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Édition du 1er juillet au 15 juillet 2024

Histoire coloniale

Boudjemaa Laliam, président de l'Association des Algériens du Languedoc Roussillon et de l’Aveyron (D.R.)
1962, la fin de la guerre d'Algérie

les historiens doivent pouvoir travailler sans subir de pressions des politiques

Un colloque historique à caractère universitaire consacré à l’histoire de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre d’Algérie doit avoir lieu à Nîmes dans les locaux du conseil général du Gard les 10 et 11 mars – en voici la présentation. Une petite dizaine d’historiens et deux anciens militants du FLN en France partageront leurs réflexions, si toutefois le colloque n’est pas interdit par les pouvoirs publics.

En effet, il s’est trouvé une association activiste de pieds-noirs proche de l’extrême droite, l’Union Syndicale de Défense des Intérêts des Français Repliés d’Algérie (Usdifra), pour qualifier cette réunion de “colloque de la désinformation”, et annoncer son intention de mobiliser ses troupes pour manifester à Nîmes le 10 mars, de façon à en obtenir l’interdiction.

Un scénario semblable s’est déroulé début février à Nice où Christian Estrosi, maire de Nice, avait manifesté « sa totale désapprobation » de l’organisation par la LDH d’un colloque consacré à la question “pourquoi la fin de cette guerre a-t-elle été si tragique ?” Il avait demandé à la LDH de surseoir à sa tenue. Le colloque de Nice s’étant déroulé dans un local privé, le maire n’a pu l’interdire, et la réunion s’est passée de façon quasi-normale 1.

Le refus de l’Etat d’apporter son soutien au colloque de Nîmes est symptomatique de l’opération séduction de l’UMP en direction de la frange la plus droitière de l’électorat pied-noir, influente sur le pourtour méditerranéen.
« C’est totalement stupide, le colloque de Nîmes est organisé par des associations ayant un état d’esprit serein visant à ne pas rejouer éternellement la guerre » déplore l’historienne Sylvie Thénault qui doit intervenir au colloque. Pour Gilbert Meynier, autre intervenant, l’attitude de l’Etat « procède de la tentative de se concilier un lobby électoral, celui des thuriféraires de l’Algérie française, que Nicolas Sarkozy essaie de ramener à lui ».

Le colloque pourra-t-il se tenir ? La préfecture du Gard indique qu’elle se prononcera « dans les jours précédant le colloque sur une éventuelle interdiction si les forces de police estimaient ne pas être en mesure d’assurer la sécurité publique ». S’il devait être interdit, ce serait un cas sans précédent de censure de la recherche historique.

Nous reprenons ci-dessous la lettre adressée par Marc Laffineur au coordonnateur du collectif d’associations locales et de syndicats qui organise le colloque de Nîmes, puis celle de Christian Estrosi à la LDH, suivies par un entretien récent où Gilles Manceron aborde ces questions. Et nous terminons par une lettre de soutien au colloque que l’historien Gilbert Meynier a adressée au préfet du Gard.

[Mis en ligne le 29 février 2012, mis à jour le 5 mars]

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Les six inspecteurs assassinés par l'OAS, le 15 mars 1962.
1962, la fin de la guerre d'Algérie

ultras de l’Algérie française et ministres contre les colloques sur la guerre d’Algérie

Le Matin d’Algérie a publié, le 2 mars 2012 sur son site internet, un article qui s’inquiète de la montée en puissance des ultras de l’Algérie française, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.

Nous reprenons ci-dessous le communiqué de l’Association les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, association qui entretient la mémoire des six enseignants froidement abattus par l’OAS, il y a cinquante ans, quelques jours avant la signature des Accords d’Evian.

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Alain Lopez tient à renforcer les liens d'amitié avec le Maghreb. (Photo reprod.)
1962, la fin de la guerre d'Algérie

de la liberté de commémorer la fin de la guerre d’Algérie…

Faute de pouvoir interdire le colloque “Algérie 1962: pourquoi une fin de guerre si tragique?”, le maire de Nice, Christian Estrosi avait demandé à la Ligue des droits de l’Homme de «surseoir» à son projet. La LDH a refusé de céder à cette pression et le colloque s’est tenu les 10 et 11 février derniers, sans incident majeur, mis à part les cris d’oiseaux proférés par une vingtaine de perturbateurs nostalgériques, au début de la matinée.

D’autres réunions et colloques prévus pour les jours prochains, à l’occasion du cinquantenaire des Accords d’Evian, sont l’objet de menaces. À Samatan (Gers), la soirée couscous qui devait conclure la journée du 25 février a été annulée par le maire, suite à la pression d’un groupe d’activistes pour lesquels la seule vision acceptable de la guerre d’Algérie est celle de l’“Algérie française” – mais la projection-débat du film El gusto est maintenue.

