Un livre très remarqué d’Adam Shatz sur la vie et l’œuvre de Frantz Fanon
Adam Shatz publie à La Découverte « Frantz Fanon. Une vie en révolutions » qui rencontre un large écho en France.
Adam Shatz publie à La Découverte « Frantz Fanon. Une vie en révolutions » qui rencontre un large écho en France.
Mohamed Rebah a connu Maurice Audin comme professeur de mathématiques et comme militant du parti communiste algérien qui, à partir de 1955, combattait pour l’indépendance de l’Algérie dans le cadre de la guerre lancée par le FLN, le 1er novembre 1954. Il est venu chez Maurice Audin pour des leçons particulières de mathématiques et l’a côtoyé au sein d’une cellule du PCA. Devenu chercheur en histoire et auteur du livre, Des chemins et des hommes (2009), il a fait une recherche sur le docteur Georges Counillon, premier médecin au maquis des Aurès, suscitée par la lecture du roman L’As de Tahar Ouettar, et un entretien avec son auteur, ainsi que celle de l’ouvrage du docteur Mohamed-Larbi Madaci, Les Tamiseurs de sable. Sa recherche se poursuit et son texte sera mis à jour. Nous l’accompagnons de la notice de René Gallissot sur l’avocat Laïd Lamrani qui a partagé le sort de Georges Counillon.
L’écrivain Frédéric Ciriez et le dessinateur Romain Lamy ont publié à La Découverte une évocation documentée de l’itinéraire de Frantz Fanon (1925-1961) sous la forme d’un roman graphique. Ils y imaginent en particulier le contenu de la rencontre qui eut lieu à Rome en août 1961, durant trois jours, du penseur martiniquais avec Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Claude Lanzmann. Fanon est indissociable de la réflexion sur le racisme, la guerre d’indépendance algérienne et les luttes anticoloniales du XXe siècle. Au moment où les négociations d’Evian avaient commencé et où se dessinait l’indépendance prochaine de l’Algérie, Fanon, gravement malade, raconte sa vie et ses combats et échange avec Sartre en lui portant parfois la contradiction. Ce livre est à la fois une biographie intellectuelle et politique de Frantz Fanon et une introduction à son œuvre dont l’importance ne cesse d’être davantage reconnue au XXIème siècle.
Emblème de la lutte anticoloniale à travers son engagement dans la guerre d’Algérie aux côtés du FLN, Frantz Fanon a marqué de son empreinte les luttes qui ont causé la fin des empires coloniaux. Né aux Antilles françaises dans l’entre-deux guerres, il a éclairé ces luttes par ses livres Peau noire, masques blancs et Les Damnés de la terre et par son travail psychiatrique sur l’aliénation coloniale. Mort en 1961, à 36 ans, quelques mois avant l’indépendance algérienne, sa pensée a inspiré de nombreux combats, des Black Panthers aux Palestiniens, en passant par les militants anti-apartheid d’Afrique du Sud. Les cinq émissions, par Anaïs Kien, que France culture lui a consacré du 17 au 21 août 2020, qui restent depuis accessibles en ligne, restituent les étapes de son parcours.
Dans son blog « La diagonale de l’art », dans Libération du 19 juillet 2020, Philippe Godin, professeur de philosophie, ancien rédacteur à paris-art.com et essayiste, reproduit un article de Flavien Louh décrivant avec enthousiasme l’exposition de Roméo Mivekannin, « Peaux noires, masques blancs », dont le titre fait référence au livre de Frantz Fanon paru en 1952 : « Certaines expositions bouleversantes entraînent vers de nouveaux lieux. Ce sont des rencontres qui marquent, transforment et “Peaux noires, masques blancs” est de celles-ci. La première exposition personnelle de Roméo Mivekannin, à la Galerie Eric Dupont à Paris jusqu’au 31 juillet, est à ne pas manquer. »
Le grand militant anticolonialiste et penseur du fait colonial qu’a été Frantz Fanon (1925-1961), né en Martinique, a vécu plusieurs années à Lyon au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il y a notamment rencontré en 1948 le libraire lyonnais Raymond Péju. A l’occasion de son récent décès, le 19 avril 2018, à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche), à l’âge de 93 ans, nous publions le récit qu’il avait fait de sa rencontre et de ses conversations avec Fanon, tel qu’il a été reproduit dans l’ouvrage « Ecrits sur l’aliénation et la liberté. Œuvres II » de Frantz Fanon, publié en 2015 par les éditions La Découverte.
Le texte qui suit est une présentation sommaire de la vie et de la pensée de Frantz Fanon1, très largement inspirée d’un chapitre de l’ouvrage Petits moments de la psychiatrie en France de Patrick Clervoy et Maurice Corcos, publié aux éditions EDK, en janvier 2005. Les parties de ce livre qui ont été reprises sont encadrées par des guillemets « … », et suivies du numéro de la page. Merci à Patrick Clervoy, psychiatre, chef du service de psychiatrie de l’Hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne de Toulon, de nous avoir autorisé cette utilisation de son texte.
Pendant un demi-siècle, les psychiatres de l’École d’Alger ont placé « l’indigène nord-africain » à mi-chemin entre l’homme primitif et l’occidental évolué. Leur thèse était que l’indigène, étant dépourvu de lobe préfrontal, est dépourvu de morale, d’intelligence abstraite et de personnalité.
Les schémas véhiculés dans le discours psychiatrique de cette époque ne continuent-ils pas à modeler notre rapport aux Algériens et originaires d’Algérie ?