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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Mémoire et histoire en Algérie

Chômeurs, familles de disparus, militants des droits de l’homme... Ils sont descendus dans la rue le 5 juillet 2012, et pour beaucoup, ont été arrêtés.
Algérie : les affrontements des années 1990

à la suite des protestations qui ont suivi son incarcération, Mohamed Smaïn est remis en liberté

Des ONG et des intellectuels se sont mobilisés en Algérie pour dénoncer l’incarcération du militant des droits de l’homme algérien Mohamed Smaïn incarcéré à Relizane. Les autorités algériennes ont ainsi empêché sa venue en France, alors qu’il est partie civile dans un procès contre deux anciens miliciens algériens poursuivis pour torture.

Une pétition a été lancée dont les signataires rappellent que Mohamed Smaïn, ancien vice-président de la ligue algérienne de défense des droits de l’homme est une « figure nationale dans la lutte pour la vérité sur le sort des disparitions forcées » pendant la décennie noire. Cela lui a valu d’être condamné à deux mois de prison pour dénonciation de « crimes imaginaires », condamnation confirmée par la cour suprême d’Alger en octobre 2011 après dix années de harcèlement judiciaire, la cour ayant refusé le pourvoi en cassation. La plainte avait été déposée par Mohamed Fergane, l’ancien maire de sa ville Relizane, qui dans les années 1990 dirigeait la milice responsable d’actes de tortures, d’assassinats et de disparitions forcées.

La pétition rappelle que 210 citoyens enlevés à Relizane ont disparu et que des charniers où gisent des disparus ont été localisés et des restes humains exhumés et identifiés. Mohamed Smaïn, âgé de 70 ans, a été arrêté le 19 juin dernier à Relizane pour l’exécution de sa peine, au mépris du recours en grâce qui avait été déposé en raison de son état de santé – il a subi un triple pontage coronarien et souffre d’un cancer de la prostate.

Pour Me Patrick Baudouin : “L’omerta est totale en Algérie sur les crimes de la décennie noire1

Mise à jour

  • Mohamed Smaïn a été libéré le 6 juillet2
  • Le 5 juillet gâché à Alger : arrestation de militants et interdiction de manifester3.
[Mis en ligne le 1er juillet 2012, mis à jour le 9]

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“pour une république algérienne démocratique, laïque et indivisible” par Salah Guemriche

«Après cinquante ans de gabegie», «il est temps de demander des comptes à ceux qui ont mis l’Algérie en coupe réglée» écrit Salah Guemriche, écrivain et journaliste algérien4. Dans le manifeste ci-dessous, il propose une réécriture de la proclamation du 1er novembre 1954, en vue de fonder une République algérienne démocratique, laïque et indivisible5.

Salah Guemriche a donné une longue interview intitulée “Un auteur peut se fondre dans son écriture et se confondre avec elle” publiée le 8 mai 2012 sur le site Djazaïr News, à partir de la page 11 de http://www.djazairnews.info/pdf_fr/fr-08-05-2012.pdf.

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Algérie post 1962

Algérie : “réformes politiques” ou verrouillage supplémentaire ?

Dans un rapport conjoint publié le 19 avril 2012, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), le Collectif des familles des disparu(e)s en Algérie (CFDA), la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et le Syndicat national du personnel autonome de l’administration publique (Snapap) dénoncent les nouvelles lois adoptées en Algérie et les violations des libertés fondamentales et des droits humains qui s’intensifient.

Ce rapport révèle les contradictions entre les réformes politiques annoncées par le président de la République et les textes des nouvelles lois adoptées depuis janvier 2012. En passant au peigne fin la loi fixant les modalités augmentant les chances d’accès de la femme à la représentation dans les Assemblées élues, la loi relative aux partis politiques, à l’information et aux associations, le rapport accorde une grande partie de son analyse critique à la loi relative au régime électoral. «Les dispositions de la nouvelle loi n’apportent pas des garanties suffisantes pour que les élections se déroulent de manière libre et transparente», peut-on lire dans le document. Et pour étayer l’analyse, le rapport cite les failles du nouveau code électoral qui institue une commission supplémentaire de supervision des élections. (Lamia Tagzout, El Watan)

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Mourad Dhina ne doit pas être extradé vers l’Algérie où il risque d’être torturé

Une coalition de 11 ONG nationales et internationales a adressé une lettre ouverte au Premier ministre français M. François Fillon, l’appelant à refuser la demande d’extradition vers l’Algérie du Dr. Mourad Dhina, directeur exécutif d’Alkarama, qui risque d’être torturé. C’est le Premier ministre qui en France est chargé de signer les décrets d’extradition.

Une telle extradition serait contraire aux conventions internationales dont la France est partie. Les organisations signataires expriment également leurs craintes que la demande des autorités algériennes ne soit motivée par la volonté de museler le Dr. Dhina autant dans ses activités de militant des droits de l’Homme au sein d’Alkarama que dans son engagement politique dans le Mouvement Rachad, association régulièrement enregistrée en France qui prône un changement visant à la transition démocratique en Algérie.

Une pétition (01.02.2012) : Non à l’extradition du Dr Mourad Dhina en Algérie !.

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Comme des milliers d'autres, Amine Amrouch a «disparu» au cours de la guerre du gouvernement algérien contre les islamistes des années 1990.
Algérie : les affrontements des années 1990

le prix Oscar Romero décerné à Nassera Dutour

La présidente du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) reçoit le prix Oscar Romero. Décerné par Rothko Chapel, une institution qui s’engage à promouvoir les droits humains et la compréhension interconfessionnelle, le prix qu’a reçu Nassera Dutour, le 13 novembre dernier, récompense sa lutte inlassable pour la vérité sur le sort de 7 000 hommes et femmes disparus en Algérie.

