L’universalisme a été détourné par l’Europe
à l’époque coloniale,
faut-il renoncer à s’en réclamer ?
Face à une gauche qui s’est construite dans le paradigme universaliste hérité de la Déclaration des droits de l’Homme et face, aussi, à l’utilisation abusive de ce concept à l’époque coloniale, le courant qui se réclame de « l’antiracisme décolonial » pointe dans l’universalisme un concept abstrait trop souvent employé pour nier les discriminations. Ci-dessous l’échange suscité par la revue Regards entre le philosophe Norman Ajari, auteur du livre important, La Dignité ou la mort, éthique et politique de la race (éd. La Découverte, 2019), et l’historienne Sophie Wahnich, autrice de plusieurs livres sur la Révolution française et membre de la section de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de la Ligue des droits de l’homme. Pour elle, il faut défendre l’universalisme, malgré le détournement eurocentriste dont il a été l’objet.