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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Salvador Allende

Extraits de la fiche pédagogique de présentation du film de Patricio Guzman "Salvador Allende" - 2004

SALVADOR ALLENDE EN QUELQUES DATES

26 juillet 1908 – Naissance à Valparaiso.

1926 – Salvador Allende entre à l’école de médecine.

1937 – Il devient député de Valparaiso et co-fondateur du
Parti Socialiste chilien, un parti ouvrier non-aligné
sur Moscou. Il dirige la campagne de Pedro Aguirre
Cerda, bientôt président du troisième front populaire
du monde, après ceux d’Espagne et de France.

1938 – À 30 ans, il est nommé ministre de la Santé.

1945 – Élu pour la première fois sénateur dans les
provinces du sud du pays.

1952 – Première participation à l’élection présidentielle.

4 septembre 1970 – Candidat pour la quatrième fois, Allende gagne
l’élection présidentielle.

22 octobre 70 – René Schneider, commandant en chef des armées, est assassiné. Allende nomme le général Carlos Prats pour le remplacer.

11 juillet 1971 – Nationalisation du cuivre et des grands gisements miniers.

Octobre 1972 – La grève des camionneurs, mouvement largement financé par la CIA, paralyse le pays.

4 mars 1973 – Salvador Allende remporte les élections législatives avec 43,4% des suffrages.

28 juin 1973 – Échec d’un premier coup d’État.

11 septembre 1973 – Coup d’État dirigé par le général Pinochet et appuyé par la CIA, bombardement du palais présidentiel. Après un combat de quelques heures, Allende se suicide.

EXTRAITS DU DISCOURS DE SALVADOR ALLENDE PRONONCÉ À L’ONU, LE 4 DÉCEMBRE 1972

“Le drame de ma patrie est celui d’un Vietnam silencieux. Il n’y a pas de troupes d’occupation ni d’avions dans le ciel du Chili. Mais nous affrontons un blocus économique et nous sommes privés de crédits par les organismes de financement
internationaux.”

“Nous sommes face à un véritable conflit entre les multinationales et les États. Ceux-ci ne sont plus maîtres de leurs décisions fondamentales, politiques, économiques et militaires à cause de multinationales qui ne dépendent d’aucun État.

Elles opèrent sans assumer leurs responsabilités et ne sont contrôlées par aucun parlement ni par aucune instance représentative de l’intérêt général. En un mot, c’est la structure politique du monde qui est ébranlée. Les grandes entreprises
multinationales nuisent aux intérêts des pays en voie de developpement. Leurs activités asservissantes et incontrôlées nuisent aussi aux pays industrialisés
où elles s’installent. Notre confiance en nous-même renforce notre foi dans les grandes valeurs de l’humanité et nous assure que ces valeurs doivent prévaloir. Elles ne pourront être détruites !”

LE RÔLE DES ÉTATS-UNIS

Les États-Unis ont une véritable responsabilité dans ce qui se passe au Chili des années 60 jusqu’au coup d’État du 11 septembre 1973. Pour protéger leurs intérêts politiques et économiques, les États-Unis organisent et financent des opérations de déstabilisation de la démocratie chilienne.

Le 4 novembre 1970, Salvador Allende devient le nouveau Président du Chili, le Président Nixon, furieux, n’envoie aucun message de félicitation et son ambassadeur à Santiago n’assiste pas à la cérémonie d’investiture.

Aux yeux des États-Unis, le cas chilien est plus dangereux que tout autre. La victoire pacifique d’Allende menace de faire tache d’huile dans le continent tout entier. La Maison-Blanche engage toutes ses forces contre ce nouveau Président de la République malgré sa légitimation démocratique et s’emploie à étrangler par tous les moyens à sa disposition l’économie du pays.

Les États-Unis bloquent la vente de produits alimentaires et de pièces de rechange. Ils déversent une pluie de dollars pour financer les partis adversaires de l’Unité Populaire. Ils financent également, à coup de millions de dollars, les grèves des transports routiers qui leur coûtent très cher et les groupes armés d’Extrême Droite.

« Il faut écraser ce fils de p… le plus tôt possible » répétait Richard Nixon à qui voulait l’entendre.

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Propos de Patricio Guzman, réalisateur du film « Salvador Allende »

LA VICTOIRE

Le 4 septembre 1970, après 20 ans de campagne, Salvador Allende gagne l’élection présidentielle.

