les “disparitions forcées” de la décennie noire en Algérie
Un article de Michel Piolat repris de la rubrique Résistances et droits de l’Homme en Algérie du site de la section LDH d’Aix-en-Provence.
Un article de Michel Piolat repris de la rubrique Résistances et droits de l’Homme en Algérie du site de la section LDH d’Aix-en-Provence.

Des ONG et des intellectuels se sont mobilisés en Algérie pour dénoncer l’incarcération du militant des droits de l’homme algérien Mohamed Smaïn incarcéré à Relizane. Les autorités algériennes ont ainsi empêché sa venue en France, alors qu’il est partie civile dans un procès contre deux anciens miliciens algériens poursuivis pour torture.
Une pétition a été lancée dont les signataires rappellent que Mohamed Smaïn, ancien vice-président de la ligue algérienne de défense des droits de l’homme est une « figure nationale dans la lutte pour la vérité sur le sort des disparitions forcées » pendant la décennie noire. Cela lui a valu d’être condamné à deux mois de prison pour dénonciation de « crimes imaginaires », condamnation confirmée par la cour suprême d’Alger en octobre 2011 après dix années de harcèlement judiciaire, la cour ayant refusé le pourvoi en cassation. La plainte avait été déposée par Mohamed Fergane, l’ancien maire de sa ville Relizane, qui dans les années 1990 dirigeait la milice responsable d’actes de tortures, d’assassinats et de disparitions forcées.
La pétition rappelle que 210 citoyens enlevés à Relizane ont disparu et que des charniers où gisent des disparus ont été localisés et des restes humains exhumés et identifiés. Mohamed Smaïn, âgé de 70 ans, a été arrêté le 19 juin dernier à Relizane pour l’exécution de sa peine, au mépris du recours en grâce qui avait été déposé en raison de son état de santé – il a subi un triple pontage coronarien et souffre d’un cancer de la prostate.
Pour Me Patrick Baudouin : “L’omerta est totale en Algérie sur les crimes de la décennie noire” 1
Mise à jour
«Après cinquante ans de gabegie», «il est temps de demander des comptes à ceux qui ont mis l’Algérie en coupe réglée» écrit Salah Guemriche, écrivain et journaliste algérien4. Dans le manifeste ci-dessous, il propose une réécriture de la proclamation du 1er novembre 1954, en vue de fonder une République algérienne démocratique, laïque et indivisible5.
Salah Guemriche a donné une longue interview intitulée “Un auteur peut se fondre dans son écriture et se confondre avec elle” publiée le 8 mai 2012 sur le site Djazaïr News, à partir de la page 11 de http://www.djazairnews.info/pdf_fr/fr-08-05-2012.pdf.

Dans un rapport conjoint publié le 19 avril 2012, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), le Collectif des familles des disparu(e)s en Algérie (CFDA), la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et le Syndicat national du personnel autonome de l’administration publique (Snapap) dénoncent les nouvelles lois adoptées en Algérie et les violations des libertés fondamentales et des droits humains qui s’intensifient.
Ce rapport révèle les contradictions entre les réformes politiques annoncées par le président de la République et les textes des nouvelles lois adoptées depuis janvier 2012. En passant au peigne fin la loi fixant les modalités augmentant les chances d’accès de la femme à la représentation dans les Assemblées élues, la loi relative aux partis politiques, à l’information et aux associations, le rapport accorde une grande partie de son analyse critique à la loi relative au régime électoral. «Les dispositions de la nouvelle loi n’apportent pas des garanties suffisantes pour que les élections se déroulent de manière libre et transparente», peut-on lire dans le document. Et pour étayer l’analyse, le rapport cite les failles du nouveau code électoral qui institue une commission supplémentaire de supervision des élections. (Lamia Tagzout, El Watan)
Le témoignage d’une ancienne militante de l’indépendance de l’Algérie, qui regrette, pour l’Algérie comme pour la France, que l’Histoire ne se soit pas déroulée autrement.
Une coalition de 11 ONG nationales et internationales a adressé une lettre ouverte au Premier ministre français M. François Fillon, l’appelant à refuser la demande d’extradition vers l’Algérie du Dr. Mourad Dhina, directeur exécutif d’Alkarama, qui risque d’être torturé. C’est le Premier ministre qui en France est chargé de signer les décrets d’extradition.
Une telle extradition serait contraire aux conventions internationales dont la France est partie. Les organisations signataires expriment également leurs craintes que la demande des autorités algériennes ne soit motivée par la volonté de museler le Dr. Dhina autant dans ses activités de militant des droits de l’Homme au sein d’Alkarama que dans son engagement politique dans le Mouvement Rachad, association régulièrement enregistrée en France qui prône un changement visant à la transition démocratique en Algérie.
Une pétition (01.02.2012) : Non à l’extradition du Dr Mourad Dhina en Algérie !.

