
Mayotte après Chido : une désastreuse gestion du cyclone par les autorités françaises, par Daniel Gros
Le référent de la LDH à Mayotte fait le bilan de l’action gouvernementale après le cyclone Chido.
Le référent de la LDH à Mayotte fait le bilan de l’action gouvernementale après le cyclone Chido.
Alors que Mayotte ravagée et meurtrie par le cyclone Chido n’est toujours pas secourue comme devrait l’être un département français, nous revenons sur les causes historiques de cette situation dramatique.
Dans l’entretien qu’il nous accordé, Rémi Carayol, auteur de « Mayotte. Département colonie » (La Fabrique), revient sur les implications pour les Mahorais du « choix de rester colonisés ».
Alors qu’à la mi-mai 2023 l’Etat français poursuit l’opération sécuritaire « Wuambushu » à Mayotte, un livre du sociologue Nicolas Roinsard, publié en 2022 aux éditions du CNRS, permet de mieux comprendre la situation dans ce département français. Dans Une situation postcoloniale. Mayotte ou le gouvernement des marges, après sept années de voyages d’étude de terrain réguliers à Mayotte, l’auteur revient sur « le récit mythifié » de la prise de possession française de Mayotte en 1841. Il analyse les effets concrets de la départementalisation sur la société mahoraise. Enfin, il décrit le parcours de ces mineurs isolés qui tombent dans la délinquance de rue et se considèrent, pour certains, comme « les enfants oubliés de la République ». Nous publions ici la recension de ce livre dans Mediapart en août 2022 par Joseph Confavreux.
Le 24 avril 2023 le gouvernement français a lancé à Mayotte une opération militaro-policière visant à raser des bidonvilles et à expulser de l’île 10 000 personnes au prétexte qu’elles sont originaires d’autres îles de l’archipel des Comores. Elle est dénoncée par de nombreuses associations, syndicats et partis comme une atteinte grave aux droits humains des habitants de ces bidonvilles. Dans Le Monde, l’ethnologue spécialiste de la région Sophie Blanchy rappelle que les Comoriens ne sont pas des étrangers à Mayotte où rien, sinon leur nationalité, ne les distingue des Mahorais, et pointe l’absurdité de la politique sécuritaire française. La revue Afrique XXI consacre un dossier mettant en perspective cette opération « Wuambushu » à Mayotte, « post-colonie au XXIe siècle ». Nous renvoyons aussi à un article d’Alain Ruscio qui montre que la situation dans l’archipel des Comores résulte du néocolonialisme français.
Le 12 novembre 2022, un fait de société – et non un fait divers – sanglant a attiré les regards sur un « département français », Mayotte : un jeune homme y a été assassiné à coups de machette. Du coup, les tensions entre bandes sont devenues incontrôlables par les autorités locales, qui ont clamé leur crainte d’une « guerre civile ». La métropole y a engagé le RAID. D’où vient cette flambée ? Mais, « naturellement », ont affirmé bien des politiciens (nationaux et locaux) et des médias, de l’invasion des « Comoriens ». Le « grand remplacement » version Océan Indien. Et s’il était nécessaire de revoir la genèse de ces drames ?
Lors d’un déplacement en Bretagne, jeudi 1er juin, Emmanuel Macron a plaisanté sur ces fragiles embarcations à bord desquelles de nombreux migrants comoriens périssent en tentant de rejoindre Mayotte, le département français voisin. « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent », avait-il lancé. Ces propos, qui ont déclenché la polémique, montrent combien les esprits sont encore marqués par un imaginaire colonial.
Une avocate du barreau de Mamoudzou, Fatima Ousseni, présidente du Festival d’arts contemporains des Comores dénonce la persistance de schémas racistes imaginaires qui survivent dans la pensée républicaine moderne.
A Mayotte, depuis le début de l’année des centaines d’étrangers, généralement d’origine comorienne, accusés de tous les maux (cambriolages, vols de récoltes, surcharge des écoles, asphyxie du système de soins, accaparement des terrains … ) sont chassés de leurs habitations. Les associations qui soutiennent les familles délogées attendent du nouveau préfet, qui a pris son poste lundi 23 mai, qu’il fasse respecter leurs droits. 1.
Ci-dessous, deux communiqués : l’un du collectif Migrants outre-mer, l’autre du Défenseur des droits.
Plusieurs dizaines d’ONG s’opposent à la signature d’un accord entre la France et les Comores sur la circulation des personnes entre Mayotte et les autres îles de l’archipel. Loin de rétablir la libre circulation entre les 4 îles, l’accord prévu provoquera encore des drames car selon les ONG, le gouvernement de l’Union des Comores devra s’engager à accepter le retour de toutes les personnes expulsées de Mayotte.
Ci-dessous le communiqué du collectif.
Le président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) interpelle les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer sur la situation à Mayotte, département de l’océan indien marqué par des naufrages en série de bateaux transportant des clandestins.
Située à 70 km d’Anjouan, la plus proche des îles comoriennes, Mayotte a été en 2012 le théâtre d’au moins six naufrages de barques à moteur appelées «kwassa-kwassa», dans lesquels plus de 30 personnes sont mortes et plus de 60 portées disparues.
Déplorant une succession «d’informations funèbres», la LDH souligne l’intervention «sans précédent» du porte-parole du Haut Commissariat de Nations unies aux réfugiés (HCR), Adrian Edwards, le 9 octobre lors d’une conférence de presse, au lendemain d’un nouveau naufrage.
Nouveaux naufrages entre Mayotte et les Comores.
Après la Ligue des droits de l’Homme, une commission sénatoriale met en cause la politique mise en place pour «maîtriser l’immigration» dans ce cent-unième département français.
Une tribune de Jean-François Reverzy, docteur en psychiatrie, publiée dans l’édition du mardi 10 janvier 2006 de Témoignages, quotidien de l’Île de la Réunion.
Le Seigneur rend justice aux opprimés,
Il donne aux affamés le pain
Le Seigneur libère les enchaînés…
Il redresse les courbés
Le Seigneur aime l’étranger…
(Psaume 145)