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Édition du 1er au 15 décembre 2024

Maurice Papon

La reconnaissance du passé colonial

De Gaulle et le massacre
des Algériens à Paris
en octobre 1961

Fabrice Arfi a publié dans Mediapart des documents inédits qui montrent que de Gaulle a été mis rapidement au courant du massacre des Algériens à Paris autour du 17 octobre 1961. Qu’il l’a jugé illégal et a demandé des sanctions contre les policiers responsables. Sanctions qui ne sont jamais intervenues. Réagissant à cette publication, Mehdi Lallaoui, pionnier du combat pour la vérité sur ce crime d’État, a demandé au président Macron de s’exprimer à ce sujet. Mediapart a publié ensuite les commentaires de quatre historiens. De son côté, Gilles Manceron a pointé la nécessité de croiser ces découvertes d’archives avec les notes prises au conseil des ministres par Louis Terrenoire, consultables aux Archives nationales, signalées aussi sur Mediapart dans un billet de blog de Marie-Odile Terrenoire qui a suscité d’intéressants commentaires.

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Charonne 8 février 1962

Il y a soixante ans
la répression meurtrière
d’une manifestation pacifique
au métro Charonne

Vers la fin de la guerre d’Algérie, le 8 février 1962, alors que les négociations d’Evian étaient bien avancées et qu’on se dirigeait vers l’indépendance prochaine de ce pays, une manifestation parisienne soutenant cette issue et protestant aussi contre les attentats criminels commis par l’organisation terroriste de l’OAS a été attaquée violemment par des brigades spéciales aux ordres du préfet de police Maurice Papon. Neuf personnes sont mortes du fait d’actes de violence destinés à tuer. Les responsabilités particulières du ministre de l’intérieur, Roger Frey, et du premier ministre, Michel Debré, hostile à l’issue de la guerre voulue par le général de Gaulle, doivent être établies. Et la lumière doit être faite sur le silence de l’Etat depuis. Diverses commémorations sont organisées le 8 février 2022 pour demander la reconnaissance de ce crime d’Etat par les plus hautes autorités du pays.

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Commémorations

Dans l’enlèvement en plein Paris
et l’assassinat de Mehdi Ben Barka :
la complicité de Roger Frey et Maurice Papon

Le 29 octobre 2021, 56 ans après l’enlèvement à Paris de l’homme politique marocain et leader tiers-mondiste Mehdi Ben Barka suivi de son assassinat, un rassemblement a eu lieu à Paris devant la Brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain. Ci-dessous l’allocution prononcée au nom de la famille par Bachir Ben Barka, président de l’Institut Mehdi Ben Barka – Mémoire vivante. Et l’article publié par Mediapart sur les complicités de Frey et de Papon dans ce crime. Des complicités qui expliquent probablement les entraves persistantes que la « raison d’Etat » oppose en France au travail de la Justice, qui est toujours saisie de ce crime mais n’est toujours pas parvenue à accéder aux documents d’archives qu’elle demande.

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Le 17 octobre 1961

Le 17 octobre 1961
crime d’Etat
ou crime de Préfecture ?

Alors que plus de 120 associations, syndicats et partis politiques ont lancé pour les 60 ans du 17 octobre 1961 un appel à la reconnaissance de ce crime d’Etat commis au cœur de la capitale, Emmanuel Macron a publié le 16 octobre 2021 un communiqué qui, s’il a le mérite d’employer le mot « crime », l’attribue au seul Maurice Papon. Dans Politis, Denis Sieffert explique qu’en cela, il a tourné le dos à la vérité. Il a contredit la demande de reconnaissance du crime d’Etat exprimée par Benjamin Stora le jour-même dans Libération et réclamée le 17 octobre dans les rues de Paris par des milliers de manifestants. C’était aussi la demande de tous les intervenants au colloque international qui a eu lieu au Sénat le 15 octobre, dont rend compte l’article du quotidien El Watan que nous reproduisons ici, ainsi qu’un article paru sur le site de France culture.

