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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Les exactions : torture, viols, exécutions extrajudiciaires

Mort du général Paul Aussaresses

Le nom de Paul Aussaresses, dont la mort, à 95 ans, a été annoncée, mercredi 4 décembre, restera pour toujours lié à la reconnaissance du recours à la torture par l’armée française au cours de la guerre d’Algérie : voir cette page,
ainsi que la vidéo ci-dessous.

[Mis en ligne le 4 décembre 2013, complété le 6]

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“La question” : histoire d’un maître-livre du XXe siècle, par Alain Ruscio

L’émotion quasi unanime ressentie, en France et en Algérie, lors de la disparition d’Henri Alleg, s’explique. Homme du courage – physique et moral – homme de la conviction, homme de la fidélité : quelles qualités de plus peut-on imaginer ?

Tous ont rappelé le choc qu’avait été, lors de la guerre d’Algérie pour les plus anciens, plus tard pour les autres, la lecture de La Question. Ce qui a fait la force de cet ouvrage, outre la dénonciation des faits, fut son ton tranquille, sans emphase, sans indignation démonstrative, même lorsqu’il s’agissait des actes les plus ignobles subis par le narrateur.

L’écriture, la publication, enfin la diffusion de ce livre ont une histoire, par trop méconnue1.

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Sylvie Thénault : la torture a fait partie intégrante du système de lutte contre les nationalistes

Un entretien de l’historienne Sylvie Thénault, spécialiste de la guerre d’Algérie, publié dans Hebdo Tout est à nous ! 176, le 3 janvier 2013.

Sylvie Thénault est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire de la guerre d’indépendance algérienne (Flammarion, 2005) et Une drôle de justice. Les magistrats dans la guerre d’Algérie (La découverte, 2001).

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Les exactions : torture, viols, exécutions extrajudiciaires

Claude Juin, “des soldats tortionnaires”

Claude Juin est né en 1935. Après un long séjour dans une caserne de Coblence en Allemagne, il est envoyé en Algérie où il débarque le 22 mai 1957. Dans un premier temps son unité, le 435e RAA (régiment d’artillerie anti aérienne), est basée à Isserbourg, village proche de Bordj-Ménaïel, à 80 kilomètres à l’est d’Alger. En août 1957 son régiment est expédié dans le massif de l’Ouarsenis, au col de Kerba près de Boukhari. Il est libéré en janvier 1958.

Pendant toute sa période algérienne, il a rempli trois petits carnets bleus à carreaux, qui lui permettent de raconter sa guerre dans Le Gâchis, publié par les Editeurs français réunis en 1960 sous le pseudonyme de Jacques Tissier – le livre sera interdit. Cinquante ans plus tard il soutient une thèse de sociologie sous la direction de Michel Wieviorka « Guerre d’Algérie : la mémoire enfouie des soldats du contingent » (EHESS, 2011). Il en publie aujourd’hui la substance dans un livre de témoignages sur la guerre d’Algérie des appelés du contingent.

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Non ! à la banalisation de la torture

Dans un billet du 29 avril 2012, un blog alsacien, La Feuille de chou, s’émeut de la publication dans le quotidien L’Alsace d’une page qu’il qualifie d’«effarante» consacrée au général Paul Aussaresses. Dans une interview donnée au quotidien, le général justifie en effet l’utilisation de la torture pendant la guerre d’Algérie et affirme qu’il est du «devoir d’un soldat» d’y avoir recours.

On peut s’étonner avec La Feuille de chou que L’Alsace n’ait pas jugé opportun de rappeler que la France a ratifié le 11 avril 2001 le protocole n°1 du 8 juin 1977 additionnel aux conventions de Genève du 12 août 1949, qui précise en son article 75 que «la torture sous toutes ses formes, qu’elle soit physique ou mentale» est prohibée «en tout temps et en tout lieu», qu’elle soit commise «par des agents civils ou militaires»2.

Certes les amnisties successives qui ont suivi la guerre d’Algérie interdisent de poursuivre les responsables de «supplices infligés aux Algériens [qui] rappelaient de fort près ceux que pratiquaient la Gestapo et ses complices français» (Pierre Vidal-Naquet, La raison d’État, préface à l’édition de 2002 3), mais on peut rappeler que le général Aussaresses a été condamné en 2004 pour apologie de la torture.

Nous reprenons le commentaire qu’Henri Maler a consacré sur le site Acrimed à cet article de L’Alsace.

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Les exactions : torture, viols, exécutions extrajudiciaires

Ces appelés qui ont dit non à la torture, par Xavier Jacquey

En 1959, âgé de 22 ans, le jeune Xavier Jacquey, appelé pour son service militaire est affecté comme infirmier dans le Sud-Oranais. Quarante ans plus tard, devenu psychiatre, il redécouvre les lettres qu’il avait alors adressées à ses parents, puis il les publie dans ce petit livre.

Il y parle du quotidien, des conditions précaires des nomades, des exactions des militaires, de ses démêlés avec ses supérieurs. Un témoignage sur une guerre où la torture est banalisée… mais qui lui permet de «découvrir» que, «dans mon secteur, là où où les troupes françaises commirent des exactions, nous avions été […] relativement nombreux à nous y opposer».

