Sur le livre d’Alain Ruscio
« Aragon et la question coloniale »
par Christiane Chaulet Achour
Dans son essai consacré à Aragon et la question coloniale, Alain Ruscio aborde aussi bien les positions politiques de l’homme engagé, influencé par le parti communiste français et en désaccord avec Aimé Césaire, que sa reprise littéraire dans Le Fou d’Elsa (1963) de l’aventure de Medjnoûn et Leïla issue de la culture arabo-persane. Comme le souligne Christiane Chaulet Achour, ce beau livre d’Aragon s’inscrit dans la tradition française du roman hispano-mauresque mais en la bouleversant. Situé dans la Grenade musulmane du XVe siècle, il s’inspire d’une histoire inscrite dans la culture musulmane aussi bien que des traditions mystiques espagnoles et françaises, aussi bien de Al-Hallâdj et Maïmonide que de Jean de la Croix et de Thérèse de Jésus. Un emprunt littéraire qui a intéressé des poètes comme Jamel-Eddine Bencheikh, Habib Tengour, Youcef Nacib, Abdelkebir Khatibi et Hawa Djabali. Cela permet-il de qualifier Aragon d’anticolonialiste ?