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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Les violences de l’OAS

La base BA140 de Blida.
Affaire Kubasiak

Il ne s’est “rien” passé le 24 juin 1962

Lors du putsch du 21 avril 1961, le colonel commandant la base aérienne BA140 de Blida fut interpellé par des hommes de troupe sur sa position personnelle par rapport au putsch ; comme il tardait à répondre, ils le “destituèrent”. Compte tenu de l’indisponibilité du colonel, le commandant Joseph Kubasiak aurait pris le commandement de la base. Les parachutistes du 1er REP de Hélie Denoix de Saint Marc tentèrent de s’emparer de la base, dont les avions Noratlas leur auraient permis d’envoyer des unités vers la France. Ils en furent empêchés par les appelés du contingent … 1

Une fois les troubles apaisés et le commandement légitime ayant retrouvé sa place, le commandant Kubasiak fut mis aux arrêts de rigueur ; il purgea une peine de prison d’un mois pour prise illégale de commandement, puis il fut mis en retraite anticipée.

De retour en France, il s’installa à Aix-en-Provence et, le 24 juin 1962, alors qu’il était dans son jardin avec son beau-père, un commando de l’OAS, commandé par Gilles Buscia, vint les assassiner tous les deux, devant sa femme, tandis que ses enfants étaient enfermés dans leur chambre.

Cinquante ans plus tard, Jacques Lambour, qui était à la base de Blida en avril 1961, nous adresse ce texte d’hommage.

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Oran 1962 - d'après Guy Pervillé, Atlas de la guerre d'Algérie (éd. autrement 2003)
Oran 1962

L’OAS a fait un millier de victimes civiles algériennes à Oran

Le massacre des Européens d’Oran au moment de l’indépendance algérienne commence à être connu en France, et reconnu par les pouvoirs publics. Certains rapatriés d’Algérie en avaient fait une de leurs revendications mémorielles fondamentales.

L’historien algérien Fouad Soufi écrivait en novembre 2000 : « Le 5 juillet 1962, alors que partout la population algérienne célèbre la fête de l’indépendance, dans le centre de la ville d’Oran, des hommes, des femmes et des enfants algériens et européens trouvent la mort dans des conditions atroces, non encore élucidées, tandis que dans un quartier périphérique des Européens sont sauvagement assassinés.2»

Dans Le Monde diplomatique de janvier 2012, Pierre Daum revient sur le sujet : «[…] la fête se transforma soudain en tuerie. Pendant quelques heures, une chasse à l’Européen s’organisa, et des dizaines, voire des centaines d’hommes et de femmes furent massacrés à coups de couteau, de hache et de revolver.»

D’autres attentats meurtriers intervenus auparavant sont, en revanche, à peu près complètement ignorés en France : ceux visant des civils algériens que l’OAS a multipliés à Alger et à Oran au cours de la période allant de début janvier à début juillet 1962.

À Oran, l’historien algérien Saddek Benkada a dénombré 859 victimes civiles algériennes, entre le 1er janvier et le 30 juin 1962. Un événement particulièrement traumatisant fut l’explosion simultanée de deux voitures piégées, le 28 février 1962, un soir de ramadan, au cœur du quartier algérien de Medina Jdida – c’était le premier attentat de ce type dans l’histoire de l’Algérie. Il y eut ce jour-là 78 morts, sans compter les corps non identifiables… Ci-dessous, un petit dossier sur
cet aspect mal connu de la fin de la guerre d’Algérie.

[Mis en ligne le 26 février 2012, mis à jour le 27]

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© Aurel
Oran 1962

“Oran, 5 juillet 1962…”, par Pierre Daum

Il y a cinquante ans, le peuple algérien accédait à l’indépendance. En juillet 1962, les journées de liesse ne furent entachées d’aucune violence envers les Français encore présents. Sauf à Oran, où des dizaines de pieds-noirs furent tués par la foule. Depuis un demi-siècle, les principaux récits de ce massacre ignorent les témoignages des Algériens.

Pierre Daum, journaliste, auteur notamment du livre “ni valise ni cercueil”, est allé enquêter sur place. Voici ce que cet envoyé spécial du Monde Diplomatique a publié dans l’édition de janvier 2012 du mensuel.

