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Relations franco-algériennes postcoloniales

La consulaire, à Brest.
Depuis 2012

Des cadeaux diplomatiques qui font des vagues

Les conseillers de François Hollande sont en quête de cadeaux chargés d’une forte valeur symbolique que le président français pourrait offrir à l’Algérie lors de son prochain voyage officiel.

Le fameux canon, dénommé “Baba Merzoug” par les Algériens et “La Consulaire” par les Français, a été évoqué, mais la Marine française semble très attachée à ce trophée de guerre. Des clés, de la ville d’Alger ou de sa casbah, ont été envisagées, mais étant des “biens culturels publics” elles sont inaliénables – dans son édition du 30 novembre 2012, La Tribune de l’art rappelle l’épisode des manuscrits coréens et proteste d’avance contre un dessaisissement éventuel1.

[16 décembre 2012] – D’après l’édition du 14 décembre 2012 de La Tribune de l’Art, les clés d’Alger resteraient au musée de l’Armée, et Baba Merzoug ne bougerait pas de l’Arsenal de Brest.

D’après ce magazine, le choix de François Hollande se porterait sur un petit tableau de Gustave Courbet (une Vierge à l’enfant), dérobé en 1985 et qui a été retrouvé en France. La remise de ce tableau au Musée Zabana d’Oran n’aura évidemment pas la même charge symbolique…
Difficile pour une nation qui a été à la tête d’un “Empire” de se dépouiller des traces de son passé “glorieux”.

[Mis en ligne le 5 décembre 2012, mis à jour le 16]

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Pour Benjamin Stora, “la relation franco-algérienne reprend”

Le 19 mars dernier, jour anniversaire du cessez-le-feu qui a suivi les Accords d’Evian de 1962, François Hollande, alors candidat à l’élection présidentielle, écrivait dans une tribune publiée dans les quotidiens Le Monde et El Watan : «Nous avons tant de choses utiles et belles à faire dans une même perspective. Celle du respect mais aussi du dépassement.»

À la veille du voyage officiel en Algérie de François Hollande, président de la République, l’historien Benjamin Stora exprime l’attente qui se manifeste de part et d’autre de la Méditerranée

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Brahim Senouci : Algérie-France, quelle réconciliation ?

Il y a douze ans, Brahim Senouci, universitaire, écrivain et journaliste, appelait la France à reconnaître «cette zone d’ombre que constitue son passé colonial».

Aujourd’hui, déplorant que cette parole française ne soit pas encore venue, il appelle François Hollande à prononcer des mots, «pas ceux de repentance ni d’excuses, mais de reconnaissance et d’engagement à en finir avec la matrice culturelle qui a permis […] de commettre l’horreur» : une vision qui «cantonne les trois-quarts de l’humanité dans une altérité et une infériorité irréductibles».

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comme les Blancs et les Noirs d’Afrique du Sud, comme la France et l’Allemagne, l’Algérie et la France doivent sortir des conflits du passé

Il y a cinq ans, des historiens des deux rives de la Méditerranée avaient lancé un appel à dépasser le contentieux historique franco-algérien. Les signataires, récusant le terme de «repentance» pour sa connotation religieuse, appelaient les plus hautes autorités de la République française à «reconnaître publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie».

Aujourd’hui, on ne peut malheureusement que constater l’absence de progrès dans cette direction. C’est sans doute la raison pour laquelle, après avoir rappelé le lourd passé de la France en Algérie, le politologue Mustapha Benchenane (Université Paris-Descartes) conclut une tribune publiée dans le Quotidien d’Oran le 5 juillet 2012, en écrivant : «Ce que les Français et les Allemands ont réussi, ce que les noirs et les blancs sont parvenus à surmonter en Afrique du Sud, devrait aussi être à la portée des Algériens et des Français..» Dans le même registre, l’universitaire Brahim Senouci plaide, également dans le Quotidien d’Oran, le 12 juillet 2012, pour que la France suive l’exemple de l’Allemagne en reconnaissant et en assumant son passé.