Il importe que les autres colloques, notamment ceux qui sont prévus à Nîmes2 et à Évian, puissent se tenir dans le calme et la sérénité.
Dans une démocratie, il incombe aux pouvoirs publics de veiller au respect de la liberté d’expression.

[Mis en ligne le 22 février 2012, mis à jour le 23]

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quand Estrosi se fait balader par un Français d’Algérie

Il est bien connu au bord de la Méditerranée que, dès qu’une association de la nébuleuse pied-noir commence à froncer les sourcils, les politiques se mettent au garde-à-vous, de peur sans doute de perdre quelques voix au cours des élections à venir… quitte à se ridiculiser.

C’est la mésaventure qui vient d’advenir à Christian Estrosi, maire de Nice : la LDH a refusé de surseoir au colloque qu’elle a organisé les 10 et 11 février derniers. Elle a maintenu le colloque prévu et la rencontre s’est fort bien déroulée – on peut sans exagération parler de succès. Mais d’autre part la question se pose maintenant de l’existence de l’association U.N.F.A.N. au nom de laquelle le maire de Nice avait été sollicité : la consultation du JO Associations comporte en effet la mention de sa dissolution à la date du 23 août 2007 (voir ci-dessous) !

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la LDH a refusé la censure de Christian Estrosi

L’arrivée à Nice de 40 000 pieds-noirs et harkis au début des années 1960 a été un événement important, justifiant le choix de cette ville pour l’organisation par la LDH, le 11 février 2012, d’un colloque sur le thème “Algérie 1962, pourquoi une fin de guerre si tragique ?” Cette journée de rencontre avait été précédée la veille d’une représentation de l’émouvant Contraire de l’amour, adaptation par Dominique Lurcel du Journal de Mouloud Feraoun.

Le 9 février, Christian Estrosi, maire de Nice, avait demandé à la LDH de “surseoir à la tenue de ce colloque”, au motif que celui-ci ne s’inscrit pas dans “l’esprit” de la commémoration organisée par sa municipalité. La LDH, qui a toujours agi dans le respect des victimes de ce conflit, a refusé de céder à une telle incongruité et le colloque s’est déroulé comme prévu. Environ 200 personnes ont participé à des échanges sur lesquels nous reviendrons. Une journée particulièrement riche que les noms d’oiseaux lancés par une vingtaine de “nostalgériques” venus en perturbateurs n’ont pu gâcher. Les différents intervenants sont notamment revenus sur le rôle de l’OAS.

Ci-dessous, un communiqué émanant de la mairie de Nice, suivi de la réaction de la section de Nice de la LDH, et de la lettre que Pierre Tartakowsky, président de la LDH, a adressée au maire de Nice et au ministre de l’Intérieur. Vous compléterez ces informations en consultant la page qui expose comment Estrosi s’est fait balader par un Français d’Algérie.

[Mis en ligne le 9 février 2012 à 19h45, mis à jour le 12 à 11h30]

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Affiche reprenant un dessin original de l'artiste Ernest Pignon-Ernest.
1962, la fin de la guerre d'Algérie

colloque Nice 10-11 février 2012 : 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie

La section de Nice de la Ligue des droits de l’Homme organise à Nice un colloque pour le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. Les manifestations se dérouleront sur deux jours :

  • vendredi 10 février à 18h30 : représentation de Le contraire de l’amour, d’après le Journal (1955-1962) de Mouloud Feraoun
  • samedi 11 février de 9h à 17h30, le colloque proprement dit.

Ces différents événements se tiendront tous au CLAJ de Cimiez, 26 avenue Scuderi à Nice.

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Gilbert Meynier appelle les historiens algériens et français à ouvrir des chantiers mémoriels

Rencontré en marge de sa tournée en Algérie, l’historien Gilbert Meynier revient sur la relation entre la France et l’Algérie à moins d’une année du 50e anniversaire de l’indépendance. Le professeur émérite de Nancy II n’épargne ni les responsables algériens ni les responsables français, et appelle les historiens des deux pays à se pencher sur ce qu’il appelle les «chantiers mémoriels».

À la suite de la publication de cet entretien dans El Watan, Gilbert Meynier a adressé deux mises au point à Aziz Mouats qui les a reprises sur son blog – vous les trouverez en bas de cette page.

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L'enseignement

«la fabrique scolaire de l’histoire», par Laurence De Cock et Emmanuelle Picard (dir.)

