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Édition du 15 avril au 1er mai 2025

Colonialisme

Musées et créations contemporaines

Centenaire de l’Académie des Sciences
devenues « d’outre-mer »,
institution fondée au service de l’empire
et qui possède une riche documentation

En mai 1923 fut fondée une Académie des Sciences coloniales, véritable laboratoire d’idées au service de l’expansion coloniale française. Le 23 mai 2023, l’Académie des Sciences d’outre-mer, qui lui a succédé, célébrera ce centenaire dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, sous le titre général « Cent ans de passion et au-delà pour l’outre-mer ». La séance inaugurale aura lieu en présence de Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. On indique que la « maîtresse de cérémonie » sera la journaliste Christine Kelly, connue du public de la chaîne CNews pour avoir tendu avec complaisance son micro à Éric Zemmour, nostalgique de l’ère coloniale et partisan de la théorie raciste du « grand remplacement ». Alain Ruscio retrace ici l’histoire de cette institution. On lira aussi un article de Pierre Singaravélou sur l’histoire des « sciences coloniales », ainsi qu’un texte d’Emmanuelle Sibeud sur la « décolonisation invisible » des sciences sociales.

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Algérie

Les images de la soirée d’hommage
à Sadek Hadjerès
à l’Ecole normale supérieure de Paris

Ci-dessous les images de la soirée d’hommage au militant algérien Sadek Hadjerès qui s’est tenue le 28 février 2023 à l’Ecole normale supérieure à Paris. Organisée par le Maghreb des films, l’Association Josette et Maurice Audin, l’association Histoire coloniale et postcoloniale et Virtuel, avec le soutien du département Arts de l’ENS, de La contemporaine et des Cahiers d’histoire. Né en Kabylie en 1928, Hadjerès s’est engagé dès l’âge de 17 ans pour l’indépendance au sein du Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (PPA-MTLD), puis, au début des années 1950, dans la lutte armée mise en œuvre par le Parti communiste algérien (PCA). Après 1962, il a combattu contre les dérives antidémocratiques du pouvoir militaire en Algérie, été contraint à la clandestinité de 1965 à 1988, puis à l’exil dans les années 1990.

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Livres, films, spectacles pour la reconnaissance

Un guide du Rouen colonial
aux éditions Syllepse

Les éditions Syllepse ont publié en décembre 2022 un guide du Rouen colonial. Il vient s’ajouter à ceux déjà publiés par le même éditeur sur Paris, Marseille, Bordeaux et Soissons. Tous sont l’œuvre de collectifs de militants qui explorent les lieux publics de leur ville pour mettre en lumière l’importance parfois ignorée du passé esclavagiste et colonial dans l’histoire de celle-ci. Et pour remettre en cause le fait que soient ainsi honorés « les acteurs directs de la ­colonisation, les conquérants, les entrepreneurs qui ont ­financé les expéditions ou le commerce d’esclaves, les militaires qui se sont illustrés dans la colonisation en Afrique ou en Indochine, ceux qui se sont enrichis ou qui se sont faits thé­oriciens de ­l’inégalité des races qui justifiait ces conquêtes. »

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La société française au temps des colonies

« Un empire bon marché »,
par Denis Cogneau
détruit la thèse ancienne de Jacques Marseille

Dans Un empire bon marché. Histoire et économie politique de la colonisation française, XIXe-XXIe siècle, publié en janvier 2023 au Seuil, l’économiste et historien Denis Cogneau, s’appuyant sur une masse considérable d’archives et un important travail statistique mené en équipe, démontre que l’empire colonial a peu coûté à la métropole jusqu’aux guerres d’indépendance, ruinant ainsi la thèse ancienne de Jacques Marseille selon laquelle il aurait constitué un trop lourd fardeau économique. Il montre aussi que, contrairement à une propagande parfois encore reprise aujourd’hui, la « mission civilisatrice » de la République française n’a pas débouché sur un développement économique pour les colonisés, le régime colonial ayant surtout bénéficié à une petite minorité de colons et de capitalistes français. « Les colonisés ont financé leur propre domination », explique l’auteur dans un entretien accordé à L’Obs.

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Réconciliation et réparations

Les Etats européens
face à la problématique des excuses
sur les crimes coloniaux

Le mouvement Black Lives Matter a imposé depuis 2020 dans toutes les anciennes puissances esclavagistes et colonialistes européennes la problématique de la reconnaissance des crimes commis et celle des excuses et des réparations. Les réactions des Etats sont variables, les résistances souvent fortes. « Je ne demanderai pas pardon », a par exemple déclaré récemment le président français à propos de la colonisation de l’Algérie. En Belgique, le travail en ce sens d’une commission officielle qui permettait d’espérer une avancée majeure, déjà évoqué sur notre site, vient d’échouer, comme le raconte un article ci-dessous. Un dossier du site Justiceinfo.net et une série de vidéos diffusée par Arte permettent de faire un tour d’horizon européen. Nous renvoyons également à un article de fond du sociologue Renaud Hourcade sur « la politique des excuses » et ses ambiguïtés.

