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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

4ACG

Séquelles politiques postcoloniales

Archives de la guerre d’Algérie
et traces psychologiques actuelles
du temps des colonies
par Jacques Inrep

Jacques Inrep a été l’un des jeunes Français appelés au sein du contingent lors de la guerre d’Algérie. Devenu psychanalyste et militant de la Ligue des droits de l’Homme, il a publié en 2022 un livre intitulé Les Fachos sur le divan. Psychanalyse de l’extrême droite qui s’enracine dans son expérience de la guerre d’Algérie. Choqué par les crimes de l’armée française, il a photographié à la sauvette en août 1961 des documents tamponnés « secret » qui en témoignaient, mais n’a pas eu le temps de clicher deux notes prescrivant explicitement de pratiquer la torture et d’abattre les prisonniers. Il revient ici sur ce qu’il a retenu de ces deux notes datant de la seconde moitié de l’année 1957 mais qui continuaient à être suivies à la lettre dans les unités de l’armée auxquelles il avait été affecté entre mai 1960 et août 1961. Et il demande l’ouverture réelle de ces archives.

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Forte inquiétude des Algériens devant le projet de déchéance de nationalité

Les débats se poursuivent en France autour de l’inscription dans la constitution de la déchéance de la nationalité pour les crimes et délits en rapport avec le terrorisme.

Côté algérien, c’est l’article 51 de la nouvelle constitution qui est mis en cause. Il stipule en effet que « la nationalité algérienne exclusive est requise pour l’accès aux hautes responsabilités de l’Etat et aux fonctions politiques ». Le champ d’application de cet article pourrait englober des postes dans la magistrature, la police, l’éducation et bien sûr l’armée, et les binationaux ne pourraient probablement plus se présenter aux élections parlementaires et locales. D’où les protestations des binationaux algériens, en particulier en France, où résident environ 2 millions d’entre eux, sur un total avoisinant 7 millions.

Nous reprenons ci-dessous, avec son autorisation, un article paru sur le site de l’association 4acg des Anciens des appelés en Algérie et leurs amis qui aborde ces problèmes

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Jacques Pradel
Les pieds-noirs « nostalgériques »

ANPNPA : rompre avec la nostalgie coloniale

Un entretien avec Jacques Pradel, président de l’Association nationale des Pieds-Noirs progressistes et de leurs amis.1

Une association qui entend porter témoignage de ce que furent la colonisation, la guerre d’indépendance et les crimes commis durant 132 ans par la France en Algérie. Afin de contribuer à la connaissance d’un passé souvent méconnu – notamment des jeunes Français d’origine algérienne – et de lutter contre les préjugés qui continuent à entretenir le racisme.

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1962, la fin de la guerre d'Algérie

“guerre d’Algérie, guerre d’indépendance, paroles d’humanité”, par la 4acg

A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, l’association Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre – plus connue sous le nom de 4acg – publie un ouvrage qui rassemble des récits divers de combattants algériens et français, harkis, pieds-noirs, réfractaires, médecins, infirmières, membres de leur famille, tous mêlés d’une façon ou d’une autre à la guerre.

Ce dont témoignent tous ces acteurs, c’est qu’aujourd’hui l’heure est venue de parler et d’écouter, de donner et de recevoir, des deux côtés de la Méditerranée. C’est le sens de ce livre : faire entendre la multiplicité des voix et contribuer à une mémoire chorale de la guerre.

Les préfaces de Raphaëlle Branche et de Ouanassa Siari Tengour encadrent la liste des témoins qui ont contribué à cette œuvre collective.

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Une insulte à la République.
Jean-François Collin

La légion d’honneur à Jean-François Collin : une insulte à toutes les victimes de la guerre d’Algérie

Jean-François Collin, président de l’Association de défense des intérêts moraux des anciens détenus (ADIMAD), composée d’anciens activistes de l’OAS, a été nommé chevalier de la Légion d’Honneur, par un décret du 5 mai 2011.

Plusieurs associations, telles l’ANPNPA (Association des pieds-noirs progressistes et leurs amis) et la 4ACG (Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre), s’indignent de cette nomination et des conditions dans lesquelles elle a été officiellement remise le 1er novembre 2011, lors d’une cérémonie devant la stèle des fusillés de l’OAS au cimetière Saint-Laurent-Imbert de Marignane.

On ne peut oublier le terrorisme auxquels se sont livrés il y a une cinquantaine d’années les membres de cette organisation de tenants de l’Algérie française responsables de plus de 2 200 morts.

