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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Colonisation

La société française au temps des colonies

« Batouala » de René Maran (1921),
le premier Prix Goncourt critique de la colonisation

Au moment où le Prix Goncourt a été décerné en 2021 au jeune écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, il convient de rappeler qu’un siècle plus tôt, c’est à l’écrivain Guyanais né à Fort-de-France, René Maran, qu’il est revenu en 1921, pour son roman Batouala, sous-titré « véritable roman nègre ». C’est la préface du livre qui est la plus accusatrice du colonialisme en Afrique : « Civilisation, civilisation, orgueil des Européens, et leur charnier d’innocents […], tu es la force qui prime le droit. Tu n’es pas un flambeau, mais un incendie. Tout ce à quoi tu touches, tu le consumes. […] C’est à redresser tout ce que l’administration désigne sous l’euphémisme d’“errements“ que je vous convie. La lutte sera serrée. Vous allez affronter des négriers. […] À l’œuvre donc, et sans plus attendre. La France le veut ! ».

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La société française au temps des colonies

Hommage à Paray-le-Monial
à un dénonciateur de la colonisation
et de l’esclavage au XVIIème siècle

La section de la Ligue des droits de l’homme de Paray-le-Monial, en Bourgogne, est née en 2014 de la volonté d’une dizaine de citoyens de défendre localement les principes de la République mis à mal par les activités d’intégristes catholiques qui déforment l’histoire locale et tournent le dos à l’univers humaniste qui a marqué la vie de la cité pendant une partie du XVIIème siècle. Elle a organisé une commémoration de Pierre Moreau (1621-1661) qui avait dénoncé la colonisation et l’esclavage au milieu du XVIIème siècle. L’oubli de cet humaniste précurseur des droits de l’homme est lié au fait qu’un récit catholique intégriste a exclu de la mémoire de la ville à la fois la présence protestante, les moments de paix entre les religions du XVIème au XVIIIème siècle et la violence des persécutions qui y ont mis fin.

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La société française au temps des colonies

« Combattre, punir, photographier »,
par Daniel Foliard

Bien avant la Grande Guerre, la photographie a représenté la colonie et la violence coloniale. Dans Combattre, punir, photographier. Empires coloniaux, 1890-1914, l’historien Daniel Foliard analyse brillamment le vaste corpus qui en témoigne, des albums privés des soldats coloniaux aux fonds des premières agences d’images. Il reproduit un certain nombre de ces images en nous invitant, comme l’indique l’éditeur, « à lire l’image-choc pour la désarmer plutôt que la subir. […] Au-delà d’une histoire des photographies des corps brutalisés et des violences armées, cet ouvrage, loin d’une pornographie du désastre, est aussi une proposition. Comment présenter des photographies montrant les atrocités indicibles pour les penser et en faire l’histoire ? ». Nous publions ici la recension de cet ouvrage par Raphaël Gallien, celles d’André Loez et de Sylvain Venayre, ainsi que les liens vers deux podcasts d’entretiens avec l’auteur, sur le site de France culture et sur celui de Paroles d’histoire.

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Musées et créations contemporaines

« Peaux noires, masques blancs »,
une exposition de l’artiste Roméo Mivekannin​​

Dans son blog « La diagonale de l’art », dans Libération du 19 juillet 2020, Philippe Godin, professeur de philosophie, ancien rédacteur à paris-art.com et essayiste, reproduit un article de Flavien Louh décrivant avec enthousiasme l’exposition de Roméo Mivekannin, «​ Peaux noires, masques blancs ​», dont le titre fait référence au livre de Frantz Fanon paru en 1952 : « Certaines expositions bouleversantes entraînent vers de nouveaux lieux​. Ce sont des rencontres qui marquent,​ transforment et ​“Peaux noires, masques blancs” est de celles-ci.​ La première exposition personnelle de Roméo Mivekannin​, ​à la Galerie Eric Dupont à Paris jusqu’au 31 juillet, est à ne pas manquer. »

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Séquelles politiques postcoloniales

Réflexions sur la « blanchitude »,
par Alain Ruscio

De quelle couleur sont les Blancs ?, c’est la question que pose le titre d’un livre dirigé par Sylvie Laurent et Thierry Leclère paru en 2013 aux éditions La Découverte, sous-titré Des « petits Blancs » des colonies au « racisme anti-Blancs ». Il s’interroge sur la mentalité née parmi les Européens des colonies, faite d’un sentiment de supériorité, mais aussi d’inquiétude et même de peur, qui a produit l’idée, durable et bien ancrée, que la blancheur de l’épiderme représenterait une « normalité » et serait le signe d’une prévalence hiérarchique au sein de l’espèce humaine. On trouvera ci-dessous le texte qu’Alain Ruscio a publié dans ce livre, sous le titre « Blanc, couleur de l’Empire », qui est une réflexion plus que jamais d’actualité sur cette réalité habituellement jamais nommée, la « blanchitude ».

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La reconnaissance du passé colonial

Albert Memmi, écrivain et penseur de la société coloniale et du racisme

Albert Memmi est mort le 22 mai 2020 dans sa centième année. Né à Tunis le 15 décembre 1920 dans une famille juive arabophone, formé d’abord à l’école rabbinique puis à l’école de l’Alliance israélite universelle, il a poursuivi sa scolarité, grâce à une bourse, au lycée Carnot de Tunis, puis à l’université d’Alger, où il mena des études de philosophie qu’il poursuivra à la Sorbonne. Installé en France en 1956, il a conduit une carrière universitaire à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) puis à Nanterre. Ses œuvres de fiction comme ses essais sociologiques portent en particulier sur les rapports de domination, sur les conséquences complexes de la société coloniale et sur les différentes formes de racisme. L’universitaire Hervé Sanson, qui a publié avec lui Penser à vif. De la colonisation à la laïcité, l’évoque pour notre site.

