
Brigitte Lainé, archiviste et citoyenne
C’est grâce au témoignage de Brigitte Lainé (1942- 2018), conservatrice aux Archives de Paris, que Jean-Luc Einaudi, poursuivi en diffamation par Maurice Papon, a été relaxé. Et que pour la
C’est grâce au témoignage de Brigitte Lainé (1942- 2018), conservatrice aux Archives de Paris, que Jean-Luc Einaudi, poursuivi en diffamation par Maurice Papon, a été relaxé. Et que pour la
Voici une archive filmique rare et précieuse : un extrait de 25 minutes de la longue déposition de Jean-Luc Einaudi lors de la septième audience du procès de Maurice Papon, à la Cour d’assises de Bordeaux, le 16 octobre 1997.
Son rôle fut crucial dans la connaissance de certains des pans occultés de notre histoire coloniale. Une Association des Ami.e.s de Jean-Luc Einaudi vient d’être créée.
Fondée il y a plus de deux siècles, la prestigieuse Conférence des avocats du Barreau de Paris est un concours d’éloquence dont douze jeunes talentueux avocats ressortent « Secrétaires ».
Ici on noya les Algériens de Fabrice Riceputi, paru le 2 septembre 2021, est la première d’une série de publications annoncées à l’occasion du soixantième anniversaire du massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Ce livre est la réédition revue et corrigée de La bataille d’Einaudi. Comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République (préface de Gilles Manceron) paru en 2015. Il raconte le combat mené par le « citoyen chercheur » Jean-Luc Einaudi pour la connaissance historique et la reconnaissance politique de cet événement majeur de l’histoire de l’immigration et de la France. Ci-dessous un extrait de la préface inédite d’Edwy Plene, une recension par la romancière Dominique Manotti, ainsi qu’un entretien avec Fabrice Riceputi réalisé par Hassina Mechaï pour le site MiddleEastEye.
L’archiviste et historienne de l’art Brigitte Lainé est morte le 2 novembre 2018. Philippe Grand fut durant des décennies son collègue aux Archives de Paris et son ami. Il fut aussi celui qui témoigna en 1999 avec elle, contre Maurice Papon et pour Jean-Luc Einaudi, de ce que contenaient les archives sur le 17 octobre 1961. Tous deux contribuèrent ainsi à faire admettre à la Justice que la police parisienne commit alors un massacre de manifestants algériens. Ils subirent pour cela de lourdes sanctions déguisées pendant six ans. A ce jour, l’injustice manifeste dont ils furent les victimes n’est toujours pas officiellement reconnue et réparée. Dans cette notice destinée à une publication de l’Ecole des Chartes, Philippe Grand rappelle quelle archiviste exceptionnelle et quelle citoyenne exemplaire fut Brigitte Lainé.
Georges Azenstarck (1934-2020) vient de mourir. Photo-reporter engagé, il avait documenté la vie des pauvres et des ouvriers, mais aussi la nuit du 17 octobre 1961, quand, sous les ordres de Maurice Papon, la police parisienne a tué des dizaines d’Algériens, dont beaucoup furent jetés à la Seine. En 1999, il fut aussi l’un des témoins entendus lors du procès en diffamation qu’intenta Maurice Papon à Jean-Luc Einaudi et grâce auxquels ce dernier fut relaxé. Ci-dessous l’article de Chloé Leprince publié sur le site de France culture avec une séquence d’un film où il témoigne. Nous y avons ajouté le film de 2011 où, lors du rassemblement du cinquantenaire du 17 octobre 1961, Georges Azenstarck montre l’une de ses photos du massacre et parle de leur disparition mystérieuse du siège de l’Humanité.
En 1999, avec son collègue aux Archives de Paris Philipe Grand, Brigitte Lainé témoigna en faveur de Jean-Luc Einaudi au procès en diffamation que lui intentait Maurice Papon. Ils dirent que les archives judiciaires dont l’accès était refusé à Einaudi confirmaient « un massacre » d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Ce témoignage, décisif dans la reconnaissance de cet évènement, leur coûta des années de quasi interdiction professionnelle et de mise au ban de la profession, sans que l’injustice de ces sanctions ne soit jamais officiellement reconnue. Vingt et un ans plus tard, les élèves conservateurs du patrimoine baptisent leur promotion « Brigitte Lainé » et expliquent leur choix. Cet hommage à une archiviste qui préféra la vérité à un rôle de gardien de la raison d’Etat intervient alors qu’au nom du « secret d’Etat » l’accès des citoyens aux archives « sensibles » est menacé. Il reste à l’institution des Archives de France et au ministère de la Culture à réhabiliter clairement Brigitte Lainé et Philippe Grand.
Brigitte Lainé (1942-2018), conservateur en chef honoraire aux Archives de Paris, est morte le 2 novembre dernier. Les lecteurs du site LDH-Toulon, dont notre site est l’héritier, connaissent son nom, associé à celui de Philippe Grand, son collègue et ami — François Nadiras leur consacra de nombreux articles dans la rubrique « Maurice Papon et les deux archivistes ». Nous tenons à lui rendre hommage en rappelant ce que fut l’affaire Grand-Lainé. On lira également la réaction de Sonia Combe à « l’oubli » dans certains commentaires sur sa carrière, du courage dont elle fit preuve en 1999 comme archiviste citoyenne et de la façon dont elle fut, avec Philippe Grand, sanctionnée et mise au ban de la profession par nombre de ses collègues français.
A l’heure du 56e anniversaire du massacre du 17 octobre 1961, vingt ans après la retentissante déposition de Jean-Luc Einaudi au procès de Maurice Papon à Bordeaux, où en sommes-nous de la reconnaissance politique qu’on est en droit d’attendre d’un crime d’Etat très longtemps nié et occulté ?
L’intégration des musulmans en France n’est-elle possible que par leur renonciation, de gré ou de force, à ce qui fait leur différence ?