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Livres, films, spectacles pour la reconnaissance

Un film hors du commun,
« Octobre à Paris » de Jacques Panijel

Octobre à Paris est un film à part. Dans les mois qui ont suivi les massacres à Paris d’octobre 1961, Jacques Panijel, biologiste, membre du Comité Audin, a mis en scène une reconstitution du quotidien des Algériens dans les bidonvilles de Nanterre et de Gennevilliers et de la préparation et du départ de la manifestation du 17 octobre, qui ont été suivis de la répression, des manifestants battus et jetés à la Seine. Les copies sont saisies, les projections interdites. En 1973, il obtient un visa de censure, après une grève de la faim du cinéaste René Vautier, sans pour autant être distribué. Ce n’est qu’en 2011, cinquante ans après l’événement, qu’il est sorti en salles, précédé d’une préface filmée de Mehdi Lallaoui. Ci-dessous l’annonce de sa projection à Paris le 25 octobre 2020, dans des conditions, elles aussi, exceptionnelles, et un interview publié en 2000 par la revue Vacarme où Jacques Panijel retrace l’histoire mouvementée de ce film.

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Le 17 octobre 1961

Le photographe George Azenstarck,
témoin majeur du 17 octobre 1961

Georges Azenstarck (1934-2020) vient de mourir. Photo-reporter engagé, il avait documenté la vie des pauvres et des ouvriers, mais aussi la nuit du 17 octobre 1961, quand, sous les ordres de Maurice Papon, la police parisienne a tué des dizaines d’Algériens, dont beaucoup furent jetés à la Seine. En 1999, il fut aussi l’un des témoins entendus lors du procès en diffamation qu’intenta Maurice Papon à Jean-Luc Einaudi et grâce auxquels ce dernier fut relaxé. Ci-dessous l’article de Chloé Leprince publié sur le site de France culture avec une séquence d’un film où il témoigne. Nous y avons ajouté le film de 2011 où, lors du rassemblement du cinquantenaire du 17 octobre 1961, Georges Azenstarck montre l’une de ses photos du massacre et parle de leur disparition mystérieuse du siège de l’Humanité.

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L'accès aux archives coloniales

Une promotion « Brigitte Lainé » d’élèves conservateurs du patrimoine

En 1999, avec son collègue aux Archives de Paris Philipe Grand, Brigitte Lainé témoigna en faveur de Jean-Luc Einaudi au procès en diffamation que lui intentait Maurice Papon. Ils dirent que les archives judiciaires dont l’accès était refusé à Einaudi confirmaient « un massacre » d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Ce témoignage, décisif dans la reconnaissance de cet évènement, leur coûta des années de quasi interdiction professionnelle et de mise au ban de la profession, sans que l’injustice de ces sanctions ne soit jamais officiellement reconnue. Vingt et un ans plus tard, les élèves conservateurs du patrimoine baptisent leur promotion « Brigitte Lainé » et expliquent leur choix. Cet hommage à une archiviste qui préféra la vérité à un rôle de gardien de la raison d’Etat intervient alors qu’au nom du « secret d’Etat » l’accès des citoyens aux archives « sensibles » est menacé. Il reste à l’institution des Archives de France et au ministère de la Culture à réhabiliter clairement Brigitte Lainé et Philippe Grand.

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Le 17 octobre 1961

Nouvelles demandes
de vérité
sur le 17 octobre 1961

Pour le 57e anniversaire de la manifestation des Algériens à Paris du 17 octobre 1961, des rassemblements ont eu lieu dans de plus en plus nombreuses villes de France. L’appel national largement signé pointe cette année deux faits peu relevés auparavant : l’initiative du Premier ministre d’alors, Michel Debré, dans la convocation du conseil interministériel du 5 octobre qui a décidé du couvre-feu raciste ; et le sort des centaines d’Algériens soi-disant expédiés « vers leur douar d’origine », en réalité envoyés en Algérie dans des camps de concentration où leur mortalité a été élevée. Le président de la République s’est contenté de publier un bref « tweet ». La demande de vérité sur cette répression continuera à s’exprimer.

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