la Nouvelle-Calédonie : vers un destin commun ?
La Nouvelle-Calédonie : vers un destin commun ?
Réflexions autour d’un processus d’indépendance
conférence-débat
samedi 3 juillet 2010 à 18 h
Mille Bâbords, 61 rue Consolat, 13001 Marseille1
La Nouvelle-Calédonie : vers un destin commun ?
Réflexions autour d’un processus d’indépendance
conférence-débat
samedi 3 juillet 2010 à 18 h
Mille Bâbords, 61 rue Consolat, 13001 Marseille1
Après les violents incidents du début du mois, la situation est revenue progressivement au calme en Nouvelle Calédonie. Le 12 août une importante manifestation, constituée en majorité d’Européens, s’est déroulée à Nouméa pour exprimer le refus des violences.
De son côté, l’USTKE continue à réclamer la libération de son président et appelle à une journée de mobilisation le 22 août.
La Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen de Nouvelle-Calédonie appelle les partis politiques, les syndicats, les associations et les citoyens à «tirer dans le même sens» dans le cadre de l’Accord de Nouméa afin de mener une véritable politique de réduction des inégalités sociales, de plus grand respect mutuel et de meilleur partage des richesses.
Des troubles se développent en Nouvelle-Calédonie depuis plus d’une semaine. Lundi 3 août, de violents affrontements ont fait une trentaine de blessés parmi les forces de l’ordre ; mercredi, six personnes, dont deux gendarmes, ont été blessées, l’un des deux gendarmes ayant été touché par une balle. Paris a décidé mercredi de dépêcher un escadron supplémentaire de gendarmes mobiles.
Le syndicat indépendantiste USTKE (l’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités) multiplie les manifestations et les blocages d’entreprises pour protester contre l’incarcération fin juin de cinq de ses membres, dont le président, Gérard Jodar. L’USTKE bénéficie du soutien en France du syndicaliste et député européen José Bové et d’Olivier Besancenot du NPA. Reprochant au gouvernement d’avoir ignoré des « signaux d’alerte » visibles selon lui depuis des mois en Nouvelle-Calédonie, Olivier Besancenot a estimé qu’il était « grand temps que l’État français lâche la grappe […] au peuple kanak, qui a arraché de haute lutte le droit à l’autodétermination. »
Le statut de large autonomie de la Nouvelle-Calédonie avait été accordé à la fin des années 1980 après des affrontements sanglants entre indépendantistes et forces de l’ordre, qui ont fait 21 morts en 1998. Selon les accords conclus entre la France et les différentes forces politiques, l’archipel doit se prononcer entre 2014 et 2018 sur son indépendance, à l’occasion d’un référendum d’autodétermination. La situation sociale est marquée par de fortes inégalités sociales.
« Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a émis un avis favorable au projet de décret fixant la date et les modalités d’organisation d’un recensement général de la population de Nouvelle-Calédonie en 2009. Le recensement se déroulera en juillet et août 2009 et contrairement à celui de 2004 comprendra des questions relatives à l’appartenance à une communauté.»2
La question devrait être : « à quelle(s) communauté(s) estimez vous appartenir ? », à laquelle on pourra répondre en cochant une ou plusieurs des neuf cases proposées (Européenne, Indonésienne, Mélanésienne, Vanuatuaise, Tahitienne, Vietnamienne, Wallisienne-Futunienne, Autre Asiatique et Autre tout court).
Cette façon de procéder, dans un pays où « le climat [reste] tendu »3, est-elle un signe que l’on est décidé à entendre ceux qui disent : « Ne pensez plus pour nous. Laissez-nous venir à notre façon dans l’histoire du monde. Avec notre propre conscience de la terre, notre conception de la vie et du bonheur, de la place de l’homme parmi ses frères et du mode de satisfaction de ses véritables besoins. Laissez-nous poser notre pierre personnelle à l’édifice d’un pays multiracial. 4 » ?
