
« Critique de la raison décoloniale », un livre collectif
Présentation de l’éditeur Le capitalisme et la modernité seraient intrinsèquement liés à un racisme d’essence coloniale et à la domination de l’Occident sur le Sud global : tel est le
Présentation de l’éditeur Le capitalisme et la modernité seraient intrinsèquement liés à un racisme d’essence coloniale et à la domination de l’Occident sur le Sud global : tel est le
Dans Pensées décoloniales, une introduction aux théories critiques d’Amérique Latine (La Découverte, mars 2023), Philippe Colin et Lissel Quiroz, spécialistes de l’histoire de l’Amérique Latine, remontent aux origines latino-américaines d’une théorie décoloniale qui est l’objet en France de débats et polémiques trop souvent mal informés. Cette première synthèse en français offre, selon l’éditeur, « une généalogie et une cartographie d’un continent de pensée méconnu en Europe ». Lissel Quiroz a été interrogée dans l’émission de Mediapart « Présence du passé », qu’on peut voir également ci-dessous, sur « la colonialité du pouvoir, du savoir et du genre, qui forge notre planète depuis 1492 ».
Le livre de David Todd, Un empire de velours, L’impérialisme informel français au XIXe siècle, montre que l’influence française ne se réduisait pas aux territoires composant l’empire. Après la perte des colonies nord-américaines et caribéennes après la Révolution, cet impérialisme s’est déployé dans de nouvelles régions, notamment au Moyen-Orient et en Amérique latine. Des dispositifs commerciaux, financiers ou juridiques sophistiqués ont placé des pays entiers sous sa tutelle. En étudiant la politique étrangère et économique des régimes qui se sont succédé après la Révolution – Restauration, monarchie de Juillet et Second Empire –, David Todd propose de repenser l’histoire coloniale française, trop souvent limitée à la IIIe République et trop exclusivement associée à l’idéologie républicaine. Et il montre que cet impérialisme ne s’est pas limité aux conquêtes territoriales.
Les techniques issues de la tradition militaire de « contre-insurrection », la doctrine française de la « guerre révolutionnaire » (DGR), sont aujourd’hui banalisées dans nombre de polices du monde. D’où l’intérêt de ce livre de Jérémy Rubenstein, spécialiste de l’Argentine et de la violence politique, qui retrace son histoire méconnue. Elle a été formalisée par des officiers français dans la guerre d’Indochine et celle d’Algérie, visant un contrôle intégral de l’ensemble de la société par la propagande et la manipulation, mais aussi par la terreur : torture, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, déplacements de populations. Elle a essaimé depuis vers d’autres terrains, de la guerre du Vietnam à celles d’Irak et d’Afghanistan, de l’Argentine des années 1970 à l’Afrique des années 1980 ou l’Algérie des années 1990.