Les barricades d’Alger : une déclaration de guerre à l’État et le début d’une guerre civile
Le discours du général de Gaulle annonçant, le 16 septembre 1959, « l’autodétermination » pour l’Algérie avait mis en alerte les partisans de l’Algérie française. Suite à une interview donnée à un journal allemand, le général Massu, commandant du corps d’armée d’Alger, est rappelé à Paris le 22 janvier 1960. A Alger, les activistes s’enflamment, élèvent des barricades… Le 24 janvier, des tirs de fusils-mitrailleurs dirigés contre des gendarmes mobiles font de nombreuses victimes parmi les forces de l’ordre. Un camp retranché est installé au centre d’Alger au nom de l’Algérie française… Mais, n’ayant pas bénéficié du soutien espéré, la rébellion fera long feu1.
A l’heure où la mémoire de la guerre d’Algérie est l’objet de diverses tentatives de récupération politique2, nous reprenons ci-dessous le témoignage de Jean Sprecher qui a vécu ces événements et pour qui «les Barricades de janvier 1960, avec leur bilan tragique, apparaissaient comme la déclaration de guerre à l’Etat, et le début de la guerre civile qui allait couver quelque temps, mûrir dans l’ombre, tenter un nouvel essai en décembre 1960 et éclater enfin quelques mois plus tard, en avril 1961, quand des généraux convaincus de tenir l’armée en main, crurent cette fois le moment venu pour déclencher un putsch, en garder la maîtrise et en assurer le succès.»3
Nous complétons ce document avec un extrait de l’éditorial publié par Le Monde le 26 janvier 1960.