La présidente du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) reçoit le prix Oscar Romero. Décerné par Rothko Chapel, une institution qui s’engage à promouvoir les droits humains et la compréhension interconfessionnelle, le prix qu’a reçu Nassera Dutour, le 13 novembre dernier, récompense sa lutte inlassable pour la vérité sur le sort de 7 000 hommes et femmes disparus en Algérie.
Le prix Oscar Romero, du nom de l’archevêque de San Salvador assassiné en 1980 pour ses années de lutte contre l’exploitation des pauvres au Salvador, est décerné à des personnes ou des organisations en reconnaissance de leur implication dans le domaine des droits de l’Homme.

L’ancien ministre de la défense et ex-homme fort du pouvoir algérien, le général Khaled Nezzar, a été interpellé lors de son passage à Genève jeudi 20 octobre 2011. Khaled Nezzar a été ministre de la défense entre 1990 et 1994. Selon l’ONG suisse TRIAL, c’était l’un des hommes les plus puissants du régime algérien à l’époque de la guerre civile.
Le ministère public a ouvert une instruction «pour suspicion de crimes de guerre», «sur la base d’une dénonciation de l’ONG suisse TRIAL, appuyée par les plaintes de deux victimes», selon une porte-parole du ministère public. Les crimes reprochés se sont déroulés «dans le contexte du conflit civil algérien, qui de 1992 à 1999, a opposé divers groupes islamistes au gouvernement». Nezzar a été remis en liberté vendredi soir, après avoir été « prévenu » (l’équivalent d’une mise en examen). L’instruction se poursuit.
François Gèze rappelle ci-dessous les responsabilités de ceux qui ont mis en place «un véritable terrorisme d’État […] qui a frappé la société algérienne dans les années 1990, au prix de quelque 200 000 morts, dont au moins 20 000 victimes de “disparations forcées” du fait des “forces de sécurité”»6.

La Coalition d’associations de victimes des années 1990 – constituée de : Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), Sos Disparus, Djazairouna, Somoud – appelle à une marche pour les disparus, allant du métro Belleville à la Place de la République, samedi 8 octobre 2011 (départ à 15 h).
A partir de 17h, rassemblement Place de la République, avec prise de parole et musique.7
Dans le contexte des révolutions du monde arabe, la Coalition réaffirme que
la lutte contre l’impunité est partie intégrante de celle pour le changement et la démocratie.

… la multiplication des actes de harcèlement judiciaire contre les défenseurs des droits de l’Homme et les syndicalistes autonomes

Dans une lettre ouverte adressée à l’Union européenne, quatre organisations – REMDH, LADDH, CFDA, SNAPAP[*] – lui demandent de ne pas sacrifier les droits de l’homme sur l’autel des transactions économiques. Elles appellent l’Union européenne «à demander publiquement la fin de la répression des manifestations pacifiques en Algérie et à exprimer ainsi clairement son soutien à la société civile autonome algérienne».
Concernant la question des disparus, elles dénoncent «les entraves mises par les autorités à l’accès à la vérité, à la justice et à une réparation pleine et entière». La lettre fustige le code de la famille en vigueur qui « ne garantit pas l’égalité effective entre les femmes et les hommes » et déplore que l’exercice du culte soit « toujours soumis à de fortes restrictions malgré les dispositions contenues dans la Constitution».
[*] REMDH : Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme
LADDH : Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme
CFDA : Collectif des familles des disparu(e)s en Algérie
SNAPAP : Syndicat National autonome des personnels de l’administration

Le Comité des droits de l’homme des Nations unies vient de condamner l’Algérie pour la disparition forcée de M. Brahim Aouabdia, tailleurde pierre âgé de 50 ans, marié et père de six enfants, vivant à Constantine au moment des faits. Le 30 mai 1994, M. Aouabdia a été arrêté sur son lieu de travail. De nombreuses autres personnes ont été arrêtées à Constantine les jours précédents, et le seront les jours suivants. M. Aouabdia n’est jamais réapparu.
Par sa décision du 22 mars dernier, rendue publique fin mai, le comité des droits de l’homme des Nations unies a donné pleinement raison à sa femme, Meriem Zarzi, qui était représentée par l’association suisse de lutte contre l’impunité Trial (« Track Impunity Always »).