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Les obsèques de Roger Gavoury à Alger le 3 juin 1961.
Les violences de l'OAS

L’assassinat de Roger Gavoury par l’OAS en mai 1961

Roger Gavoury, commissaire central d’Alger, a été le premier haut fonctionnaire français victime de cette organisation symbole de terreur et de guerre civile.
Il a été assassiné à coups de poignard de parachutiste, le 31 mai 1961 à 23 h 30, à l’intérieur de son petit studio situé rue du Docteur Trolard à Alger, où un commando de l’OAS lui avait tendu un guet-apens3.

Pour l’historienne Anne-Marie Duranton-Crabol, l’assassinat de Roger Gavoury est un «élément-marqueur» dans l’histoire de l’OAS débutante. «Cruel hommage rendu à l’efficacité du commissaire principal d’Alger, payant les coups portés à l’Organisation par la cellule qu’il avait créée au sein de la Sureté urbaine, le meurtre servait d’avertissement pour tous ceux qui tenteraient de contrer le mouvement clandestin.4»

Son fils, Jean-François Gavoury – il avait 11 ans lors du décès de son père – perpétue sa mémoire au sein de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (Anpromevo) dont il est le président-fondateur.

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la base de Blida pendant le putsch des généraux, par Jacques Lambour

Le comportement des appelés du contingent pendant le putsch des généraux est connu : dans une grande partie des régiments, ils ont manifesté leur soutien aux autorités légales de façon active ou passive, et ont refusé de suivre ceux de leurs chefs qui ont voulu s’engager dans la tentative de coup d’État. Ce fut l’une des causes principales de l’échec du putsch.

Nous reprenons ci-dessous un témoignage que nous a adressé Jacques Lambour, membre de l’Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre d’Algérie, qui a vécu cet épisode sur la base de Blida5. Ce texte peut être rapproché d’autres témoignages, ceux notamment de René Collinot et d’Alain Amsellem.

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Serrano Suñer et Hitler
Les violences de l'OAS

Les racines franquistes du putsch de 1961 et de l’OAS, par Gilles Manceron

C’est à Madrid que l’OAS a été créée au début de 1961, et, bien que le sigle ne soit apparu publiquement, à la fois à Alger et à Paris, que vers la fin du putsch, c’est en Espagne franquiste, auprès du général Salan, qu’une branche de cette organisation s’est constituée.

En réponse aux tentatives de réhabilitation de ce coup d’Etat militaire, s’est tenue à Nice le 20 février une réunion sur le thème « Alger 1961, un soulèvement contre la République » où l’historien Gilles Manceron a rappelé l’origine, à Madrid, de ce pronunciamento et de l’OAS qui a suivi. Nous reprenons ici une partie de son évocation de leur préparation.

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Chateau-Royal, mars 1962

À la mémoire d’un humaniste, Max Marchand

Enseignant originaire de Normandie, Max Marchand (1911-1962) est nommé en 1948 en Algérie, pays où il tissera de forts liens. Enseignant, il s’attache à promouvoir l’histoire et la culture algériennes et s’inscrit clairement dans le camp des Européens « libéraux » qui prônent une émancipation de l’Algérie. Franc-maçon, il a appartenu aux loges “Union africaine et Raison réunies” et “Hippone” du Grand Orient de France.

Inspecteur d’Académie, président de la Ligue de l’Enseignement en Oranie et directeur des Centres sociaux éducatifs, il est assassiné à El Biar (Alger) le 15 mars 1962, quatre jours avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, avec cinq de ses collaborateurs – Mouloud Feraoun, bel écrivain de langue française de renommée internationale, Marcel Basset, Ali Hammoutene, Robert Eymard et Salah Ould Aoudia – par un commando de l’OAS qui abat en leurs personnes des symboles du rapprochement des communautés et des apôtres de la fraternité entre les hommes.

Le texte ci-dessous a été écrit par Michel Lambart, à partir de l’allocution qu’il a prononcée le 24 juin 2010 lors de l’inauguration, en l’hôtel Cadet du Grand Orient de France, d’un temple dédié à Max Marchand6.