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André Nouschi : “les deux parties ont sous-estimé le racisme toujours présent chez les Européens”

À l’occasion du cinquantenaire du 19 mars 1962, le quotidien El Watan a publié lundi 19 mars 2012 un supplément spécial téléchargeable (pdf).

Ci-dessous la contribution de l’historien André Nouschi. Né à Constantine le 10 décembre 1922, André Nouschi est spécialiste de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient contemporains. Il soutient sa thèse, «Enquête sur le niveau de vie des populations rurales constantinoises, de la conquête jusqu’en 1919», en 1959, sous la direction de Charles-André Julien (publiée aux PUF en 1961). Il est coauteur de Algérie passé et présent avec Yves Lacoste et André Prenant, en 1960 ; il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages dont La naissance du nationalisme algérien, 1962, Paris, Editions de Minuit (2e éd. 1976) ; Les armes retournées : Colonisation et décolonisation françaises (éditions Belin, août 2005) et L’Algérie amère.

Il a créé le Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine, en 1968, à l’université de Nice. Il est professeur émérite depuis 1991.

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Gilbert Meynier appelle les historiens algériens et français à ouvrir des chantiers mémoriels

Rencontré en marge de sa tournée en Algérie, l’historien Gilbert Meynier revient sur la relation entre la France et l’Algérie à moins d’une année du 50e anniversaire de l’indépendance. Le professeur émérite de Nancy II n’épargne ni les responsables algériens ni les responsables français, et appelle les historiens des deux pays à se pencher sur ce qu’il appelle les «chantiers mémoriels».

À la suite de la publication de cet entretien dans El Watan, Gilbert Meynier a adressé deux mises au point à Aziz Mouats qui les a reprises sur son blog – vous les trouverez en bas de cette page.

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Ces ossements humains gisent sous terre depuis exactement 166 ans (© Aziz)
De 2007 à 2012

Alain Juppé et les grottes du Dahra

«Il faut regarder notre passé commun en face» a déclaré Alain Juppé lors de sa visite à Oran le 17 juin dernier. Et notre ministre des Affaires étrangères, citant le discours de Nicolas Sarkozy à Alger le 3 décembre 2007, a poursuivi en évoquant «le caractère injuste de la colonisation et les maux qu’il a engendrés2». Comme on aimerait que de telles déclarations ne soient pas réservées à un public algérien …

Il s’en est fallu de peu que cette déclaration soit faite le jour même de l’annonce de la découverte de restes humains des victimes des enfumades des grottes du Dahra organisées par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845.

Il est peu probable qu’Alain Juppé ait eu présent à l’esprit ce sinistre épisode du temps de la conquête, quand il a déclaré à Oran « nous ne sommes pas près d’aller à la repentance3». Effectivement, le mot “repentance” a une connotation religieuse qui le rend impropre. Mais un geste, une déclaration forte s’imposeraient pour mettre enfin à distance cet héritage colonial qui empoisonne encore, cinquante ans après, les relations entre la France et l’Algérie. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que les plus hautes autorités de la République française reconnaissent publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie ? Et pour mettre un terme au contentieux historique qui continue à opposer les deux pays ?

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Abandon de loi algérienne incriminant le colonialisme français

Après avoir subi de profondes modifications par rapport à sa version initiale, il semble que la proposition de loi incriminant le colonialisme français, annoncée début février par le député FLN Moussa Abdi, ait été abandonnée. D’après le président de l’assemblée algérienne, elle n’est pas inscrite à l’ordre du jour de la session actuelle et ne le sera probablement pas de la session suivante.
Abdelaziz Ziari a toutefois tenu à rappeler que l’Algérie reste «ferme sur sa position» et exige du colonisateur français de «reconnaître ses crimes commis dans ses anciennes colonies, en particulier l’Algérie».