Depuis la Révolution française, l’enseignement de l’histoire est associé à la construction d’une « identité nationale ». En prenant la forme d’un récit ethnocentré, l’histoire scolaire devait permettre l’intégration de tous les futurs citoyens de la République, quelles que soient leurs identités originelles, dans un ensemble politique unique.

Aujourd’hui, alors que la période est favorable à la reconnaissance des « identités plurielles », les exclus du roman national réclament l’ajustement des programmes scolaires et critiquent la fabrique scolaire de l’histoire vue comme un instrument de domination.

A la suite de Suzanne Citron qui a préfacé leur ouvrage, Laurence De Cock et Emmanuelle Picard interrogent la manière dont l’histoire scolaire est fabriquée. De fait, l’enseignement de histoire à l’école est le produit d’une chaîne de responsabilités dont il nous faut interroger chacun des maillons : pourquoi et comment apprendre l’histoire, et quelle histoire ? Car c’est une politique du passé qui s’exprime à travers ce montage. Une politique où la question d’une histoire commune et donc de l’universalité est en jeu.

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(Photo : le Midi libre)
Ecrire et enseigner l'histoire coloniale

Benjamin Stora et Mohammed Harbi à Alger : “écrire l’histoire”

La rencontre-débat, modérée par Ouanassa Siari Tengour et Abdelmadjid Merdaci, organisée le 28 avril dernier au Centre culturel français d’Alger autour des deux historiens a attiré un public très nombreux et attentif.

Benjamin Stora, professeur d’Histoire du Maghreb à Paris XIII, a traité de «La guerre d’indépendance algérienne : usages de ce passé en France, entre histoire et mémoire». L’historien a insisté sur le développement considérable de la connaissance de cette séquence auquel on assiste en France depuis une dizaine d’années, notamment à la suite de travaux universitaires. Mais il s’est interrogé sur le fait que cette histoire savante n’arrive pas à freiner les usages abusifs du passé s’exprimant par la puissance des revendications mémorielles, quelquefois portées par des nostalgiques du temps colonial.

De son côté, l’historien Mohammed Harbi a traité de «La connaissance de l’Algérie à l’épreuve de l’histoire contemporaine», s’interrogeant : «Où en sommes-nous dans l’écriture de l’histoire contemporaine de l’Algérie ? Comment a été élaborée son historiographie ?»
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Ci-dessous, deux articles faisant écho à cette rencontre.

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Le rôle des historiens

la mort de notre ami, Bruno Etienne

Nous venons d’apprendre le décès de notre ami Bruno Etienne, des suites d’un cancer. Cette nouvelle fait ressurgir toute notre dette envers lui, toute notre reconnaissance. Quand nous avons obtenu l’accord de principe de la mairie de Toulon pour une exposition «Abd el-Kader à Toulon, héros des deux rives», nous avons aussitôt demandé à Bruno Etienne son concours et son parrainage – son accord a été immédiat.

J’ai ainsi été amenée à le rencontrer à plusieurs occasions, à Toulon ou à son domicile aixois. J’avais lu son Abd el-Kader, isthme des isthmes et cette découverte m’avait donné le goût et le courage d’entreprendre le travail de réalisation de l’exposition. J’ai trouvé un homme généreux et d’une extrême simplicité. Il a été manifestement heureux de nous prêter toute une série d’ouvrages, pièces rares auxquelles il tenait comme à « la prunelle de ses yeux » – elles ont bien sûr trouvé place dans différentes vitrines de l’exposition. Quand il s’agissait d’Abd el-Kader, il ne comptait plus son temps. La conférence « Abd el-kader mythes et réalités » qu’il a faite à Toulon au cours de l’exposition a été pour certains la révélation de la richesse de leur propre culture d’origine, méconnue.

Pour tout son apport à la reconnaissance de “l’autre rive”, merci à Bruno Etienne !

Andrée Bensoussan

commissaire scientifique de l’exposition

Relisons Marseille ou l’Orient à domicile.

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le décès d’un grand historien, Charles Robert Ageron, par Benjamin Stora

On a appris mercredi 3 septembre 2008, le décès de Charles-Robert Ageron4, «historien primordial de l’Algérie coloniale, et plus largement, de la colonisation» [Gilbert Meynier], «qui a marqué de son empreinte au moins trois feuillets du livre de la recherche historique : l’Algérie au temps des Français, l’opinion française et la question coloniale, les “chemins de la décolonisation” en France et dans le reste de l’Europe» [Daniel Rivet 5 ]

Voici le texte que Benjamin Stora a consacré à celui qui a été son «maître» en Histoire de l’Algérie, dans son livre Les guerres sans fin, à paraitre aux éditions Stock.

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