En Kanaky comme jadis en Algérie : la milice, une culture coloniale
L’historien Alain Ruscio rappelle à propos de l’Algérie que la formation de milices armées fut habituelle dans les colonies de peuplement en proie aux révoltes des colonisés.
L’historien Alain Ruscio rappelle à propos de l’Algérie que la formation de milices armées fut habituelle dans les colonies de peuplement en proie aux révoltes des colonisés.
Le 8 mai 1945, quand la France fêtait la victoire, son armée a massacré des milliers d’Algériens dans le Nord-Constantinois, un évènement irréversible pour le mouvement national algérien.
Cette tribune avait été proposée au Monde, à Libé, à l’Huma et à Politis. Seul ce dernier avait accepté de la publier – le 1er juin 2006.
Le texte – un “diamant noir” – est repris ci-dessous avec l’accord de son auteur. Salah Guemriche invite à compléter sa lecture par celle des commentaires qui accompagnent sa publication récente sur Mediapart.
S’appuyant sur sa thèse, l’historien Jean-Pierre Peyroulou revient sur les massacres de Sétif et de Guelma en mai-juin 1945, en se focalisant sur Guelma. Nous reprenons ci-dessous la préface de Marc Olivier Baruch à cet ouvrage publié en janvier 2009 aux éditions La Découverte1
Le 8 mai 1945, jour des célébrations de la victoire des alliés, la poussée du mouvement national algérien se heurta à une réaction européenne d’une rare violence : dans les semaines suivantes, des civils européens « purgèrent » la région de Guelma de ses nationalistes – des centaines d’entre eux furent assassinés – et s’opposèrent à la politique de réformes. Un mouvement non seulement répressif, mais subversif, organisé, qui bénéficia de la participation des pouvoirs publics et des élus.
Retraçant très précisément le déroulement de ce drame, cet ouvrage en propose également une réinterprétation. Jean-Pierre Peyroulou décèle en effet dans l’action des Européens des logiques subversives préfigurant l’action de l’OAS en 1961-1962. Il examine le fonctionnement d’un État et d’une société coloniale qui élaborèrent une raison d’État rampante pour recouvrir la réalité et la nature des violences, et les chemins tortueux qu’elle emprunta entre Guelma, Constantine, Alger et Paris…
L’historien français Jean-Pierre Peyroulou évoque, dans un entretien accordé à El Khabar, les résultats de la recherche qu’il a consacrée durant les sept dernières années aux évènements du 8 mai 1945 dans l’Est algérien.
Jean-Pierre Peyroulou a soutenu en septembre 2007 sa thèse de doctorat à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris (EHESS) sous le titre : « Guelma 8 Mai 1945 : Répression dans le département constantinois à l’époque de l’Algérie française, la politique coloniale face aux réformes et au nationalisme ». Il publiera un livre tiré de cette thèse à l’automne prochain.
A la suite de cet entretien, vous trouverez l’exposé de Jean-Pierre Peyroulou au colloque organisé par la Ligue des droits de l’Homme, le 7 mai 2005 à Paris. Il concluait qu’«il y eut bien une insurrection à Guelma en mai 1945, mais peut-être pas celle que l’on croit.»
La situation politique de l’Algérie en 1945 est exposée dans l’article 285.