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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Stigmatisation de l’immigration

Le racisme postcolonial

Le « Grand remplacement » :
une peur qui vient de loin,
par Alain Ruscio

Les références au « grand remplacement » qui ont surgi à l’extrême droite lors de l’élection présidentielle de 2022 ne sont que la reprise d’un fantasme qui date de l’époque coloniale. Alain Ruscio montre dans un article publié par Mediapart que nous reproduisons ici que ce fantasme fut un filon politique abondamment exploité du XIXe siècle à nos jours. Dès que la colonisation a provoqué une immigration de travailleurs coloniaux en métropole est apparue la peur d’un « grand remplacement » en France des Blancs chrétiens par des non-blancs, souvent musulmans. Ce sentiment d’encerclement est antérieur à la guerre d’Algérie, mais celle-ci a accentué encore ce sentiment de crainte puisque les Algériens qui étaient nombreux sur le territoire de la métropole étaient désormais devenus des ennemis de l’intérieur.

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Séquelles politiques postcoloniales

Alain Ruscio : le « séparatisme » ? Il est surtout dans la morgue des élites !

Afin d’exploiter à son profit les idées discriminatoires à l’égard des musulmans de France répandues dans une partie de l’opinion, Emmanuel Macron s’en est d’abord pris au « communautarisme ». Puis, a préféré cibler le « séparatisme » et demandé à son premier ministre de présenter une loi pour le combattre. Le séparatisme, voilà l’ennemi ! Mais c’est un terme flou qui peut conduire à des dispositions attentatoires aux libertés publiques renforçant les inégalités à l’égard de ces personnes. Dans un « billet d’humeur », l’historien Alain Ruscio explique que c’est un moyen pour le président de reprendre à son compte les idées islamophobes diffusées depuis longtemps par l’extrême droite et d’autres courants politiques. Sans récuser que certains phénomènes méritent vigilance, il considère que ce genre de stigmatisation vague ne peut qu’avoir un effet délétère — à l’image de l’idée de « déchéance de nationalité » que Manuel Valls avait voulu brandir en 2015 contre le terrorisme — et accentuer la marginalisation d’une partie de nos concitoyens.

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Avis de la CNCDH sur le port du voile intégral

La Commission nationale consultative des droits de l’homme, dont la LDH est membre, vient d’adopter un avis sur la question dite du « voile intégral », en rappelant des principes fondamentaux permettant de guider la réflexion collective sur un sujet particulièrement complexe.

A ce titre le président de la CNCDH, Yves Repiquet, a souligné que « le port du voile intégral choque nombre d’entre nous. Cependant, tout ce qui choque ne doit pas nécessairement être interdit, et l’interdiction n’est pas nécessairement la meilleure des solutions contre le fondamentalisme ». La CNCDH a rappelé qu’en vertu même de la Constitution française, la liberté est le principe et l’interdiction l’exception. Toute ingérence de la loi dans la vie privée doit non seulement être justifiée par un but légitime – comme la défense de l’ordre public ou des droits d’autrui – mais également être « strictement nécessaire dans une société démocratique », conformément à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme. Une interdiction générale du « voile intégral » sur l’ensemble du territoire national serait manifestement disproportionnée, s’agissant d’un phénomène qui reste marginal, et s’attacherait plus aux effets qu’aux causes du fondamentalisme, laissant les femmes concernées encore plus isolées et vulnérables, les hommes échappant à toute sanction. La CNCDH a attiré l’attention sur les risques d’effets pervers, au regard même de l’exigence de mixité.

La CNCDH recommande notamment des efforts de pédagogie et d’éducation aux droits de l’homme, de sensibilisation et de médiation, afin de renforcer le vouloir vivre ensemble selon les principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité qui sont notre patrimoine commun. Elle encourage les autorités publiques à soutenir les femmes qui subissent des violences et à appliquer pleinement les réglementations existantes, en matière d’ordre public ou de neutralité des services publics.

En conclusion, le Président Yves Repiquet a souligné que, « dans l’attente des conclusions du rapport de la mission d’information parlementaire, la CNCDH poursuivra ses réflexions et ses travaux ».

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Pourquoi il faut refuser ce débat sur l’identité nationale, par Tzvetan Todorov

Selon un sondage Ifop à paraître dans le Journal du Dimanche, 72% des Français sont massivement convaincus que le débat sur l’identité nationale lancé par Eric Besson et justifié par Nicolas Sarkozy est avant tout «une stratégie pour gagner les élections régionales». 57% des sondés trouvent néanmoins que ce débat est justifié, et, en majorité, les Français ne pensent pas que son ouverture remettra le Front national au centre du débat politique. Dans cette tribune, Tzvetan Todorov explique pourquoi selon lui il faut refuser un tel débat1.

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Vincent Duclert : «ignorer le “grand débat” de Monsieur Besson»

Pour Vincent Duclert, il faut ignorer le débat sur “l’identité nationale” lancé ce lundi 2 novembre par le ministre de l’Immigration, en raison de trois problèmes majeurs :

  • il enferme une question légitime, “qu’est-ce qu’être français ?” dans le cadre idéologique de “l’identité nationale” emprunté aux bagages de l’extrême droite ;
  • il évacue tout l’effort de la République et des républicains pour fonder une relation des Français à la nation qui rejette le nationalisme ;
  • il politise les institutions publiques et les met au service d’une cause douteuse et partisane.

Le texte suivant a été publié par Vincent Duclert sur son blog, le 6 novembre 2009. Il est suivi d’un autre texte écrit par l’historien au cours de la campagne pour l’élection présidentielle de 2007, mais resté jusqu’à présent inédit.

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Benjamin Stora : «il faut se méfier des initiatives étatiques relatives à l’écriture de l’histoire et à la définition de la nation»

Historien de la colonisation, auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’immigration, Benjamin Stora juge suspecte l’injonction étatique à ouvrir un débat sur « l’identité nationale ». Pour lui, la mondialisation ou la construction européenne nourrissent, plus que l’immigration, une « crise de la question nationale » que la stigmatisation des immigrés et des Français d’origine étrangère ne saurait, en aucun cas, résoudre.

Dernier ouvrage paru :
le Mystère de Gaulle, son choix pour l’Algérie, Robert Laffont, Paris, 2009.

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