Le 22 avril 1988, deux jours avant le premier tour de l’élection présidentielle qui vit l’affrontement du président sortant, François Mitterrand, et de son premier ministre, Jacques Chirac, la gendarmerie de Fayaoué, dans l’île d’Ouvéa, était attaquée par un groupe de militants indépendantistes. Quatre gendarmes sont tués, dont deux de sang froid dans des conditions peu acceptables ; les autres sont pris en otage.
Comme Gilles Perrault l’a écrit dans sa préface au rapport de la LDH, «une gestion intelligente de cette affreuse péripétie [aurait] permis de rétablir l’ordre et de récupérer les otages sans coup férir. Au lieu de quoi une poignée d’hommes politiques et de militaires choisirent de faire d’Ouvéa une Algérie de jadis en réduction. […] Une élection présidentielle était en cours et les victimes d’Ouvéa, gendarmes et ravisseurs mêlés, furent réduits au rôle d’agents électoraux involontaires. »
Conception et interprétation : Sylvie Malissard
d’après Cannibale de Didier Daeninckx (1er éd. Verdier)
Compagnie Le Porte Plume 5 rue Goy 39800 Poligny
Contact 06 31 77 49 16 – ">
La Nouvelle-Calédonie a fêté le 25 juin 2008 un double anniversaire : les 20 ans des accords de Matignon qui avaient mis fin à des années de violences meurtrières entre les communautés caldoches et kanak, et les 10 ans des accords de Nouméa qui ont organisé la décolonisation progressive de l’archipel, avant un référendum d’autodétermination prévu entre 2014 et 2018. Cet accord, qui vise à instaurer une communauté de destin entre les Calédoniens, stipule que « des signes identitaires du pays devront être recherchés en commun pour exprimer l’identité kanak et le futur partagé entre tous ».
A cette occasion, le gouvernement collégial a adopté lors d’une séance spéciale un avant-projet de loi entérinant le choix d’un hymne et d’une devise ainsi que le nouveau graphisme des billets de banque.
Dernière minute – Le président de l’USTKE condamné à 6 mois de prison ferme.
[AFP – 22.04.2008] – Gérard Jodar, président du syndicat indépendantiste kanak USTKE, a été condamné lundi 21 avril, à 12 mois de prison dont 6 mois ferme, à la suite de violences avec les forces de l’ordre le 17 janvier, dans le cadre d’un conflit à la société de transport, Carsud. Le tribunal correctionnel de Nouméa a condamné M. Jodar pour provocation directe à attroupement armé. Vingt-deux autres militants de l’USTKE, ont également été jugés.
En 1970, Roger Laroque, maire de Nouméa, déclare : « Il faut faire du Blanc ».
En juillet 1972, dans une lettre adressée à son secrétaire d’État aux DOM-TOM, le Premier ministre, Pierre Messmer, écrit :
« La présence française en Calédonie ne peut être menacée sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones appuyées par quelques alliés éventuels dans d’autres
communautés ethniques venant du Pacifique. À court et à moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’Outre-mer (Réunion), devrait permettre d’éviter ce danger, en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés ».
Ce scénario n’est-il pas en voie de réalisation dans un pays que l’on pensait engagé dans un processus de décolonisation ?
Vingt ans après les accords de Matignon et dix ans après celui de Nouméa, deux textes qui organisent l’évolution institutionnelle de l’archipel et prévoient la tenue d’un référendum d’autodétermination à partir de 2014, l’épreuve de force se poursuit entre l’Etat et le principal syndicat (indépendantiste) du territoire, l’USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités).
Les premiers manuels d’histoire et de géographie propres à l’école calédonienne viennent d’être distribués à tous les élèves du primaire (CE2, CM1, CM2).
Des Gaulois mais plus d’ancêtres, une découverte mais réciproque… La Nouvelle-Calédonie s’inscrit au coeur de l’histoire.
Un article de Patricia Calonne et Catherine Léhé, paru dans Les Nouvelles Calédoniennes le 24 février 2007