Audition de Benjamin Stora par la mission sur le port du voile
La Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national poursuit ses travaux. Les compte-rendus de ses séances, et notamment les interventions des députés, pourraient faire l’objet d’une anthologie des fantasmes, des peurs et également de la démagogie de nombre d’élus1.
L’audition de Jean Baubérot, titulaire de la chaire d’histoire et sociologie de la laïcité à l’École pratique des hautes études, le 21 octobre 2009, en donne un aperçu2.
Benjamin Stora, historien, professeur des universités, a été entendu par la mission le 18 novembre 2009. Son exposé que nous reprenons ci-dessous a été suivi de questions que lui ont adressées des membres de la mission et auxquelles il a apporté des éléments de réponse3. Affirmant la nécessité de «combattre le rejet de l’autre» et d’adresser «un message qui rappelle l’impératif d’accueil, de générosité et d’égalité citoyenne», l’historien a déclaré «ne pas voir la nécessité de concevoir une grande loi loi qui peut heurter la sensibilité de l’ensemble de la communauté musulmane.».
Pendant ce temps, dans l’espoir d’en retirer un bénéfice électoral en mars prochain, la majorité présidentielle tente d’imposer un débat sur le soi-disant problème du port de la burqa. L’exemple vient d’en-haut : n’est-ce pas Nicolas Sarkozy en personne qui, dans son discours du 12 novembre, à La Chapelle-en-Vercors, avait insisté sur le fait que «la France est un pays où il n’y a pas de place pour la burqa, pas de place pour l’asservissement de la femme» ?