Interrogé sur la difficulté de «solder le passé entre la France et l’Algérie », l’historien Mohammed Harbi avait rappelé que «l’essentiel, c’est la responsabilité historique de l’État français par rapport à la colonisation». «Il y aurait certainement moins de crispation entre les deux pays si la France reconnaissait simplement cette responsabilité historique.»

[Mis en ligne le 8 mars 2010, mis à jour le 27 septembre]

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De 2007 à 2012

La délivrance d’un visa pour franchir la Méditerranée devrait être un droit, et non une faveur

«Chaque famille vivant en Algérie a des proches vivant en France, avec la nationalité algérienne ou avec la nationalité française. Ces proches, ce sont des cousins, des neveux mais souvent des fils, des filles, des parents, des conjoints aussi. Le mouvement naturel dans ces conditions serait de pouvoir aller et venir, s’installer de ce côté-ci pour un temps ou pour la vie, repartir, revenir. Mais voilà, ici ils sont étrangers, alors il leur faut un visa pour entrer, et un titre de séjour pour rester.»4

La Cimade vient de publier les résultats d’une enquête sur les pratiques en matière de délivrance des visas des consulats de France dans six pays – Mali, Maroc, Sénégal, Ukraine, Turquie et Algérie. C’est en Algérie que le taux de refus de visas est le plus élevé – la Cimade le qualifie de «faramineux».

Nous reprenons ci-dessous la partie de ce rapport consacrée à l’Algérie5 où la mission d’observation s’est rendue du 12 au 23 octobre 2009 pour se pencher sur les pratiques des trois consulats de France (Alger, Annaba et Oran). Concernant la privatisation de certains services, désignée ci-dessous par le terme d’externalisation, on pourra se reporter à cette autre page.

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Benjamin Stora à propos du film “Hors la loi”

Dans un entretien publié dans le quotidien algérien El Watan, l’historien Benjamin Stora évoque les polémiques qui ont entouré la présentation à Cannes du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. Il revient sur les rapports entre la France et l’Algérie, qui restent obérés par l’occultation partielle en France de l’histoire du passé colonial.

Une situation qui devrait perdurer dans la mesure où Nicolas Sarkozy se montre «réceptif et sensible à cette partie de l’opinion publique française qui entretient une mémoire sélective de la guerre d’Algérie» (Nadjia Bouzeghrane).

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Mohammed Harbi : “le pari des accords d’Evian n’a pas été tenu”

Il y a 48 ans, le 18 mars 1962, étaient signés les accords d’Évian. Ils comprennent deux parties :
un accord de cessez-le-feu, dont l’application était fixée au lendemain, le 19 mars 1962 à midi, et des déclarations portant notamment sur la période de transition6.

Le cessez-le-feu officiel ne marqua malheureusement pas la fin des combats, et cette guerre devait faire encore de très nombreuses victimes civiles ou militaires au cours des mois qui ont suivi. L’indépendance de l’Algérie sera proclamée le 5 juillet, après 132 ans de “présence” française.

Dans un entretien publié dans le quotidien algérien El Watan, l’historien Mohammed Harbi tente d’expliquer pourquoi les Etats français et algérien ne parviennent toujours pas à dialoguer sereinement de leur passé commun.

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Benjamin Stora décrypte le projet de loi algérien criminalisant la colonisation

Le dépôt d’une proposition de loi criminalisant le colonialisme français a été annoncé début février par un député FLN, Moussa Abdi, professeur d’histoire à Chlef. Ce texte aurait été remanié à plusieurs reprises ces dernières semaines et on ne sait toujours pas si le gouvernement algérien a décidé de l’inscrire au programme de l’Assemblée.

Pierre Puchot en publie une version sur le site Mediapart ainsi qu’une analyse par Benjamin Stora pour qui ce texte marque un durcissement
dans les rapports entre Paris et Alger7.

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