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La Françafrique

La francophonie, un dispositif néocolonial,
par Khadim Ndiaye

En marge du 38e Sommet de la francophonie à Djerba, Tunisie, les 19 et 20 novembre 2022, Emmanuel Macron a déclaré que le français était « la vraie langue universelle du continent africain ». Il eut aussi cette autre phrase étonnante : « La francophonie, c’est la langue du panafricanisme ». Après la revue Afrique XXI, nous publions ici un chapitre de l’ouvrage collectif L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique (2021), déjà présenté sur notre site. L’historien Khadim Ndiaye y raconte l’histoire d’une francophonie dont De Gaulle prévoyait qu’elle serait « le relais de la colonisation » et qui est effectivement conçue, depuis le lendemain des indépendances, comme l’élément clé d’un soft power néocolonial français en Afrique.

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Musées et créations contemporaines

« Décadrage colonial »,
une exposition à Paris
au Centre Pompidou

Depuis le 7 novembre 2022 et jusqu’au 27 février 2023, on peut voir au Centre Georges Pompidou l’exposition « Décadrage colonial » qui explore les rapports des photographes de l’entre-deux-guerres avec l’empire colonial et leur contribution à la diffusion de l’idéologie colonialiste ainsi qu’à sa contestation. Un livre publié par les éditions Textuel accompagne cette réflexion. Ci-dessous un entretien en vidéo avec Damarice Amao, commissaire de l’exposition et la transcription du riche podcast accompagnant les visiteurs. On lira également pour aller plus loin les ressources historiques déjà publiées par notre site sur l’exposition coloniale de Vincennes en 1931.

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Guyane

« Allons enfants de la Guyane »,
par Hélène Ferrarini

Journaliste à Guyaweb, Hélène Ferrarini publie, aux éditions Anacharsis, Allons enfants de la Guyane. Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République. Un livre qui, selon Mediapart, documente « grâce à de nombreuses archives et témoignages ce qui constitue l’un des plus grands traumatismes contemporains des familles amérindiennes de Guyane, mais qui demeure pourtant l’un des plus grands tabous de la société guyanaise, de l’État français et de l’Église catholique en France ». On trouvera ci-dessous l’article de Marion Briswalter, de Guyaweb, la critique de Zoé Courtois dans Le Monde et l’accès à des extraits et à l’introduction de ce livre.

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Afrique subsaharienne et océan Indien

L’invention du Sahel,
par Jean-Loup Amselle

Dans L’invention du Sahel, publié en 2022 par les Editions du Croquant, l’anthropologue Jean-Loup Amselle se livre à l’analyse critique d’une catégorie qui parait aujourd’hui aller de soi. Il montre qu’elle fut inventée par les colonisateurs qui essentialisèrent au début du XXe siècle comme primitive et dangereuse une région de l’Afrique n’ayant en réalité d’existence que bio-climatique. Il questionne aussi ses usages politiques contemporains, tant en France que dans les Etats africains concernés. Nous publions la présentation de ce livre par l’éditeur, sa recension par Fabrice Formoso ainsi que sa table des matières.

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Belgique

Une « relique » de Patrice Lumumba
restituée à la RDC (ex Congo belge)

Le 17 janvier 1961, le leader anticolonialiste congolais Patrice Lumumba était assassiné, son corps dissous dans l’acide. Le 20 juin 2022, sur décision de la justice belge, une dent du héros de l’indépendance congolaise, qu’un policier belge ayant participé à l’assassinat avait conservée, a été restituée à la RDC au cours d’une cérémonie à Bruxelles. Pour les descendants de Lumumba, ce geste symbolique, qui fait suite aux « regrets » du roi des Belges pour « les blessures, les exactions et les humiliations » coloniales, est important mais insuffisant. Ils réclament que la justice belge, saisie depuis 2011, fasse toute la lumière sur ce crime dans lequel, outre la Belgique, les Etats-Unis furent impliqués. Nous publions ci-dessous un article du Monde, une émission de RFI sur Patrice Lumumba, ainsi qu’un communiqué de la famille de Mehdi Ben Barka commentant cette restitution.

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La société française face à l'héritage de son passé colonial

Eurafrique :
les racines coloniales
de l’Union européenne

L’un des objectifs majeurs de l’intégration européenne réalisée dans les années 1950 était la préservation des colonies africaines de l’Europe. C’est ce que démontrent les historiens suédois Peo Hansen et Stefan Jonsson dans Eurafrique. Aux origines coloniales de l’Union européenne, publié en suédois en 2014 et récemment traduit en français et publié par les éditions La Découverte. Une lecture essentielle selon François Gèze, dont nous publions ci-dessous la recension, pour décrypter l’actuelle politique internationale de l’Union européenne et en particulier ses dérives anti-migratoires.

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La reconnaissance du passé colonial

Le chemin de fer Congo-Océan
symbole des crimes contre l’humanité
de la colonisation

Dénoncé par André Gide, dans son livre Voyage au Congo (1927) et par Albert Londres dans Terre d’ébène (1929), le chantier de la voie ferrée Congo-Océan à partir de Brazzaville dans le Congo français (AEF) a coûté la vie à près de 20 000 travailleurs africains pendant sa construction entre 1921 et 1934. Il a aussi fait naître en France un début de prise de conscience des abus du système colonial. Ci-dessous, l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch explique au Monde qu’il peut être considéré comme un crime contre l’humanité emblématique de tous ceux du colonialisme. Nous indiquons aussi les liens vers les articles sur ce sujet publiés par ce quotidien ainsi que par notre site.

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