Les membres de la Commission « Mémoire-Histoire » de la FNACA (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie), réunis à Paris le 11 octobre 2011, ont déclaré cette distinction insupportable, à quelques mois du 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. La commission rappelle dans un communiqué que « la complaisance affichée publiquement, par certains représentants de l’État, aux anciens activistes de l’OAS, les hommages rendus à leurs représentants, ne peuvent que choquer profondément les Algériens et les Français qui en ont été victimes. Ces comportements font obstacle à la réconciliation. Ils fragilisent la mise en œuvre de relations [apaisées entre les] deux pays.»

De son côté, Jean-François Gavoury, président de l’ANPROMEVO, interpelle les autorités concernées.

[Mis en ligne le 2 novembre 2011, mis à jour le 8]

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Plaque que l'ADIMAD a l'intention de sceller sur la tombe du colonel Argoud à Darney (photo Vosges Matin)
Réhabilitations

Vosges : la justice a autorisé une cérémonie à la gloire de l’OAS

De nombreuses personnes et associations sont intervenues pour demander l’interdiction de la manifestation organisée par l’Association de défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française (ADIMAD) à Darney (Vosges) le vendredi 10 juin 2011 autour de la tombe du colonel Antoine Argoud. Prenant prétexte du 7e anniversaire de son décès, ce rassemblement avait pour but de rendre gloire à l’Organisation armée secrète (OAS) dont il avait été un responsable. Pour solenniser l’événement, il était prévu qu’une plaque serait scellée sur la tombe du colonel factieux.

Dans une lettre commune, l’ANPROMEVO et Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons s’étaient adressées au maire de Darney dès le 26 mai dernier, en lui demandant notamment «d’empêcher le déroulement de la manifestation […] et d’interdire l’adjonction, sur le monument funéraire dont il s’agit, de toute plaque dont le contenu tendrait à exalter le souvenir d’un dirigeant de l’OAS.». L’Association des Anciens Appelés en Algérie Contre la Guerre (4ACG) avait incité ses adhérents à écrire dans le même sens au maire de Darney et à l’évêché de Saint-Dié.

Jeudi matin 9 juin, estimant que ce rassemblement constituait un trouble à l’ordre public, le préfet des Vosges avait pris un arrêté d’interdiction (voir ci-dessous). Mais, jeudi soir, le juge des référés du tribunal administratif de Nancy enjoignait le préfet d’autoriser la manifestation dans laquelle il ne voyait qu’une cérémonie à caractère privé, familial. Le préfet autorisait donc la manifestation et demandait au maire d’ouvrir le cimetière et d’assurer la sécurité de la cérémonie. Dans le courant de l’après-midi, l’évêché avait fait savoir par un communiqué qu’il n’y aurait pas de culte en l’église de Darney.

Ci-dessous quelques compléments – et notamment deux liens vers des enregistrements.

[Mis en ligne au cours de la matinée du 9 juin 2011, mis à jour le 15 juin]

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Les fondateurs : Michel Delsaux, Rémi Serres, Armand Vernhettes et Georges Treilhou (de g. à d.).
Les résistances à la guerre d'Algérie

La 4ACG refuse la violence et la guerre comme moyens de résolution des conflits

Créée le 8 janvier 2004 à Albi par quatre anciens appelés en Algérie qui voulaient reverser leur retraite dite du «combattant» (environ 600 € par an), l’association Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre compte aujourd’hui plus de 250 membres.

Les membres de l’association ne se contentent pas de financer et d’accompagner des projets en faveur de la paix et du développement, en Algérie ou ailleurs, ils veulent aussi – et surtout – être des témoins, des «montreurs» de paix. Ils veulent dire l’absurdité de la guerre, l’inutilité des conflits, la perte d’humanité qu’ils entraînent automatiquement.

Ils se déplacent régulièrement, partout où on les sollicite : dans les écoles, les collèges, les lycées, dans les manifestations en faveur de la paix, les colloques, rencontres, conférences, associations… Pour témoigner, et également pour sensibiliser les jeunes aux dangers d’une obéissance aveugle à des ordres ou à des directives allant à l’encontre des valeurs humaines fondamentales.

Mehdi Lallaoui les a rencontrés. Il a réalisé en 2008 un documentaire visible sur le site Mediapart : En finir avec la guerre d’Algérie.