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“Pacification en Algérie”, par André Gazut

Le choc de photographies de torture vues en novembre 1956 dans sa rédaction va bouleverser la vie d’un jeune reporter-photographe. Incorporé en Algérie à l’âge de vingt ans comme infirmier dans les parachutistes, André Gazut déserte. Obsédé par cette guerre qu’il s’est refusé de faire, il couvrira une quinzaine de conflits comme réalisateur.

En 1960, il entre à la Télévision suisse romande. Il a été le caméraman du documentaire Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls en 1969. Réalisateur de nombreux reportages pour le magazine suisse Temps présent, en 2002 il réalise pour ARTE la Pacification en Algérie4, un documentaire dénonçant la pratique de la torture par l’armée française pendant la guerre d’Algérie, que vous pourrez voir ci-dessous en deux parties, accompagnées de commentaires extraits du dossier de presse5 – une liste chronologique des intervenants peut aider à se repérer dans les deux vidéos.

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Germaine Tillion et la guerre d’Algérie

Après y avoir effectué de nombreux séjours en tant qu’ethnologue à partir de 1932, puis en 1955 pour y fonder les Centres sociaux éducatifs, Germaine Tillion a tenu à revenir en Algérie en juin 1957 avec une Commission internationale d’enquête sur les lieux de détention6. Dans cette guerre qui s’amplifiait, elle voulait être à l’écoute de toutes les souffrances.

Dans les trois textes repris ci-dessous, Germaine Tillion dénonce violemment la torture et évoque sa rencontre avec Yacef Saâdi en juillet 1957, en pleine “Bataille d’Alger”7. Germaine Tillion est intervenue en faveur de membres du FLN ou de l’OAS. «Elle rejette le terrorisme aveugle dirigé contre les civils européens, et exprime dans le même temps sa préférence pour une solution politique permettant de sortir du système colonial. » (Benjamin Stora8)

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Pourquoi la torture ? par Serge Portelli

Malgré son interdiction à l’échelle de la planète, malgré les conventions internationales, malgré les inspections de l’ONU, la torture persiste, et son histoire n’est qu’une longue liste d’exceptions, concédées, la main sur le cœur, pour le plus grand bien de l’humanité.

De l’Antiquité aux tortures américaines en Irak, en passant par l’Inquisition, les supplices chinois, la guerre d’Algérie, les dictateurs sud américains, soviétiques, chinois, les « démocraties », … la torture est une constante de l’humanité. Mais pourquoi ? Pourquoi cette constance ? Pourquoi des « hommes ordinaires» l’ont-ils pratiquée ? … Des questions auxquelles Serge Portelli tente de répondre dans son dernier livre, Pourquoi la torture ?

Après en avoir rappelé des épisodes et des acteurs tristement célèbres – Eichmann, Duch, Aussaresses… Serge Portelli déclare : «Inutile d’argumenter. Le combat ne peut être qu’absolu, la condamnation catégorique». Et pour ce combat, sans concession, il faut connaître notre adversaire, la part sombre de notre humanité.

Serge Portelli est magistrat, vice-président au tribunal de grande instance de Paris. Il est l’auteur notamment de Le sarkozysme sans Sarkozy et il s’apprête à publier Juger début avril aux éditions de l’Atelier.

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Les exactions : torture, viols, exécutions extrajudiciaires

Il y a cinquante ans, le général Jacques de Bollardière condamnait la pratique de la torture

Jacques de Bollardière est le seul officier supérieur à avoir condamné ouvertement la pratique de la torture pendant la guerre d’Algérie.

En 1957, il tente par tous les moyens de dénoncer « certains procédés » en vigueur dans la recherche du renseignement en Algérie. Sa prise de position publique lui vaut une sanction de soixante jours d’arrêt …

[Mis à part la modification du titre et l’ajout de la brève de L’Humanité du 28 nov. 07,

cette page avait été rédigée en octobre 2001.]
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«Les crimes de l’armée française en Algérie», par Pierre Vidal-Naquet

Il est de bon ton, aujourd’hui en France, de considérer avec complaisance les épisodes coloniaux de notre histoire. Refuser la “repentance” c’est refuser la réalité des guerres de conquête, de la violence de la colonisation et de la décolonisation.

Pour s’en convaincre il suffit de relire Pierre Vidal-Naquet. Par exemple «Vingt-cinq ans après : réflexions sur un retour», préface que l’historien a rédigée pour la réédition en 2001 de son ouvrage Les crimes de l’armée française, Algérie 1954-1962, publié en 1975 aux éditions Maspero.

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Les exactions : torture, viols, exécutions extrajudiciaires

la violence est au coeur des mémoires, par Claire Mauss-Copeaux

Déchirés entre l’impossible oubli et la mémoire impossible de cette « guerre sans nom », les récits des appelés de la guerre d’Algérie ont été longtemps retenus. L’historienne Claire Mauss-Copeaux a travaillé sur leur mémoire. Comment ont-ils vécu cette guerre et ses dilemmes moraux ? Comment vivent-ils aujourd’hui avec le souvenir de ces années de conflit ?

En interrogeant des appelés, Claire Mauss-Copeaux a mené une enquête de plusieurs années. Elle a conduit progressivement ses interlocuteurs à se confier; elle a décelé, au fil des mots, les ambiguïtés, les contradictions, les lapsus ; elle a traduit leurs silences, leurs hésitations. Elle a confronté ce matériau avec d’autres sources historiques, mesurant les forces et les limites du souvenir.
Vous trouverez ci-dessous un extrait de son ouvrage «Appelés en Algérie, la parole confisquée» 9.

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