« Repentance » : l’histoire d’un mot écran
Il n’y aura « ni repentance, ni excuses » : telle fut, dans la bouche de Bruno Roger-Petit, l’actuel conseiller mémoire du président Macron, la première réaction de l’Elysée au rapport de l’historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie, avant même sa remise officielle, le 20 janvier 2021. « Repentance » : l’usage officiel de ce mot est lourd de signification et ne peut qu’inquiéter ceux qui militent pour la reconnaissance de ce que fut le colonialisme. Rappelons que cette notion aujourd’hui banalisée dans le débat public français a une histoire : empruntée au vocabulaire religieux, elle fut introduite dans les années 2000 comme repoussoir par des courants politiques nationalistes amateurs de roman national, désireux de réhabiliter la colonisation et de disqualifier toute histoire critique de cette dernière, avant d’être consacrée sous Nicolas Sarkozy. Nous publions ici deux textes, l’un de Fabrice Riceputi, l’autre de Sébastien Jahan et Alain Ruscio, qui expliquent l’émergence de ce thème, ainsi qu’un article de Gilles Manceron paru le 17 février 2021 dans l’Humanité.