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La Dépêche du 24 mars 1962.
Les violences de l'OAS

Alger, fin mars 1962, l’OAS fait la guerre à l’armée française

Dans un article de l’édition du 25 mars 1972 du journal Le Monde7, Jean Lacouture rapporte que le 22 mars 1962, un responsable du service d’ordre à Alger avait montré à Alain Jacob, envoyé spécial du Monde à Alger, « un tract qui lui avait paru invraisemblable […] : les chefs de l’OAS y proclamaient que les forces françaises devaient dorénavant être considérées comme des troupes étrangères d’occupation…»

C’est bien ainsi que les chefs de l’OAS ont réagi au cessez-le-feu du 19 mars 1962 : en mettant en oeuvre l’instruction 29, la feuille de route que le général Salan, chef suprême de l’OAS, avait rendu publique le 23 février 1962 et qui devait empêcher «l’abandon de l’Algérie française».

Dans cette instruction, Salan avait donné l’ordre d’« ouvrir systématiquement le feu sur les unités de gendarmerie mobile et de CRS ». En ce qui concerne les autres forces de maintien de l’ordre, il leur accorde un délai pour rallier l’OAS. Au lendemain de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu conclu à Evian entre le gouvernement français et le GPRA, estimant que ce délai est écoulé, il déclare que les officiers, sous-officiers et soldats qui ne l’ont pas ralliée seront « considérés comme des troupes étrangères d’occupation ». En fait, depuis l’échec du putsch d’avril 1961, l’OAS considérait les militaires du contingent comme des adversaires de sa cause – un tract daté de la fin de l’année 1961 en témoigne.

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Les violences de l'OAS

La feuille de route de l’OAS
par le général Salan
en février 1962

L’instruction n° 29 de l’OAS, reprise ci-dessous dans son intégralité, est à juste titre considérée comme l’un de ses textes les plus importants. Rendue publique le 23 février 1962 par le général Salan, “chef suprême” de l’OAS, elle vise à organiser l’insurrection armée au moment du cessez-le-feu – qui sera instauré le 19 mars suivant. Cette directive, véritable déclaration de guerre civile, recense tous les crimes qui seront effectivement commis par l’OAS. On y trouve notamment les préconisations suivantes : encourager les autorités militaires à se rallier (I B 2), créer des « zones insurrectionnelles » (IV A), ouvrir systématiquement le feu sur les unités de gendarmerie mobile et de CRS (IV B 1), utiliser la foule dans les rues (IV B 8).

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Les violences de l'OAS

A Bab-el-Oued, le 23 mars 1962

Le 16 février 2009, Didier C. nous a adressé le message suivant :

«Je suis né à Marseille, fils et petit-fils de pieds-noirs. Suite au décès de ma mère, j’ai trouvé un témoignage où mon grand-père relate les événements de fin mars 1962 à Bab El Oued. Il avait une entreprise de torréfaction

Si ce témoignage vous intéresse, faites-le moi savoir, c’est un document dactylographié de six pages.
»

Ce témoignage, vous le trouverez ci-dessous. En le publiant, nous ne cherchons pas à revenir une fois de plus sur l’histoire d’une période – le printemps 1962 à Alger – qui reste l’objet de polémiques, mais nous souhaiterions transmettre le regard d’une personne qui a vécu ces événements toujours douloureux dans la mémoire de ceux qui les ont subis.

Le grand-père de Didier, Marcel Arich, est né le 13 août 1903 à Alger.

cafe.jpgEn 1931 il est à Bône, directeur des cafés Antinea.

De là il gagne Alger. Il dirige un atelier de torréfaction, «Les Cafés Le Phénix». C’est là, au 31 rue Léon Roches, qu’il vivra les événements tragiques de mars 1962.

A partir de 1962, il montera une nouvelle affaire de torréfaction à Marseille …

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Carnage rue d’Isly, par Rémi Kauffer

«Un tract demande à la population de se rassembler au Plateau des Glières dans le calme et sans armes, pour se rendre à 15 heures à Bab-El-Oued et tenter de faire cesser le blocus… » a écrit Francine Dessaigne dans son Journal d’une mère de famille pied-noir8. Une manifestation dont Jean-Jacques Susini, fondateur avec Raoul Salan de l’OAS, qualifiait récemment l’idée de «criminelle»9.

L’ouvrage La Guerre d’Algérie. 1954-2004. La fin de l’amnésie dirigé par Mohamed Harbi et Benjamin Stora10 évoque également cet épisode sanglant. Voici un large extrait (de la page 452 à 456) de la contribution de Rémi Kauffer intitulée « OAS : la guerre franco-française d’Algérie».

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