Le prix Oscar Romero, du nom de l’archevêque de San Salvador assassiné en 1980 pour ses années de lutte contre l’exploitation des pauvres au Salvador, est décerné à des personnes ou des organisations en reconnaissance de leur implication dans le domaine des droits de l’Homme.

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Le général Nezzar.
Algérie : les affrontements des années 1990

le général Nezzar rattrapé en Suisse par une plainte pour «crimes de guerre»

L’ancien ministre de la défense et ex-homme fort du pouvoir algérien, le général Khaled Nezzar, a été interpellé lors de son passage à Genève jeudi 20 octobre 2011. Khaled Nezzar a été ministre de la défense entre 1990 et 1994. Selon l’ONG suisse TRIAL, c’était l’un des hommes les plus puissants du régime algérien à l’époque de la guerre civile.

Le ministère public a ouvert une instruction «pour suspicion de crimes de guerre», «sur la base d’une dénonciation de l’ONG suisse TRIAL, appuyée par les plaintes de deux victimes», selon une porte-parole du ministère public. Les crimes reprochés se sont déroulés «dans le contexte du conflit civil algérien, qui de 1992 à 1999, a opposé divers groupes islamistes au gouvernement». Nezzar a été remis en liberté vendredi soir, après avoir été « prévenu » (l’équivalent d’une mise en examen). L’instruction se poursuit.

François Gèze rappelle ci-dessous les responsabilités de ceux qui ont mis en place «un véritable terrorisme d’État […] qui a frappé la société algérienne dans les années 1990, au prix de quelque 200 000 morts, dont au moins 20 000 victimes de “disparations forcées” du fait des “forces de sécurité”»6.

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Algérie : les affrontements des années 1990

marche pour les disparus : tous contre l’impunité en Algérie

La Coalition d’associations de victimes des années 1990 – constituée de : Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), Sos Disparus, Djazairouna, Somoud – appelle à une marche pour les disparus, allant du métro Belleville à la Place de la République, samedi 8 octobre 2011 (départ à 15 h).

A partir de 17h, rassemblement Place de la République, avec prise de parole et musique.7

Dans le contexte des révolutions du monde arabe, la Coalition réaffirme que
la lutte contre l’impunité est partie intégrante de celle pour le changement et la démocratie.

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l’UE invitée à défendre les droits de l’Homme en Algérie

Dans une lettre ouverte adressée à l’Union européenne, quatre organisations – REMDH, LADDH, CFDA, SNAPAP[*] – lui demandent de ne pas sacrifier les droits de l’homme sur l’autel des transactions économiques. Elles appellent l’Union européenne «à demander publiquement la fin de la répression des manifestations pacifiques en Algérie et à exprimer ainsi clairement son soutien à la société civile autonome algérienne».

Concernant la question des disparus, elles dénoncent «les entraves mises par les autorités à l’accès à la vérité, à la justice et à une réparation pleine et entière». La lettre fustige le code de la famille en vigueur qui « ne garantit pas l’égalité effective entre les femmes et les hommes » et déplore que l’exercice du culte soit « toujours soumis à de fortes restrictions malgré les dispositions contenues dans la Constitution».

[*] REMDH : Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme

LADDH : Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme

CFDA : Collectif des familles des disparu(e)s en Algérie

SNAPAP : Syndicat National autonome des personnels de l’administration

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Brahim Aouabdia
Algérie post 1962

nouvelle condamnation de l’Algérie par les Nations unies pour disparition forcée

Le Comité des droits de l’homme des Nations unies vient de condamner l’Algérie pour la disparition forcée de M. Brahim Aouabdia, tailleurde pierre âgé de 50 ans, marié et père de six enfants, vivant à Constantine au moment des faits. Le 30 mai 1994, M. Aouabdia a été arrêté sur son lieu de travail. De nombreuses autres personnes ont été arrêtées à Constantine les jours précédents, et le seront les jours suivants. M. Aouabdia n’est jamais réapparu.

Par sa décision du 22 mars dernier, rendue publique fin mai, le comité des droits de l’homme des Nations unies a donné pleinement raison à sa femme, Meriem Zarzi, qui était représentée par l’association suisse de lutte contre l’impunité Trial (« Track Impunity Always »).

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Mémoire et histoire en Algérie

Mohammed Harbi : «les archives de la guerre de Libération sont explosives»

Dans un long entretien publié dans l’édition du 26 mai 2011 du journal El Watan, l’historien Mohammed Harbi aborde de très nombreux problèmes. Il revient sur les récentes controverses suscitées par des déclarations polémiques d’anciens acteurs de la guerre de libération algérienne. Il s’exprime sur les tabous, liés aux juifs d’Algérie, aux harkis et aux pieds-noirs : le fait de ne pas avoir traité ces problèmes a « fait le lit de l’islamisme». Il évalue le nombre de harkis et goumiers à environ 100 000 hommes et il estime à quelque 50 000, les victimes algériennes des bavures du FLN/ALN, dont nombre de militants nationalistes authentiques. Préconisant une déconstruction de la pensée nationaliste, il estime que la question identitaire et celle de l’autoritarisme sont deux problèmes majeurs qu’il est impératif de dépasser pour aller vers une Algérie nouvelle et apaisée…

Les propos de Mohammed Harbi ont été recueillis par Mustapha Benfodil et publiés dans l’édition du 26 mai 2011 d’El Watan8. A la suite, vous trouverez une mise au point de Mohammed Harbi, publiée dans l’édition du 28 mai, une brève biographie de Mohammed Harbi et enfin un glossaire repris de l’édition du 26 mai.

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