
“les intellectuels et la guerre d’Algérie”
Ce très bel ouvrage, qui ouvre sur mai 1945 (massacres du Constantinois) et se clôt sur juillet 1968 (décret amnistiant les crimes commis en Algérie), rend compte de la « bataille de l’écrit » (Michel Crouzet) que fut aussi la guerre d’Algérie. S’il ne faut pas y chercher une analyse scientifique critique de l’engagement intellectuel, français comme algérien, les documents-archives de l’Institut mémoires de l’édition contemporaine, de la Bibliothèque de documentation et d’information contemporaine, ou de fonds privés (Jean Amrouche, Daniel Guérin, Dionys Mascolo), sont d’une grande richesse : lettre de Maurice Blanchot à Mascolo, qui lui suggère le titre du futur « Manifeste des 121 », la « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie » ; textes concernant les exactions du Front de libération nationale envers le Mouvement national algérien ; lettre de Mascolo à André Mandouze appelant de ses vœux l’« intelligentsia française d’Algérie » à se joindre au Comité d’action des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord, auquel Albert Camus a refusé de participer ; tapuscrit de Kateb Yacine…
(Anne Mathieu 1).