Sur la chaîne Calédonia : les discriminations raciales en Nouvelle Calédonie
Une enquête de la chaîne Calédonia sur le racisme qui structure toujours la société néo-calédonienne.
Une enquête de la chaîne Calédonia sur le racisme qui structure toujours la société néo-calédonienne.
Au lendemain du meurtre de Nahel M. par un policier le 27 juin 2023 et des violentes révoltes qu’il a provoquées, le gouvernement français refuse de s’attaquer aux causes réelles de la crise. Celles-ci sont pourtant documentées et analysées depuis longtemps par nombre de chercheurs et aussi pointées par divers organismes internationaux. On lira ici deux tribunes, du démographe Patrick Simon et du sociologue Hicham Benaïssa, publiées respectivement dans Libération et dans Le Monde. Toutes deux reviennent sur l’ampleur du racisme systémique en France depuis la fin de l’époque coloniale, tout particulièrement dans la police, et dénoncent un déni officiel pire encore que celui qui avait prévalu après les révoltes de 2005, qui aggrave la situation et prépare de nouvelles explosions.
Alors que selon le dernier baromètre des discriminations du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), 91 % des personnes noires en France déclarent être victimes de racisme, Arte et France.tv rediffusent chacune en replay un film documentaire qui explore la condition noire dans notre pays : Trop noire pour être française ? d’Isabelle Boni-Claverie et Noirs en France d’Aurélia Perreau. Le premier, qui date de 2017, part de l’histoire personnelle de sa réalisatrice et s’appuie sur l’analyse de spécialistes, tels Eric Fassin, Pap Ndiaye ou Achille Mbembe, l’autre raconte les discriminations vécues dans le monde du travail ou dans leur vie quotidienne par des Français noirs connus ou inconnus.
Qu’est-ce qu’être blanc ? Plus qu’une couleur de peau, n’est-ce pas plutôt une pensée ? Qui sont ceux qui l’ont inventée, et pourquoi ? Telles sont les questions que pose Lilian Thuram dans son essai La pensée blanche. Il ne s’agit pas pour lui de culpabiliser ni d’accuser, mais de comprendre les mécanismes à l’œuvre, d’en prendre conscience pour construire de nouvelles solidarités. Le temps n’est-il pas venu d’élargir nos points de vue pour nous considérer tous enfin comme des êtres humains ? Autour de ce livre, une section parisienne de la Ligue des droits de l’Homme organise, avec la Fondation Lilian Thuram-Education contre le racisme, une rencontre sur internet sur le thème « La pensée blanche, l’invention de la race », le mardi 12 janvier 2021 de 18h à 19h15. Ci-dessous deux interviews donnés par Lilian Thuram et le lien de connexion pour suivre cette rencontre.
Deux faits récents relatés par la presse montrent que la culture coloniale portée en France par des pans entiers de l’institution policière est à l’origine de comportements racistes qui gangrènent la République. Ci-dessous un article de Camille Polloni publié par Mediapart sur les insultes et les violences intervenues à l’Ile-Saint-Denis lors de l’interpellation d’un suspect, ainsi que de larges extraits d’un autre de Julien Suaudeau, qui réside à Philadelphie, publié par le site Slate, qui compare les menaces contre la démocratie aux Etats-Unis, venant du sommet de l’Etat, au péril qui menace la République en France, qui ne vient pas des « racailles des banlieues » mais de ce racisme. II est choqué par la différence des méthodes des forces de police dans leurs interventions à Paris, dans le 18e arrondissement, selon que les citoyens concernés apparaissaient à leurs yeux Blancs ou Noirs.
Si une partie des contrôles d’identité sont organisés dans des lieux ciblés car réputés être fréquentés par des « sans-papiers », la majorité de ces interpellations visent des habitants connus pour être en situation régulière et dont l’identité ne fait même aucun doute aux yeux des agents contrôleurs. Les premiers légitiment cependant les seconds, et le Gisti s’emploie avec d’autres associations à combattre l’usage du contrôle d’identité par les forces de police comme d’une arme symbolique d’humiliation de certaines populations.
Le collectif d’associations mobilisées contre la multiplication des « contrôles d’identité abusifs et discriminatoires» vient de bénéficier du soutien implicite du Défenseur des droits.
Le 9 février 2015, ce dernier est intervenu dans la procédure initiée par 13 personnes qui avaient intenté une action visant à engager la responsabilité de l’État pour des contrôles d’identité discriminatoires. Le Défenseur des droits a déclaré dans un communiqué avoir présenté des observations devant la cour d’Appel de Paris. Il a rappelé que l’État français doit prendre des mesures pour lutter de manière efficace contre les contrôles au faciès.