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Histoire et mémoire des anticolonialismes

« Décolonisations » sur Arte propose à chacun de s’approprier cette histoire

Arte diffuse le 7 janvier 2020 le documentaire Décolonisations. Le bouleversement mondial, réalisé par Karim Miské et Marc Ball, accompagnés dans l’écriture par l’historien Pierre Singaravélou. Il comprend trois volets : 1. L’apprentissage ; 2. La Libération ; 3. Le monde est à nous ; qui sont visibles en avant-première sur le site d’Arte et y resteront jusqu’au 5 mai 2020. Miské, Ball et Singaravélou ont expliqué au Point Afrique que leur film inverse le regard en choisissant de raconter, du point de vue des colonisés et à contre-courant de l’histoire officielle des colonisateurs, cent cinquante ans de combats contre la domination coloniale. Leurs propos ont été recueillis par Hassina Mechaï.

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Marc Ferro : «pour les populations colonisées, la présence coloniale a été négative»

Marc Ferro est historien. Né en 1924 à Paris, il fait sa scolarité au lycée Carnot à Paris puis se tourne vers l’histoire qu’il étudie à l’université de Grenoble. Il participe à la Résistance dans le maquis du Vercors. Directeur de recherche à l’École des hautes études en sciences sociales, Marc Ferro s’est spécialisé dans l’étude de la révolution russe et de l’URSS.

On sait moins qu’il a enseigné l’histoire à Oran de 1948 à 1956. Nous reprenons ci-dessous la première partie d’un long entretien exclusif réalisé par Omar Merzoug et publié dans La Quinzaine littéraire où il évoque son parcours dans l’Algérie des années 1948-58. L’entretien intitulé « La colonisation au crible de l’Histoire » est accessible dans son intégralité sur Le blog de la Quinzaine Littéraire.2

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Ferhat Abbas
1881-1944

La colonisation française en Algérie vue par les colonisés à travers une lecture du Manifeste de mars 1943

Le Manifeste du Peuple algérien de 1943 constitue un témoignage particulièrement révélateur de la perception par les Algériens de leur situation de colonisés.
Ce texte montre à quel point la référence dans la loi du 23 février 2005 à des aspects « positifs » de la colonisation a pu être ressentie en Algérie comme particulièrement inappropriée voire provocatrice. On comprendra donc pourquoi l’opinion algérienne a pu être choquée par cette loi.

Cette communication a été présentée par Hassan Remaoun3 au colloque organisé du 8 au 10 novembre 2006 par le Cefress de l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens, sur le thème « Le Fait colonial au Maghreb, ruptures et continuités ».

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Jules Roy
1881-1944

Jules Roy : je suis né le 22 octobre 1907, à 30 kilomètres au sud d’Alger

Jules Roy (Rovigo 1907 – Vézelay 2000) fut officier dans l’infanterie puis dans l’aviation. Il participa au sein des Forces françaises libres à la Seconde Guerre mondiale. En juin 1953, il rompt avec l’armée, dont il désapprouve les méthodes.

Il se tourne alors vers la littérature. Dans ses oeuvres, il dénonce la brutalité de la colonisation de l’Algérie, et les atrocités de la guerre d’indépendance.

Il écrivit, le 25 janvier 1962: «La cause que je sers? Celle d’une humanité qui ne veut pas enlever le soleil, la patrie et le pain à ceux qui y ont droit. Petit-fils de colons, j’ai entendu, pendant la dernière guerre mondiale, sonner le glas du colonialisme et je dis que cela est juste. Fils d’une paysanne et d’un gendarme, je veux que mon armée soit le sel de la nation.»

En septembre 1960, après un séjour d’un mois dans son pays natal, il publie «La guerre d’Algérie» (éd. Julliard). Ci-dessous les larges extraits repris dans L’Express du 29 septembre 1960.

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Modèle républicain de la citoyenneté et exception coloniale, par Laure Blévis

Laure Blévis4 a publié dans le n° 48/2001 de la revue Droit et Société un article intitulé Les avatars de la citoyenneté en Algérie coloniale ou les paradoxes d’une catégorisation.

Résumé de l’article – L’Algérie coloniale a constitué une situation singulière au regard de la tradition juridique française puisque la citoyenneté et la nationalité s’y trouvaient distinguées en droit, aux dépens des Algériens « indigènes » qui, reconnus français, se voyaient refuser le titre de citoyen. Cet article se propose de retracer le processus de production et de catégorisation de la citoyenneté dans le droit colonial algérien, en soulignant la négation continue de l’exception coloniale qui est à l’œuvre dans cette recherche de la cohérence juridique. L’étude conclut à l’incomplétude et à l’inachèvement de cette formalisation juridique, qui, bien loin d’être une donnée, se révèle être une contrainte et parfois une ressource argumentative pour les acteurs de la colonie.

Vous pourrez lire ci-dessous l’introduction de cet article ainsi que sa première partie intitulée Modèle républicain de la citoyenneté et exception coloniale5.

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