximal des bombes Nord- Américaines précéda de peu la libération totale du Vietnam.
Trompeuses sont les apparences
Les bases d’un règlement pacifique, durable, juste et négocié, y inclus le droit au retour, sont connues. Y parvenir dépend essentiellement de la volonté politique des parties. Aucun obstacle sur le terrain ne saurait y résister.
Le désastre actuel est le fruit pourri d’une politique pourrie où les responsabilités sont de tout côté, sans renvoi dos à dos possible. La principale est portée par une puissance pour qui l’occupation, la discrimination, la distillation de la haine constituent l’horizon politique. Contempler cet horizon terrifie jusqu’au Président d’Israël, membre du Likoud, pour qui l’ « âme d’Israël se perd ». Monte l’idée que poursuivre est sans issue. La solution ne viendra pas cependant d’un nouveau tête-à-tête qui n’a, à plusieurs reprises, rien donné.
Les responsabilités sont de tout côté donc aussi celles de notre pays, celles de l’Union Européenne, celle de l’appui US, lequel commence à vaciller.
La France au niveau le plus élevé doit reconnaître l’État de Palestine ; maintenant.
L’Union Européenne doit suspendre sans atermoiement l’Accord d’Association qui la lie à Israël en dépit de la négation des valeurs qui sont supposées le fonder. Le silence coupable sur un crime indicible peut-il être enfoui sous celui qui couvre la négation des droits du peuple palestinien?
La libération des prisonniers politiques au premier rang desquels se trouve Marwan Barghouti, c’est maintenant.
Voyons loin : l’horreur au quotidien envahit notre champ de vision, mais les deux peuples ont besoin l’un de l’autre. C’est manifeste, notamment avec l’émergence en Israël des treize députés de la Joint List. Les deux peuples, palestinien et israélien ont fait preuve d’une force d’âme enviable, dans les pires conditions de la guerre et des haines réciproques. Il est plus que temps qu’ils l’investissent dans la coopération qui signerait dans tout l’arc méditerranéen et au-delà un exemple d’une puissance exceptionnelle.
Au grand poète et savant persan Omar Khayyâm, la conclusion :
« En pleine angoisse, ne perd jamais l’espoir, car la moelle la plus tendre est dans l’os le plus dur »