Alors que la violence et la guérilla gagnent toute l’Amérique latine, Allende se lance dans une aventure entièrement inédite : celle de conduire un pays vers le socialisme d’une manière légale, sans détruire le système établi et, de plus, en s’appuyant sur les dispositions légales existantes.

Il est convaincu qu’une vraie démocratie conduit logiquement au socialisme. C’est le temps des grands pas historiques. Allende nationalise les usines et les grandes entreprises, les banques, l’acier, le charbon, le salpêtre et le cuivre. La première année est pour Allende un immense succès. La moitié du peuple se reconnait en lui.

Mais dans le même temps il s’est attiré la haine absolue de la Droite.

LE CHILI EN FÊTE

Eté 1971, le Chili est en fête. Dans les quartiers les plus pauvres, dans les
campements et les bidonvilles qui ceinturent la ville, le peuple semble vivre une passion d’amour collective.

Je n’aurais jamais imaginé qu’un projet politique fut capable de soulever un tel enthousiasme. Le rêve de tous était descendu dans la rue et devenait réalité.

La révolution pacifique, qui allait être la seule de l’histoire de l’Amérique latine se déroulait devant nos yeux.

Que l’autre moitié de Chiliens ne partagent pas notre joie ne nous a pas du tout inquiété. En réalité un tiers de la population est terrifié. Cette peur profonde, insondable, deviendra l’un des socles de la dictature la plus sanglante du continent ; elle alimentera la terrible soif de vengeance qui aujourd’hui
encore hante l’esprit de milliers de citoyens chiliens.

LA TEMPÊTE

Après 12 mois, le Gouvernement est en perte de vitesse.

La Droite a retrouvé de la force et s’est rassemblée pour reprendre l’offensive. _ La Gauche de son côté se heurte frontalement à la Constitution. Pour Allende,
il est impossible de changer la loi, et son « légalisme » l’empêche d’avancer plus vite. La Droite est passée à l’attaque au Parlement.

LA GRÈVE DES CAMIONNEURS

En octobre 1972, largement financée par la CIA, une grève patronale de grande envergure paralyse le pays : 70 000 camions, des milliers d’autobus, cessent de rouler, les petits commerces et les professions libérales arrêtent le travail.

On ne trouve plus d’essence, la nourriture manque et la plupart des usines ne reçoivent plus de matières premières.

C’est la guerre des nerfs. Les ennemis d’Allende sont sur le point de gagner la bataille. Mais aucune usine ne suit la grève, les trains roulent, les ports restent
ouverts, les services publics travaillent.

Allende nomme le général Prats ministre de l’Intérieur, et fait entrer dans son gouvernement deux autres militaires.

Les mouvements de grève sont suspendus.

Allende avance, sans céder face aux obstacles.

Mais la partie la plus radicale de la Gauche lui reproche de chercher l’aide des généraux plutôt que celle des travailleurs.

1973

Malgré les millions de dollars venus des États-Unis, malgré l’usure et les tensions, l’Unité Populaire obtient 43,4 % des voix aux élections de mars 1973.
L’opposition est loin des deux tiers requis pour renverser légalement Allende.

Le 21 mai, trois mois avant le coup d’État, le Président rend compte de sa politique devant le Congrès. Allende demeure convaincu que la seule voie possible est la légalité.

Le 28 juin, un régiment de blindés attaque le palais présidentiel. Le coup d’État échoue grâce au Général Carlos Prats, qui soutient le président.
Mais bientôt Prats est contraint de démissionner.
Allende le remplace par le Général Augusto Pinochet.
La grève du cuivre vient de s’achever ; celle des transporteurs routiers est sur le point de reprendre.

Dans les usines, les ouvriers s’impatientent.
_Le coup d’État avorté aggrave les divisions de la Gauche. Les communistes, avec Allende, cherche à accumuler des forces sans briser la légalité. Les socialistes menacent de quitter le gouvernement s’il n’adopte pas une stratégie armée de prise du pouvoir.

11 Septembre 1973, l’armée du général Pinochet, appuyée par la CIA, bombarde le palais présidentiel. Après un combat de quelques heures, Allende se suicide.

30 ANS ONT PASSÉ

Le souvenir de cet homme est toujours en moi. C’est l’image incomplète et distante d’un homme tranquille qui a essayé de changer les règles du jeu politique de son pays en faveur des plus humbles, des plus pauvres, et qui est mort en respectant le jeu démocratique. Le 11 septembre 73 est toujours là…

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