Un conseiller municipal FN de Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne) a déclaré à un jeune conseiller municipal délégué à la jeunesse qu’il n’était pas digne de porter l’écharpe tricolore. Il a poursuivi, devant témoins : «des cons comme toi, j’en ai tué plein pendant la guerre».
Le jeune conseiller délégué est né à Tournan, mais il est d’“origine algérienne”.
Et derrière son écharpe, c’est la République qui a été bafouée, elle dont le premier article de la Constitution affirme : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion.»
Le Conseil d’État, interrogé sur le statut et les obligations des parents accompagnant les sorties scolaires, a émis un avis que certains, tel Jean Baubérot, estiment quelque peu ambigu, alors que d’autres, notamment le Défenseur des Droits, jugent que «ce document procède à une clarification juridique sur plusieurs points.»
Quoi qu’il en soit, on ne peut que constater avec le Collectif contre l’islamophobie qu’il subsiste des situations auxquelles l’avis du Conseil d’État ne permet pas d’apporter de réponse satisfaisante. C’est ainsi qu’une mère d’élève, privée de sortie scolaire car elle porte le voile s’est adressée au Tribunal administratif de Nice afin d’obtenir des éclaircissements.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) publie le 26 janvier 2012 un rapport de 64 pages sur les contrôles d’identité abusifs en France, dont nous reprenons ci-dessous le résumé et les recommandations clés.
Le rapport confirme que les jeunes issus des minorités, dont des enfants n’ayant pas plus de 13 ans, font fréquemment l’objet de contrôles comprenant des interrogatoires prolongés, des palpations portant atteinte à leur intimité, ainsi que des fouilles d’objets personnels. Human Rights Watch a constaté que ces contrôles arbitraires peuvent avoir lieu même en l’absence d’un signe quelconque d’infraction. Les propos insultants, voire racistes, ne sont pas rares, et certains contrôles donnent lieu à un usage excessif de la force par la police.
Ce problème fait l’objet d’une proposition de loi « relative aux contrôles d’identité et à la lutte contre les contrôles au faciès», déposée par le groupe sénatorial EELV1.
Le 1er avril 2010 a marqué le début des commémorations du “Cinquantenaire des indépendances africaines”. Au cours d’une conférence de presse donnée au Centre d’Accueil de la presse étrangère – aucun Africain n’était présent à la tribune –, Jacques Toubon, président de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, à qui a été confiée l’organisation de ce cinquantenaire, a présenté officiellement une série d’initiatives à venir2.
Le point d’orgue de ces commémorations sera un sommet « familial », auquel seront conviés, le 13 juillet, les dirigeants des quatorze pays concernés (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo). Le lendemain, en hommage à la “Force noire”, des troupes africaines devraient participer au défilé du 14-Juillet sur les Champs-Élysées. Maigre consolation pour les anciens combattants des colonies, qui attendent toujours la «dé-cristallisation» de leurs pensions – « une égalité de traitement trop longtemps retardée» pour la Cour des comptes.
Pourront-ils se consoler avec le « diplôme d’honneur » que Hubert Falco, secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, a décidé d’attribuer à chacun des 250 000 vétérans de la Seconde Guerre Mondiale encore en vie ?
Les dérapages verbaux du président de la région Languedoc-Roussillon ne se comptent plus. Mais, comme le remarque l’association Harkis et droits de l’Homme, il aura fallu que le sujet de son dernier dérapage soit un membre éminent du Parti socialiste – Georges Frêche a évoqué la «tronche pas catholique» de Laurent Fabius – pour que le parti se décide enfin à régler le “cas Frêche”.
C’est que Georges Frêche est une personnalité politique de poids en Languedoc-Roussillon. Son implantation locale s’est notamment appuyée sur un clientélisme affiché envers les nostalgiques de l’Algérie française – Pierre Daum l’a montré dans son article «quand Frêche flirtait avec les ex de l’OAS». La défense des colonies est une des traditions du Parti socialiste, en particulier dans le midi méditerranéen – voir cette page. Comme l’explique l’historien Gilles Manceron, Georges Frêche est un des derniers survivants d’une certaine tradition de la gauche colonialiste qui «remonte à Jules Ferry et on la retrouve dans la SFIO de Guy Mollet, où se mêle au discours républicain celui de la mission colonisatrice des races supérieures vis-à-vis des races inférieures»3.