Algérie-France : la guerre des mémoires ?
Bref télescopage mnémonique : le cycle des débats d’El Watan a démarré jeudi 2 mars 2006 à Alger.
Voici les comptes-rendus parus dans El Watan du 4 mars 2006.
Bref télescopage mnémonique : le cycle des débats d’El Watan a démarré jeudi 2 mars 2006 à Alger.
Voici les comptes-rendus parus dans El Watan du 4 mars 2006.
Les droits de l’Homme sont-ils crédibles ? Alors que la Ière République a aboli l’esclavage et voulu étendre la loi commune aux colonies, la IIème a encouragé la colonisation de l’Algérie et la IIIème surtout, pour justifier son droit à coloniser » qu’elle s’est arrogé au nom de l’idée des « races supérieures », a restreint explicitement la portée des droits de l’Homme. Ci-dessous, l’article intitulé « Un questionnement nécessaire à l’écriture de l’histoire coloniale de la France » publié par Nadjia Bouzeghrane dans le quotidien algérien El Watan, le 2 mars 2006.
La loi du 23 février 2005->500] résulte du travail d’un lobby très actif : celui d’associations de pieds-noirs proches de l’extrême droite qui déclarent parler au nom des rapatriés d’Algérie. Cet article est constitué d’extraits de l’ouvrage La colonisation, la loi et l’histoire, de Claude Liauzu et Gilles Manceron (dir.), éd. Syllepse, 2006, tirés de sa première partie, La genèse de la loi, par Valérie Morin, François Nadiras et Sylvie Thénault. Ils expliquent la manière dont ce lobby s’est constitué et les liens qu’il a tissés avec un certain nombre de milieux politiques. Une autre page du site est consacrée au parcours législatif de la loi 23 février 2005.
La loi du 23 février 2005, en raison de son article 4 qui dit que “ les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ” tend à donner aux chercheurs et aux enseignants une consigne officielle quant à leur manière d’exercer leur métier. Suite à une tempête de protestations, le président de la République a demandé le 25 janvier 2006 au Conseil constitutionnel de se prononcer sur le caractère réglementaire de cet article en vue de sa suppression. D’autres “ lois mémorielles ” ont été mises en cause. Mais leur cas est différent et il ne s’agit pas de demander leur abrogation.
D’après un sondage, six Français sur dix se déclarent favorables à ce que soit indiqué dans la loi que les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif de la colonisation française.
La réaction de Gilles Manceron, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme, et
auteur de « Marianne et les colonies« (La Découverte, 2005)1.
Lors de ses vœux à la presse, le 4 janvier 2006, le président de la République a affirmé que l’article 4 de la loi du 23 février 2005 mentionnant le « rôle positif » de la colonisation devait « être réécrit » et que le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, ferait une proposition de loi « qui rassemble et apaise les esprits ». Voir la partie de l’allocution de Jacques Chirac relative à l’histoire. Ceux qui ont protesté contre cet article réclament son abrogation, ainsi que la non mise en œuvre d’une « Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats d’Afrique du Nord » prévue par son article 3 qui mettrait la recherche sous tutelle. Voir : 1116.
Les propos de Gilles Manceron2 ont été recueillis par Yvon Le Gall.
L’essentiel de cet entretien a été publié dans le n° 3 (été 2005) de la revue trimestrielle Histoire & Patrimoine.
Sur le thème « Non au mépris de l’Histoire et des victimes », une conférence-débat est organisée par la LDH le 15 juin 2005 à la faculté des Lettres d’Aix-en-Provence. Elle réagit à la loi du 23 février 2005 qui stipule que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », oubliant les souffrances des peuples colonisés par la France, notamment des Algériens. Les seules victimes évoquées dans la loi sont des Français et la République continue à garder un silence prudent sur les crimes commis à l’occasion de ce conflit. Alors que de nombreuses personnes issues des anciennes colonies subissent des discriminations inacceptables, cette loi cherche à imposer une vérité officielle aux enseignants et aux chercheurs.
Dans un entretien avec Nadjia Bouzeghrane publié dans El Watan le 28 avril 2005, Gilles Manceron3 explique qu’il est important, à l’heure où l’on parle d’un traité d’amitié entre la France et l’Algérie, d’avancer dans la connaissance et dans la qualification du passé colonial de la France. Le 40e anniversaire du 17 Octobre 1961 a été un moment important, et les 60 ans de la répression qui a suivi le 8 mai 1945 est aussi un événement majeur à faire connaitre à l’opinion française. La loi votée le 23 février 2005 montre que l’enseignement d’une histoire officielle a tendance à être imposée par le politique, suite à des pressions de lobbies minoritaires et nostalgiques de l’Algérie française qui s’appuient sur certains milieux pieds-noirs restés enfermés dans leurs représentations et leurs certitudes.
extrait de l’ouvrage « d’une rive à l’autre – la guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire » de Gilles Manceron et Hassan Remaoun (éd. Syros, Paris 1993).
Sous la monarchie de Juillet, les dénonciations [en France] de la conquête de l’Algérie apparaissent assez isolées. On trouve parfois une certaine réprobation de la violence coloniale chez les responsables