Georges Frêche, la gauche colonialiste
Les dérapages verbaux du président de la région Languedoc-Roussillon ne se comptent plus. Mais, comme le remarque l’association Harkis et droits de l’Homme, il aura fallu que le sujet de son dernier dérapage soit un membre éminent du Parti socialiste – Georges Frêche a évoqué la «tronche pas catholique» de Laurent Fabius – pour que le parti se décide enfin à régler le “cas Frêche”.
C’est que Georges Frêche est une personnalité politique de poids en Languedoc-Roussillon. Son implantation locale s’est notamment appuyée sur un clientélisme affiché envers les nostalgiques de l’Algérie française – Pierre Daum l’a montré dans son article «quand Frêche flirtait avec les ex de l’OAS». La défense des colonies est une des traditions du Parti socialiste, en particulier dans le midi méditerranéen – voir cette page. Comme l’explique l’historien Gilles Manceron, Georges Frêche est un des derniers survivants d’une certaine tradition de la gauche colonialiste qui «remonte à Jules Ferry et on la retrouve dans la SFIO de Guy Mollet, où se mêle au discours républicain celui de la mission colonisatrice des races supérieures vis-à-vis des races inférieures»1.