Que faire du monument à la gloire de la mission Marchand ?
Le monument à la mission Marchand peut être vu comme un appel à revisiter nos croyances sur le passé, en se penchant sur une page noire de l’histoire coloniale.
Le monument à la mission Marchand peut être vu comme un appel à revisiter nos croyances sur le passé, en se penchant sur une page noire de l’histoire coloniale.
Promenades dans la capitale
Une histoire de l’esclavage et de la colonisation
Dans son numéro de juin 2023, la revue Passés-Futurs, consultable en ligne sur le site Politika, publie un riche dossier intitulé « L’incertain statut des statues. Constructions et déconstructions ». Dirigé par Marc Olivier Baruch, il examine sous divers angles la question posée avec acuité dans plusieurs pays depuis le mouvement Black Lives Matter de ce qu’il faut faire aujourd’hui des statues honorant dans l’espace public des personnages liés à l’esclavagisme et à la colonisation. Outre la présentation de cette revue et son sommaire, nous publions un extrait d’un article de l’historien Olof Bortz qui passe en revue les réactions plutôt « progressistes » des historiens britanniques et celles, plus rares et plus « conservatrices », des historiens français.
Le 26 avril 2023, la maire de Saint-Denis de La Réunion (PS) et ancienne ministre des outre-mers, Ericka Bareigts, a annoncé que la statue monumentale de Mahé de La Bourdonnais installée sur l’espace public sera déplacée dans une caserne. Il fut gouverneur des Isles de France, île Maurice et de Bourbon (La Réunion), entre 1733 et 1746, période durant laquelle l’esclavage explosa dans ces îles. Revendiquant « un choix politique et militant », Ericka Bareigts, donne ainsi satisfaction au collectif Laproptaz Nout Péi (« balayons devant notre porte » en créole réunionnais), composé d’une quarantaine d’associations. Comme le montrent ci-dessous un article de Slate.fr et le film Les Statures de la discorde (2020), l’hostilité à la célébration dans l’espace public de figures esclavagistes et colonialistes est vive et ancienne à La Réunion comme aux Antilles. On lira également la prise de position de la politologue Françoise Vergès en soutien à cette initiative.
Après les guides de Paris, Bordeaux et Soissons, les éditions Syllepse nous offrent, en co-édition avec la courte échelle et les éditions transit de Marseille, le Guide du Marseille colonial. Un travail collectif réalisé par un groupe de militants associatifs marseillais qui s’est réuni régulièrement depuis juillet 2020 pour préparer cet ouvrage. En librairie à partir du 1er septembre 2022.
Parmi les préconisations du rapport que Benjamin Stora a remis à sa demande le 20 janvier 2021 au président de la République, Emmanuel Macron, figure la construction, au moment du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie en 2022, d’une stèle à l’émir Abd el-Kader à Amboise, où il a vécu en résidence surveillée de 1848 à 1852, ainsi que la restitution de son épée à l’Algérie. Rendre hommage à ce héros de la lutte du peuple algérien face à la colonisation française est une nécessité. Pour sa part, notre site a réclamé, dès octobre 2017, sur la suggestion d’Alain Ruscio, l’ouverture d’un débat sur l’installation d’une statue d’Abd el-Kader sur la place qui porte son nom à Paris, inaugurée par son maire, Bertrand Delanoë, en novembre 2006. Ci-dessous les réflexions à ce sujet de l’historien britannique Neil MacMaster.
Faut-il déboulonner les statues ? le président Emmanuel Macron a fait à ce sujet des déclarations péremptoires : « Nous ne déboulonnerons pas de statues ». Il a accusé ceux qui dénoncent les origines coloniales du racisme d’aujourd’hui de vouloir effacer les traces de notre histoire, alors qu’ils entendent au contraire donner à voir ce que sa période coloniale a légué de séquelles mortifères, en exigeant le plein respect des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. La question est plutôt : Devons-nous conserver certaines statues dans notre espace public ? Ne faudrait-il pas déplacer certaines d’entre elles ? Et aussi en ériger de nouvelles ? Ci-dessous l’appel à une balade décoloniale sur le thème « Décolonisons nos espaces publics ! » et un article de l’historien Alain Ruscio, « Mémoire du passé colonial dans l’espace public. Qui est honoré à Paris ? »