Une loi qui vient de loin
Un article de Sandrine Lemaire 1 paru dans le Monde diplomatique de janvier 2006.
Un article de Sandrine Lemaire 1 paru dans le Monde diplomatique de janvier 2006.
Alors que la polémique sur l’héritage colonial enflamme en 2005 la société française, François Armanet et Gilles Anquetil examinent, le 3 novembre 2005 dans le n° 2139 du Nouvel Observateur, les conséquences de nos trous de mémoire, telles qu’elles sont abordées dans le livre La Fracture coloniale paru à La Découverte sous la direction de Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire. Historien, chercheur associé au CNRS, Pascal Blanchard est l’auteur de La République coloniale (Albin Michel) et a codirigé Le Paris noir (Hazan), Le Paris arabe et Le Paris Asie à La Découverte. Ils donnent la parole à Pascal Blanchard.
Quel est le poids du passé colonial sur le présent de la société française ? Nous reproduisons ci-dessous l’introduction, par Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, de l’ouvrage La fracture coloniale- La société française au prisme de l’héritage colonial, publié sous leur direction en novembre 2005[La fracture coloniale – La société française au prisme de l’héritage colonial, sous la direction de Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, 312 pages, 20 €, publié aux Éditions La Découverte.]]. [Une présentation de l’ouvrage est accessible ici.
« Au commencement est le mépris. »
Paul VALERY, Orient et Occident. Regard sur le monde actuel, 1931.
« Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de souhaiter la cristallisation chez les Blancs d’une culpabilité envers le passé de ma race. Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de me préoccuper des moyens qui me permettraient de piétiner la fierté de l’ancien maître. Je n’ai ni le droit ni le devoir d’exiger réparation pour mes ancêtres domestiqués […]. Je ne suis pas esclave de l’esclavage qui déshumanisa mes pères. »
Frantz FANON, Peau noire, masques blancs, 1952.
« Les événements à venir vont déterminer le sort de mon pays, et plus que cela. »
Raymond ARON, discours sur la guerre d’Algérie à Harvard, 12 juin 1958.
Après la parution du livre collectif, La fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial, co-dirigé par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire et publié, à la suite de nombreux autres ouvrages2, en 2005, aux éditions La Découverte, ces auteurs ont donné un entretien autour de ce livre pour le site oumma.com. Leurs propos ont été recueillis par la rédaction d’oumma.com, et publiés le 29 septembre 2005.
Tout en déplorant le politiquement correct, Alain Finkielkraut a, à plusieurs occasions, contesté la loi du 23 février 2005 et demandé la suppression de son article 4. Nous reproduisons son échange avec Sandrine Lemaire, professeur d’histoire et co-auteur de « la Fracture coloniale », au cours du « Face à face » du Journal télévisé de 13h sur France 2, le 26 octobre 2005, sur le thème « Colonisation : question tabou ou débat nécessaire ? ». Il élargit le champ de sa réflexion dans une chronique dans le numéro de septembre 2005 de la revue L’Arche qui reprend l’essentiel de son émission « Qui vive » sur RCJ.
Comment cela a-t-il été possible ? Les Européens sont-ils capables de prendre la mesure de ce que révèlent les « zoos humains » de leur culture, de leurs mentalités, de leur inconscient et de leur psychisme collectif ? Double question alors que s’ouvre enfin, à Paris, au cœur du temple des arts – le Louvre -, la première grande exposition sur les arts premiers.3 Ci-dessous la première partie de l’article de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire4, paru dans Le Monde Diplomatique d’août 2000.