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la base de Blida pendant le putsch des généraux, par Jacques Lambour

Le comportement des appelés du contingent pendant le putsch des généraux est connu : dans une grande partie des régiments, ils ont manifesté leur soutien aux autorités légales de façon active ou passive, et ont refusé de suivre ceux de leurs chefs qui ont voulu s’engager dans la tentative de coup d’État. Ce fut l’une des causes principales de l’échec du putsch.

Nous reprenons ci-dessous un témoignage que nous a adressé Jacques Lambour, membre de l’Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre d’Algérie, qui a vécu cet épisode sur la base de Blida2. Ce texte peut être rapproché d’autres témoignages, ceux notamment de René Collinot et d’Alain Amsellem.

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Entre 1961 et 1962, l'appelé Bourdet a enseigné aux petits Algériens. (Photo sd)
Les résistances à la guerre d'Algérie

L’association des anciens appelés en Algérie contre la guerre

Les appelés qui ont combattu en Algérie peuvent, à 65 ans, toucher une retraite du combattant, d’environ 500 euros par an. Mais, pour certains d’entre eux, cet argent est inacceptable, « taché de tout le sang coulé en Algérie ». C’est ainsi que s’est créée, le 8 janvier 2004, l’Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre (4ACG).
Les membres de l’association (loi 1901) sont d’anciens appelés en Algérie qui reversent l’intégralité de cette retraite afin qu’elle soit utilisée au financement de projets humanitaires – donnant ainsi un sens à ce qui n’en avait pas.

Pour contacter les 4ACG : http://www.4acg.org/spip.php?rubrique19

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Mémorial du Quai Branly

Un monument détourné de sa destination première

Dans une lettre ouverte adressée à Nicolas Sarkozy, neuf associations mettent en cause la politique mémorielle du gouvernement concernant la guerre d’Algérie. Elles attirent l’attention du président de la République sur une décision récemment mise en œuvre par les services du secrétaire d’État à la défense et aux Anciens combattants, qui consiste à faire apparaître, sur le Mémorial national des Morts pour la France en AFN, quai Branly à Paris, les noms des victimes civiles de la manifestation du 26 mars 1962 à Alger, à l’appel de l’OAS3.

Dénonçant une démarche «de plus en plus ostensiblement discriminatoire» dans un domaine qui touche au cœur des relations franco-algériennes, les associations demandent que le mémorial «retrouve sa vocation d’origine» et soit «remis en l’état où il se trouvait antérieurement à mars 2010».

L’inquiétude des associations a été relayée à l’Assemblée nationale et au Sénat, où une vingtaine de parlementaires ont adressé des questions écrites sur ce sujet au secrétaire d’État aux Anciens combattants.

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Au cimetière de Tazla.
De 2007 à 2012

L’Etat français doit assumer son héritage colonial

Quarante-huit ans après l’indépendance, l’instrumentalisation des souffrances de la guerre d’Algérie continue à entretenir la “guerre des mémoires”. Dans une tribune récemment publiée dans Le Monde, Georges Morin, président du Réseau des villes françaises partenaires de villes algériennes, rappelle que le peuple algérien garde, «au sein de chaque famille, les souvenirs amers de la conquête, de la colonisation et de la guerre de libération». Il demande « pourquoi l’Etat français, au plus haut niveau, ne pourrait-il reconnaître, avec des mots simples, forts et dignes, sa responsabilité historique dans les malheurs qu’a entraînés, pour le peuple algérien, l’occupation injustifiable, le système colonial inique et les répressions impitoyables qui ont jalonné les 132 ans de sa “présence” outre-Méditerranée ?»4

Georges Morin poursuit : «Ce n’est pas aux Français de 2010, qui ne sont “coupables” de rien, d’en porter le poids et d’exprimer une quelconque repentance. C’est encore moins aux Français d’Algérie de le faire, alors qu’ils sont des victimes évidentes de cette histoire tragique. C’est à l’Etat français d’assumer son héritage.» Et il rappelle que Jacques Chirac était sorti grandi de la reconnaissance en 1995 de la responsabilité de l’Etat dans la rafle du Vél’ d’hiv.

A la suite d’un article de Noureddine Saâdi, professeur de droit, qui appelle également la France à «[reconnaître] solennellement les crimes commis contre les peuples colonisés», nous reprenons ci-dessous un reportage sur le voyage récent en Algérie d’une délégation de l’Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre5 qui depuis de nombreuses années contribue à la reconstruction de ce qui a été détruit, renouant ainsi des liens avec l’autre rive de la Méditerranée.

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